Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, a présidé les travaux de la rentrée universitaire solennelle 2018, le 28 décembre 2017, à la cité universitaire de Kabala. Le thème retenu pour la leçon inaugurale a été pour circonstance: «La construction et la consolidation de la paix au Mali: quel apport de l’université?». Il a été développé de long en large par le Pr. Moussa Sow.
Pour aborder ce sujet vaste, l’orateur du jour s’est appesanti sur l’université, la fonction d’éducation à la paix ; la fonction d’alerte et de veille ; l’université malienne et la construction de la paix : une contribution appréciable ; la contribution de l’université à la prévention des crises et la compréhension du conflit dit du Nord ; contribution de l’université à l’identification de supports endogènes pour la culture de la paix ; …..mais des potentialités insuffisamment utilisées.
«L’école constitue un espace, où, sans relâche, s’enseignent l’Histoire, ses erreurs, ses fautes, ses crimes ; pour prévenir le retour du passé, des atrocités. Fondé sur le débat contradictoire, le politique est, en principe, le mode raisonnable et raisonné de résolution des divergences, permettant de sortir de la violence, quelles qu’en soient les raisons. Dès lors, l’Université s’avère être l’espace le mieux outillé et le plus adapté pour «se situer au- dessus de la mêlée», prendre de la distance, contribuer au renforcement de la citoyenneté et à la re-légitimation du politique, à en expliquant l’essence et les enjeux ».
Selon lui, les conflits sont le résultat d’une longue maturation. Les prémisses sont dès le départ identifiées et analysées par les chercheurs qui, dans leurs publications et rapports, tirent sur la sonnette d’alarme et permettent ainsi aux décideurs d’anticiper sur les crises. Lorsque celles-ci éclatent, ils participent à la recherche de solutions, en mettant à contribution les différentes disciplines scientifiques.
La culture de la paix au Mali, dit-il, telle qu’elle se profile à travers ces quelques exemples, demeure forte malgré l’érosion graduelle des cadres sociaux qui la portent et la légitiment. L’actuel processus de réconciliation donne, aux institutions et personnages charismatiques constituant les emblèmes de cette culture immémoriale, l’occasion de se redéfinir et de se redéployer, sur de nouvelles bases, qui pourraient la fortifier en la mettant en adéquation pleine et entière avec les défis actuels.
«L’Université, garante de l’esprit de l’Universalité, c’est-à-dire l’esprit de la recherche acharnée et libre de la Vérité, participe dans les conditions d’aujourd’hui à la construction et à la consolidation de la paix. Malgré leur importance, la mobilisation des us et coutumes n’est pas suffisante, vu la complexité du monde actuel, pour régler tous les conflits actuels. Aussi, l’Université malienne s’est-elle engagée, soit de façon autonome, soit en appui à la société civile ou en collaboration avec des partenaires extérieurs, dans des initiatives de recherche- actions visant à comprendre, expliquer et consolider le processus de paix. Elle s’est aussi engagée dans une véritable diplomatie universitaire», a rappelé le professeur.
Pour terminer, indique le tribun, dans l’exposé, il a été mis en lumière l’apport important de l’université et de façon générale, de l’enseignement supérieur et de la recherche dans la consolidation de la paix au Mali, aussi bien à travers sa fonction de veille et d’alerte que d’explication des facteurs et d’identification des solutions. «Pour assurer l’efficacité et l’efficience de ses actions, il est nécessaire que l’Etat lui accorde un appui conséquent, tant au plan stratégique qu’opérationnel. Il est nécessaire de mieux articuler les relations entre les centres de décision et les lieux de production de savoirs. Mais nous restons aussi convaincus que, quelle que soit la contribution de l’Etat, si les enseignants ne se reformaient pas eux-mêmes, ils ne pourraient jouer aucun rôle dans quoi que ce soit», résume-t-il.
Et de poursuivre : «pour optimiser leur intervention, l’enseignement supérieur et la recherche doivent se remettre en cause, stabiliser d’abord leur propre espace, comprendre leur responsabilité devant le peuple malien, respecter l’éthique et la déontologie de leur profession, sinon au lieu d’être des acteurs de progrès et de paix, ils seront plutôt des facteurs d’anarchie et de régression».
Pour le président IBK, dans ce monde globalisé, l’enseignement supérieur est appelé à jouer un rôle essentiel pour doter le Mali, d’hommes et de femmes capables de relever les défis majeurs de notre temps, qui sont le développement économique et social, la sécurité, le changement climatique, et surtout la paix. D’abord, l’université a pour vocation la formation et la recherche. L’école, dit-il, doit être un espace ouvert et un cadre de dialogue, elle est un espace de liberté et d’épanouissement de tous. Il a rappelé que la paix doit être cultivée de prime abord dans les cœurs des individus et ancrée dans l’esprit de chacun d’entre nous, car, de toute évidence, l’ignorance contre laquelle la formation universitaire est destinée à lutter est le terreau fertile, disons-le, le bouillon de culture de la haine et de la discorde.
La formation universitaire contribue, sans nul doute, à élever la raison humaine au-dessus des sentiments négatifs et néfastes. Elle donne à chacun et chacune l’espoir d’un épanouissement en apportant solidairement sa contribution à la construction du Mali et à son développement. Pour IBK, le lien entre développement, paix et sécurité est très étroit et souvent dialectique. « Aucun développement n’est possible sans paix, ni à l’échelle d’un Etat, ni à l’échelle d’une région, voire même du monde. C’est pour cela que depuis que les Maliennes et les Maliens j’ai été porté à la magistrature suprême, je n’ai cessé de déployer tous les efforts pour que la paix revienne pour toujours dans notre beau pays, souvent au prix d’importants sacrifices, car je me suis toujours dit que la paix est la mesure de toute chose », conclu IBK.
Hadama B. FOFANA
Source: Le Républicain