Il était 20 heures au domicile du Général Moussa Traoré, ce samedi 13 juin. Au menu de cette rencontre voulue discrète, selon des sources, la situation politique très tendue du pays, dont le M5 RFP, une plateforme de partis politiques, d’associations, de la société civile et des forces vives de la nation, tire la ficelle.
La demande de démission du président IBK exigée par mouvement politico-religieux, a provoqué une situation anxieuse qu’il faut amortir à tout prix. D’où l’intérêt pour l’ancien président de la république, le Général Moussa Traoré, d’ouvrir les portes de sa résidence, sise à Para Djicoroni, aux protagonistes du jour.
« Le président Moussa Traoré nous a aussitôt informé que le président de la République IBK est en cours de route, qu’il l’a appelé aussi. Et en tant que jeune frère, il a accepté de venir l’écouter tout comme nous », campe le décor Dr Choguel K. Maiga, ancien ministre de la communication et porte-parole du gouvernement sous IBK dans une bande audio qui a fait le tour des réseaux sociaux.
« Un peu plus tard, à 21 heures, le président de la République IBK fait son entrée. Accompagné par son Premier ministre, Boubou Cissé qui, selon IBK, devait prendre toutes les notes pour qu’il lui restitue tout ce qui sera dit au cours de la rencontre », poursuit Choguel Maiga.
Selon GMT, initiateur de cette rencontre secrète, le droit d’ainesse et le devoir patriotique qui pèsent toujours sur ses épaules d’ancien président de la République de ce pays lui recommandent d’intervenir en des circonstances menaçantes pour la vie de la Nation : « Je suis autour des 84 ans aujourd’hui. Mon seul souci aujourd’hui en quittant ce monde, c’est de voir le Mali en paix et les Maliens unis. C’est pourquoi, je ne peux pas croiser les bras et regarder les Maliens s’entredéchirer, parce que des responsables du pays ne parviennent pas à se parler entre eux », a-t-il introduit la rencontre, rapporte Choguel
Et GMT de poursuivre : « Je ne vous ai pas appelé pour être un médiateur, ni arbitre, encore moins demandé à une partie ou une autre d’abandonner telle ou telle chose. Mais je vous ai appelé pour rappeler à chacun, à quoi la situation actuelle du pays peut aboutir », révèle une fois de plus Choguel Maiga dans son compte rendu.
Prenant la parole au nom du M5 RFP, le Dr Choguel K. Maiga s’est voulu franc : « le M5 RFP a rédigé un Mémorandum le 30 Mai et le 5 Juin dans lequel, il précise ses revendications. Je sais que le président de la République a vu et lu toutes ces revendications. Comme il fait nuit, la nuit portant conseil, je lui propose, à tête reposée, de réfléchir sur ces revendications, et donner sa réponse aux Maliens, au M5 RFP».
Quant à l’imam Mahmoud Dicko, tête de proue du mouvement, il a tenu à apporter à l’assistance, précisément à GMT, IBK et son PM, certains éclairages de taille sur le Mouvement du 5 juin.
« Ce mouvement ne m’appartient pas. Que cela soit clair. Ce sont des partis politiques, des associations politiques, la société civile, qui demandent la démission du Président de la République. Donc, la situation n’engage pas Mahmoud Dicko et IBK», aurait-il précisé, selon Choguel Maiga, d’après qui, il a demandé au président de la République d’écouter les Maliens : « s’il n’écoute pas son peuple, la situation peut prendre une tournure auquel lui-même ne s’attend pas », a laissé entendre l’imam de Badalabougou, face aux protagonistes de cette rencontre qui aurait pris fin aux environs de 23 heures 30 minutes.
Toutefois, on peut retenir que cette rencontre de haut niveau, n’a pas réussi à décanter la situation. La preuve, la réunion des membres du M5 RFP, tenue ce lundi 15 juin 2020, a décidé à l’unanimité non seulement du maintien de leur marche du vendredi prochain, mais aussi de ne pas rencontrer le président de la République avant ladite marche. En tout état de cause, apprend-on, d’autres initiatives sont en cours pour désamorcer la bombe qui est entre les mains des contestataires dont personne ne peut prédire toutes les conséquences qui n’épargneraient aucun Malien.
Ousmane Tangara
Sourc: Bamakonews