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Répression des manifestations : Contradiction entre Me Mountaga TALL et le Général Salif Traoré

Notons que depuis un certain temps, toutes les manifestations sous forme de marche sont empêchées par les forces de l’ordre. La première répression a été la marche du collectif des supporteurs sur le ministère des sports. Ensuite il y a eu la marche des femmes de Koulikoro sur le palais présidentiel de Koulouba pour se faire entendre à propos de promesses non tenues par le Président de la République lors de la campagne présidentielle de 2013. La dernière répression des marcheurs, fut celle du mouvement ‘’on a tout compris, wati sera’’ sur l’Ambassade de la France afin de dénoncer le comportement ambiguë de ce pays qui prétend aider le Mali à sortir de la crise multidimensionnelle. Malheureusement, aucune de ses manifestations ne s’est déroulée comme souhaitée. Elles ont été toutes dispersées par les forces de l’ordre à coup de grenade lacrymogène. Le Ministre de la sécurité, le Général Salif Traoré a profité à la faveur de la célébration du 3ème anniversaire de la mission de soutien de l’Union Européenne aux forces de sécurité du Mali, pour s’exprimer sur la question en ces termes : « Sans autorisation, on ne doit pas marcher. Lorsqu’on dit qu’une manifestation est interdite, il est un devoir citoyen pour les organisateurs de surseoir à la dite manifestation ».

Il persiste et signe en disant que « Quand une manifestation est interdite, il est du devoir des forces de l’ordre de l’empêcher ». Afin de mieux soutenir son point de vue, il compare le Mali et les autres pays pour magnifier cette atteinte à la démocratie malienne et il se félicite, du fait qu’il n’y a pas eu de blessé. Il se projette en avant, en disant que désormais, il en sera de même toujours à chaque fois qu’une manifestation n’est pas autorisée. Ce point de vue du général n’est pas celui de l’un des premiers acteurs du mouvement démocratique, en la personne de Me Mountaga Tall, président du Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID) celui-là même qui a participé à la conférence nationale en 1991, et à la rédaction de la constitution du 25 février de 1992. Cette constitution est encore d’actualité.

Sur la question, Me Mountaga Tall a répliqué à la faveur de la présentation de ses vœux à la presse malienne la semaine dernière à la maison de la presse sur la question relative à la répression des manifestations.

Pour le président Mountaga Tall, les libertés individuelles et politiques sont des acquis sur lesquels, le CNID ne transigerait jamais. Au Mali, le principe des manifestations, ce n’est pas les autorisations, mais plutôt la déclaration, laquelle obéit à des règles, dès lors que les manifestants remplissent les conditions légales de déclaration, ils ont le droit de manifester et nul ne doit les en empêcher, sauf à prouver que la manifestation peut troubler l’ordre public. Dans ce cas, les autorités ont l’obligation de faire en sorte que l’ordre public ne soit pas troublé. Pour Mountaga Tall, les interdictions de principes sont inacceptables. Les manifestations en dehors des règles légales sont inacceptables. Il faut rester dans la légalité, a-t-il conseillé.

Entre ce qu’un acteur du mouvement démocratique dit par rapport à la question et un ministre jeune en charge de la sécurité, nous avons foi en ce que Me Mountaga Tall a dit. Il revient au jeune ministre, effectivement bien instruit car disposant d’un diplôme de Master 2 en stratégie, défense, sécurité, gestion des conflits et des catastrophes, le brevet de l’école de guerre (enseignement supérieur de 2ème degré), disposant d’une expérience du terrain et des missions à l’étranger au-delà de sa décoration d’officier de l’Ordre National du Mali depuis 2014 de revoir sa copie. En de pareilles situations, il doit suivre les textes y relatifs d’une manière intelligente. A ce niveau de responsabilité, il est inadmissible qu’il y ait divergence sur la question. Mais, nous pensons que ce cas peut arriver parce qu’on est toujours victime de sa propre posture. Attention donc, son expérience doit le guider pour conforter la démocratie malienne acquise à coup de sang et de pertes de vies humaines. Il doit se rappeler qu’il occupe peut-être le 10ème rang dans l’ordre de passage au ministère de la sécurité, depuis le général Tiécoura Doumbia. Le passé doit enseigner le présent et l’avenir Monsieur le Ministre.

Badou S KOBA

Le Carréfour

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