Hier à Gao, des jeunes et des organisations de la société civile ont manifesté leur colère à travers un sit-in sur la place de l’indépendance de la ville. Ils ont dénoncé « l’insécurité » qui y règne après des tirs à l’arme lourde revendiqués par un groupe islamiste armé et surtout leur abandon par les autorités. Cette manifestation intervient un mois après une autre au cours de laquelle les populations avaient dénoncé le retour des terroristes dans la ville.
Un mois après une première marche contre le retour des terroristes dans la ville, les habitants de Gao ont manifesté hier jeudi contre le regain de l’insécurité et surtout leur abandon par les autorités. Ils ont demandé par conséquent le départ pur et simple de certaines autorités de la région notamment le gouverneur de Gao, Mamadou Abdoulaye Diallo ; les directeurs régionaux de la gendarmerie, police, santé et le directeur général de l’hôpital de Gao. Ces autorités sont accusées de n’avoir pas joué leurs rôles pendant cette recrudescence de la violence que traverse la ville. « Nous étions aujourd’hui un millier de personnes sur la place de l’Indépendance de Gao (en centre-ville) pour dénoncer l’insécurité qui règne ici », a déclaré Moussa Yoro, de l’Association des jeunes de Gao, une des organisations ayant appelé au rassemblement.
Selon lui, « l’Etat malien doit prendre ses responsabilités, parce que c’est à lui d’abord d’assurer la sécurité des biens et des personnes ».
« Nous constatons avec regret et indignation notre abandon de la part de l’Etat », qui « se manifeste par la complicité des autorités maliennes et de l’opération (militaire française) Serval dans la gestion de la crise du Nord », ont par ailleurs affirmé dans une déclaration commune les organisations à l’initiative de cette manifestation.
Les manifestants ont en outre dénoncé, pêle-mêle, « la cherté de la vie », « le manque d’électricité » et « la corruption des forces de l’Etat et de sécurité, favorisant l’intrusion (dans la ville) d’éléments dangereux et leurs matériels de guerre ».
Une représentante des femmes de Gao a demandé à l’Etat malien « de prendre toutes ses responsabilités pour défendre surtout les femmes, qui ont payé un lourd tribu pendant la crise », victimes notamment de nombreux viols.
Mardi, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali pendant neuf mois en 2012 avant d’en être chassés par une intervention militaire franco-africaine initiée par la France en janvier, toujours en cours, a revendiqué des tirs à l’arme lourde sur Gao lundi, qui ont blessé un soldat malien.
Le Mujao a également revendiqué le dynamitage d’un pont mardi dans une localité située à une centaine de kilomètres au sud de Gao.
Un autre groupe islamiste armé ayant occupé le nord du Mali en 2012, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avait lui revendiqué un attentat suicide meurtrier commis le 28 septembre à Tombouctou, l’autre grande ville du Nord.
Abdoulaye Diakité
SOURCE: L’Indicateur du Renouveau du 11 oct 2013.