Prévus en janvier, les travaux de reconstruction des mausolées de Tombouctou n’ont commencé que le 27 février 2015, faute d’organisation, selon Baba Cissé, coordinateur des travaux. Cinq mois après le démarrage, les maçons font face à de nouveaux problèmes.
«La première difficulté, c’est quand on faisait les fouilles, on a trouvé des restes de corps qui sont collés au mur, or il faut faire beaucoup attention pour ne pas les toucher et les reprendre tels qu’ils sont», explique Alassane Haseye, chef de la corporation des maçons traditionnels.
Tous les matériaux de construction proviennent de la région, rien n’est importé. «C’est seulement l’alhor (roche calcaire) qui est difficile à trouver en brousse à cause de l’insécurité. Sinon nous trouvons la terre de Bourem, le banco, la gomme arabique et autres matériaux en ville», poursuit-il. Alassane Haseye ajoute par ailleurs que «les contrôleurs tiennent à ce que les murs soient bien solides, après vérification, s’ils voient que ce n’est pas bon, ils nous demandent de le refaire. (…) Il y a aussi certaines choses que le projet n’a pas prévues et que nous avons prévu de faire, donc on ne peut pas dire exactement, le temps que ça doit prendre».
La fin des travaux initialement prévue pour fin juillet prochain approche alors que le taux d’exécution des travaux est estimé à 45%. À ces difficultés techniques s’ajoutent des problèmes financiers. «Le grand problème, c’est le décaissement. On travaille quotidiennement mais on est payé en fin de semaine. Si ce n’est pas le décaissement, on peut monter trois ou quatre chantiers par semaine», a conclu le chef de la corporation des maçons traditionnels.
Ce projet a créé plus d’une centaine d’emplois et le salaire journalier varie de 2500 à 6000 francs CFA. «Nous montons à 6 h pour descendre à 13h. Ils nous payent 2500 F CFA par jour et par manœuvre. Nous n’avons pas de contrat avec les chefs. C’est à la fin de la semaine que nous émargeons en prenant notre argent», indique Alassane Maïga, manœuvre.
Treize mausolées sont concernés par ce projet de reconstruction. L’Union européenne et d’autres partenaires du gouvernement du Mali se sont engagés à débloquer 8 millions d’euros pour reconstruire ces sites touristiques, sous l’égide de l’Unesco. Ces mausolées ont été détruits par les djihadistes, lors de l’occupation du nord du pays, en 2012.
Source: Le Débat