Associer qui de droit, prendre le temps qu’il faut pour une analyse minutieuse du contenu du projet d’accord devant engager l’Etat du Mali et ses groupes armés dans la recherche d’une sortie à la crise actuelle… tel semble le credo des autorités centrales du Mali.
Pour une paix durable, aucun sacrifice n’est de trop. En consacrant la semaine dernière six heures d’affilée à étudier le projet d’accord de Ouagadougou rapporté par l’émissaire Tiébilé Dramé, la partie malienne affichait sa volonté de n’apposer aucune signature compromettante susceptible de faire boum après coup.
Pour ce faire, l’émissaire du président de la République par intérim du Mali avait sollicité et obtenu l’implication de tous les groupes armés du Nord du Mali aux négociations. C’est ainsi que dès le 1er jour (samedi 8 juin 2013) des négociations directes, outre la délégation conjointe du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA)/Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA), la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) ont été reçus par la médiation. Ces consultations ont contribué à élargir la vision des partenaires du Mali en faveur du rétablissement de la vérité sur la situation réelle au nord.
Mais malheureusement, pour la CMFPRE et le MAA, la première mouture du projet d’accord n’a pas pour autant refléter leurs préoccupations relatées à la médiation. D’où leur colère. Dans une déclaration de presse conjointe, ces deux mouvements qui représentent les 93 % de la population du Nord ont menacé de ne pas se sentir concernés par les conclusions des présentes négociations de Ouaga et n’excluaient pas d’engager une désobéissance sous toutes ses formes vis-à-vis de l’Etat malien.
« En cas de signature d’un accord non inclusif, nous n’allons reconnaître aucune décision venant d’une autorité malienne qu’elle soit militaire, judiciaire ou administrative », ont-ils martelé. Le vendredi 14 juin, ils ont dû rappeler leur position au ministre burkinabé des Affaires étrangères et de la Coopération régionale Djibrill Bassolé, de retour jeudi à Ouagadougou, après une visite de 24 h à Bamako pour consulter les plus autorités du Mali.
Lors de sa visite de travail à Bamako, Bassolé et les autres membres ont dû comprendre qu’ils auront à travailler à intégrer les observations du Mali pour espérer faire évoluer le dossier. A la reprise des négociations, le jeudi 13 juin dernier dans la capitale burkinabé, la partie malienne est restée sur sa position de défendre l’intégrité territoriale, la forme laïque de République et le redéploiement de l’armée à Kidal.
Pour Bamako, il y a espoir qu’un accord soit trouvé entre le Mali et les groupes armés. Mais, pas question de négocier l’intégrité territoriale, la forme laïque de République et le redéploiement de l’armée, de l’administration et des services sociaux de base à Kidal. A cela s’ajoute, le maintien des poursuites contre les leaders sous mandat d’arrêt international.
Mais en attendant, nos autorités entendent user des voies de dialogue pour rester en phase avec la communauté internationale massivement mobilisée à nos côtés.
Comme pour ajouter d’autres cordes à son arc, l’émissaire du chef de l’Etat a débarqué à Ouaga avec des experts militaires pour mieux aborder les questions militaires figurant dans le document. Pour Tiébilé Dramé, l’implication de ces experts se traduit par le fait que les questions militaires constituent l’un des points d’achoppement des négociations.
M. Dramé dit avoir bon espoir que le drapeau malien flottera sur Kidal mais à condition que tout le peuple reste mobilisé pour la même cause : celle de la restauration de la dignité d’un pays meurtri. C’est en principe aujourd’hui qu’est attendue la signature de la version révisée de l’accord entre le Mali et les groupes armés du Nord.
Markatié Daou
Envoyé spécial à Ouaga
Redéploiement de l’armée à Kidal :
Des experts militaires associés aux négociations de Ouaga