Les commissaires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec à leur tête le président de l’institution, Mamadou Diamoutani, ont rencontré hier, jeudi 27 juin, au CICB, des représentants de la classe politique et de la société civile. C’était en présence du Délégué général aux élections, le Général Siaka Toumani Sangaré et des représentants du Premier ministre et du ministre de l’Administration territoriale. La rencontre a permis à la CENI et à la DGE d’édifier leurs interlocuteurs sur les insuffisances du processus électoral. Des insuffisances qui, selon le général Sangaré, ne compromettent pas la fiabilité du fichier électoral.
Le président de la CENI, Mamadou Diamoutani a d’entrée de jeu, expliqué que l’ordre du jour de cette rencontre portait sur quatre points : l’état des lieux des démembrements de la CENI, les activités en cours, les observations sur le processus électoral, les questions et réponses.
Concernant le premier point, M Diamoutani a indiqué que 42 commissions électorales d’ambassades et de consulats ont été déjà installées. Et chacune d’elles comprend 3 membres. Au plan national, la CENI a procédé au remplacement des agents qui sont partis pour une raison ou pour une autre. En outre, il y a des difficultés réelles par rapport au démembrement de la CENI dans le cercle de Ménaka qu’il faut revoir. « Mais, pour la ville de Kidal, rien n’est encore fait car, nous n’avons pas encore accès à la région pour les raisons que vous connaissez. Même situation pour certaines communes de la région de Tombouctou où la situation sécuritaire est encore précaire. Exceptés ces cas, nous sommes en bonne voie pour jouer notre rôle de supervision des élections », a déclaré Mamadou Diamoutani.
Concernant les activités en cours, le patron de la CENI a expliqué que l’institution est en train de procéder actuellement à l’accréditation des observateurs nationaux et internationaux. « Nous avons signé un protocole d’accord avec l’UE dont certains observateurs commencent déjà à arriver. Sans compter 9 observateurs de l’Union africaine déjà dans nos murs », a-t-il indiqué. Il a ajouté que son institution a reçu la demande d’accréditation de 1500 observateurs du réseau des ONG d’appui au processus électoral au Mali (APEM).
Quant au fichier électoral, M. Diamoutani s’est appesanti sur les nombreuses insuffisances dont certaines ont été révélées par un récent audit. Il y a le cas des omis dans le fichier : les 1167 000 majeurs omis, les 350 421 nouveaux majeurs qui ont 18 ans en mars 2013 qui ne pourront pas voter parce que n’ayant pas été recensés au moment de l’enrôlement ; sans oublier les 308 000 jeunes majeurs n’ayant pas leurs données biométriques dans le fichier. A cela s’ajoute le cas des réfugiés dont le vote n’est pas certain au jour d’aujourd’hui : 50 000 réfugiés au Niger, 49 164 au Burkina Faso, 75 882 en Mauritanie et 1500 en Algérie, soit un total de 176 076 Maliens réfugiés.
L’orateur a aussi pointé du doigt les insuffisances du Ravec liées à la non-finalisation du recensement, les cartes Nina ne portant pas les noms des bureaux de vote de l’électeur alors qu’elles sont les seuls documents donnant droit au vote. A toutes ces insuffisances relevées également par le Délégué général aux élections, le président de la CENI a appelé les autorités à apporter, de toute urgence, des correctifs dans la mesure du possible.
Ces constats ont laissé perplexes certains représentants des partis politiques qui ont plaidé pour le report du scrutin du 28 juillet. Ce que plusieurs autres formations politiques, comme le PS-Yeleen kura d’Amadou Koïta, ont rejeté catégoriquement arguant qu’il n’y a d’élections parfaites ou de fichier parfait nulle part. Les arguments sur la période d’hivernage et du ramadan comme non appropriée pour la tenue des élections ont également été battus en brèche par la frange majoritaire des partis présents. Il faut signaler que la classe politique et la société civile n’avaient pas massivement répondu présentes à cette invitation de la CENI.
Mamadou FOFANA