Plus de 8000 détenteurs d’armes et de munitions se sont déjà fait enregistrer pour cette opération spéciale. Ces volontaires séjourneront pendant trois mois au camp. à l’issue de ce séjour, certains intégreront les forces armées et de sécurité, d’autres bénéficieront de kits d’insertion
Vendredi dernier, le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, a lancé l’opération spéciale de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) destinée à des miliciens, des ex-rebelles établis dans la 5è région et des terroristes repentis.
La cérémonie de lancement s’est déroulée au camp de la jeunesse de Soufouroulaye, en présence de plusieurs personnalités dont le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré et du président de la Commission nationale de DDR, Zahabi Ould Sidi Mohamed. Les autorités régionales, les représentants de certains groupes armés et les habitants de la Commune rurale de Sio étaient venus nombreux à cet évènement qui annonce la fin du cycle infernal de violences.
Il aura fallu près d’une année pour que cette opération, entamée en décembre 2018, prenne son envol. Sa nécessité a été dictée par les affrontements récurrents entre les communautés. Zahabi Ould Sidi Mohamed, président de la Commission nationale de DDR, a tenu à préciser que l’opération ne consiste nullement à désarmer une communauté pour la rendre vulnérable. «Il n’y a pas d’agenda caché dernière ce programme», a-t-il rassuré, précisant que le désarmement est volontaire et que l’armée, au fur et à mesure, densifiera sa présence pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
Selon lui, le critère principal retenu est la possession d’une arme de guerre fonctionnelle.
Aussi, un quota de 200 personnes est affecté à tous les cercles de la région. Parlant de la composante intégration, il a souligné que tous les combattants n’intégreront pas d’office les FAMa. Il faudra répondre à des critères précis, relatifs aux règles habituelles observées en matière de recrutement dans l’armée. Les autres bénéficieront de formations et de kits d’insertion qui leur seront fournis pour qu’ils s’installent à leur propre compte. Déjà, 8500 personnes se sont fait enregistrer, dont 496 pour les mouvements armés, 1331 pour les groupes d’autodéfense et 6770 possédant des munitions. Tous passeront par le screening qui porte, entre autres, sur les aptitudes physique et mentale, les questions de droits de l’Homme. Pendant leur séjour qui durera trois mois, les combattants recevront mensuellement un pécule de 30.000 Fcfa. Aussi, l’état investira, en termes de formation, 500.000 Fcfa dans chaque combattant. Et chacun, à la fin de sa formation, aura un kit d’une valeur d’un million de Fcfa.
ACTE SINCÈRE DE REPENTI- L’accumulation des armes aux mains des acteurs non étatiques alimente le cycle infernal de la violence et de la vengeance. Ce qui conduit à des crimes, en même temps qu’elle annihile les efforts de développement. Raison pour laquelle, l’état est déterminé à éliminer la masse d’armes dont la circulation, selon le Premier ministre, « affecte notre idéale d’assurer la sécurité physique et morale des Maliens ». Pour Dr Boubou Cissé, ce programme offre des opportunités à notre pays de se retrouver et de se réconcilier. Aussi et surtout, il offre une opportunité à tous ceux qui se sont retrouvés en marge de la République, de « faire un acte sincère de repenti et de venir joindre leurs efforts à ceux des citoyens pour faire face à la seule bataille qui vaille, celle du développement ».
Le chef du gouvernement a fait le tour des installations. Le site, entouré de tranchées et de barrières de barbelés, a été aménagé conformément aux normes requises en la matière.
Sous la dizaine de stands installés dans la cour, défileront plusieurs centaines de combattants. Il y a aussi une structure d’hébergement d’une capacité de 400 personnes et des ateliers pour l’apprentissage de la mécanique, de la couture.
Soulignons que la Minusma est le partenaire de l’état dans la mise en œuvre de ce programme. La Mission onusienne a non seulement aidé à l’installation des infrastructures, mais également elle fournira un kit de sortie et un pécule à tous les combattants. Le Premier ministre, après avoir parcouru le site, s’est dit « rassuré par ce qu’il a vu. Tout le monde semble être prêt pour accueillir les premiers volontaires ».
Le chef du gouvernement a indiqué qu’il accorde la plus haute attention à ce programme. Il se propose de revenir dans quelques semaines à Mopti pour évaluer les premiers résultats.
Envoyé spécial
Issa Dembélé
Source: L’Essor-Mali