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Résolution de la crise au centre du Mali : Toloba rejette la démarche « non consensuelle » du Haut conseil islamique du Mali !

Le jeudi dernier, le chef d’état-major de Danna Ambassagou, Youssouf Toloba, s’est, dans une interview réalisée par son secrétaire administratif et publiée sur les réseaux sociaux, prononcé sur plusieurs sujets. Aussi, a-t-il donné sa position sur la mission que va effectuer le Haut conseil islamique du Mali au centre pour la résolution de la crise. Toloba estime qu’on ne peut parler de la paix au centre du Mali en mettant de côté les vrais acteurs, les leaders des mouvements.

 

Nous vous proposons la version transcrite de l’interview !

Moise Sagara, secrétaire administratif de Danna Ambassagou : Quelle est la situation actuelle de la crise au centre ? S’est-elle apaisée ou dégradée ces derniers temps ?

Youssouf Toloba, chef d’état-major de Danna Ambassagou :

Je ne peux pas dire qu’il y a eu de l’apaisement dans cette crise. J’ai l’impression que la crise que nous vivons est une convention des forces du mal qui changent de zones d’attaques, selon les moments. Sinon quand vous prenez le cercle de Douentza, la crise s’est aggravée entre 2019 et 2020. 144 écoles sont fermées dans cette localité. L’année dernière, il y avait, certes, des écoles qui étaient fermées, mais ça ne valait pas ce nombre. Dans le cercle de Bankass, le nombre d’écoles fermées cette année dépasse celui de l’année dernière. Plus d’une quarantaine d’écoles ont été fermées à Koro et plus d’une soixante-dizaine à Bandiagara entre 2019 et 2020.

L’augmentation du nombre de ces écoles fermées montre que la situation s’est plutôt dégradée au pays dogon. Tous ceux qui diront qu’elle s’est améliorée trompent les gens. Je suis sur le terrain, je sais la réalité. Tout ce que je dis est vérifié. Il ne faut pas qu’on se trompe : les difficultés sont là. Ce que nous devons chercher aujourd’hui, c’est comment aller vers la paix.

Des membres du Haut conseil islamiques ont dit à la télévision qu’ils ont échangé avec les Dogons et Peuls. Une mission se conduira dans la région de Mopti à partir du 16 de ce mois. Êtes-vous associés à cette démarche ?

Les Dogons sont nombreux. Ils ont, peut-être, échangé avec les Dogons de Bamako. Je ne peux pas dire que ceux-ci ne sont pas des Dogons. Les Peuls avec qui ils ont échangé aussi sont, peut-être, ceux qui sont à Bamako. Ce ne sont pas quand même les Peuls qui sont en guerre. S’ils (les membres du Haut conseil islamique) étaient venus ici pour parler de la paix, que ce soit du côté Dogon, Peul, Bamanan, Songhoy ou Bozo, on doit apprendre la nouvelle. Même s’ils ont parlé de la paix, on ne la sent pas ici. En tout cas on ne m’a envoyé personne et je n’ai vu personne. Je n’ai pas dit que je suis le chef des Dogons, mais quand on doit parler de la paix au pays dogon, nous devons être associés. Moi Toloba, on ne vient pas chez moi au nom d’une religion, mais en tant que Malien. Ce qui prime pour moi, c’est le Mali. Tout ce que je défends, c’est le Mali. Ce que je peux dire aux autorités maliennes, si elles souhaitent la fin de la crise, il faut qu’elles discutent avec les leaders des différents mouvements. Si nous nous disons la vérité, on peut mettre fin à la crise du centre en six mois. Que tout le monde revienne à la vérité, c’est elle seule qui va nous amener à la paix.

Certains médias ont même dit que c’est votre mouvement, Danna Ambassagou , qui est à la base du conflit entre la Minusma et les populations au Pays dogon. Est-ce vrai ?

Danna Ambassagou peut-il chasser la Minusma ? Non ! Nous avons appris, comme tous les autres, que la population est en train de la chasser. La population estime qu’elle (la Minusma) doit aller là où il y a la guerre. Nous ne sommes impliquées ni de près ni de loin dans ce conflit. La seule volonté de Danna Ambassagou est le retour de la paix. Donc nous ne pouvons nullement chasser la Minusma qui a été appelée par l’État malien. Nous les avons accueillis à bras ouverts depuis leur arrivée, et c’est le même comportement que nous avons envers les éléments de la Minusma. Nous voulons qu’on se donne tous la main pour travailler. Ce que nous suggérons à la Minusma, c’est qu’elle se fasse accompagner par des éléments de FAMas partout où elle va en patrouille. Elle est venue au Mali, elle ne peut donc pas travailler sans l’armée malienne. Il faut que cette vérité lui soit dite.

Une base de Danna Ambassagou a été bombardée dans la commune de Sangha. Certains accusent la Minusma, mais d’autres, l’armée malienne. Laquelle des deux forces est l’auteur de ce bombardement ?

C’est l’armée malienne qui a commis cette erreur, ce n’est pas la Minusma. Je ne sais pas s’ils ont fait par exprès ou pas, mais ce sont des militaires maliens qui ont fait ce bombardement lors duquel deux de nos combattants ont été blessés. Heureusement qu’il n’y a pas eu de pertes en vie humaine, c’est pourquoi je n’ai pas voulu parler. Nous voulons la paix dans ce pays.

Le DDR, vous avez vos éléments dedans ? Si non, pourquoi pas ?

Nous, nous ne trompons personne. L’objectif de notre combat, c’est la sécurisation de notre région, notre pays. Nous sécurisons notre localité, si nous partions au DDR alors qu’il n’y a pas de sécurité, les ennemis vont profiter. Au même moment qu’ils parlent du DDR, la crise s’aggrave. D’où viennent-ils, ceux qui ont adhéré au DDR ? La plupart ne sont pas issus des mouvements armés. Les autorités qui font les bruits ont toutes leurs enfants au DDR en lieu et place des combattants des mouvements. Acheter une arme aujourd’hui, la déposer demain et intégrer le processus, cela n’est pas un DDR. À ce rythme, tous les Maliens vont intégrer le DDR si on ne fait pas attention. Je vous le dis aujourd’hui : il y a plus 10000 combattants des mouvements armés à Sevaré. Les gens ne sont pas au courant.

Ce que je demande aujourd’hui, c’est que les militaires et nous travaillions ensemble. Si cela se fait, on pourra mettre fin à la crise en six mois. Je voulais enfin préciser que Toloba n’a pas refusé le DDR, mais on attend la fin de la crise.

Entretien transcrit par Boureima Guindo

Source : LE PAYS

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