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Reconduit dans ses fonctions de manière verbale, Oumar Tatam Ly traîne à soumettre aux députés la déclaration de politique générale : Le gouvernement en panne de programme

Le temps semble donner quelque peu raison à ceux qui disaient que le président IBK n’avait pas de programme économique bien ficelé au moment où il accédait au pouvoir en septembre 2013. En effet, près de sept mois après sa nomination, son Premier ministre Oumar Tatam Ly se voit incapable de se présenter devant les élus de la Nation pour présenter la Déclaration de politique générale du Gouvernement. Le quitus de l’honorable institution étant indispensable à l’exécution de sa mission. Surtout qu’en plus, les partenaires techniques et financiers du Mali sont eux aussi dans l’attente de cette procédure qui est, somme toute, une exigence démocratique. S’y ajoute que le PM, à défaut de rendre sa démission après les dernières législatives, n’a été reconduit dans ses fonctions que de manière verbale, donc informelle par IBK à la faveur d’une cérémonie de présentation de vœux en décembre 2013. La question que les uns et les autres se posent maintenant est de savoir quand IBK recevra dans les règles de l’art la démission du Premier ministre Oumar Tatam Ly. A défaut, à quel moment ce dernier va-t-il se présenter enfin devant les députés pour sa déclaration de politique générale ?

 

premier ministre chef gouvernement oumar tatam ly

 

 

 

Même si le candidat IBK n’avait pas eu à présenter aux électeurs un programme économique, social et culturel bien ficelé – la crise du nord ayant tout éclipsé – le Premier ministre Oumar Tatam Ly devait être en mesure de peaufiner, sept mois après sa prise de fonction, un tel document à même de matérialiser la vision du président de la République dans la conduite des affaires de l’Etat. Quand on sait que la déclaration de politique générale est un condensé dudit document, le chef du Gouvernement devait, au cours de toute cette période, être en mesure d’en produire une. Alors, on se demande si IBK et son Premier ministre ne seraient pas en train de jouer avec les pratiques de la bonne gouvernance ? Il n’y a là qu’un pas que certains observateurs ont vite fait de franchir. Cela compte tenu des multiples antécédents par lesquels les nouvelles autorités ont péché dans l’observation du respect de certaines dispositions constitutionnelles : les termes du serment mal prononcés par le président de la République, le dépôt en catimini et hors du délai prescrit de la déclaration des  biens de celui-ci à la Cour suprême, le Premier ministre et les ministres qui, à notre connaissance, n’ont toujours pas obéi à cette exigence.

Nommé chef du gouvernement le 5 septembre 2013, après la large victoire de son mentor à l’élection présidentielle de la même année, Oumar Tatam Ly était attendu pour démissionner de ses fonctions primatoriales dès le lendemain des législatives qui ont vu le RPM d’IBK remporter lesdites élections avec une majorité relative de 66 députés sur les 147 que compte l’Assemblée nationale.

Plus de sept mois après sa nomination, et trois mois après l’installation de la nouvelle assemblée, Oumar Tatam Ly peine toujours à se soumettre à cet exercice républicain qui consiste à aller prononcer devant les députés une déclaration de politique générale du Gouvernement. Cela afin de prendre en compte les préoccupations des élus de la Nation et d’avoir leur approbation par un vote formel.

Un pilotage à vue à très haut risque

Bien que son parti soit arrivé premier en terme de nombre de députés, IBK se devait,après la proclamation des résultats des législatives de décembre dernier, de recevoir la démission de son Premier ministre, comme cela est de tradition dans toutes les démocraties – même dans certaines monarchies d’ailleurs-. Trois mois après la rentrée parlementaire, cette démission du Premier ministre Oumar Tatam Ly se fait toujours désirer alors même qu’on ignore dans le sillon de quelle feuille de route il est en train de cheminer. Même si la Constitution n’en fait pas une obligation, la présentation par le Premier ministre, à son entrée en fonction, d’une déclaration de politique générale du Gouvernement est une tradition bien ancrée dans notre pratique démocratique. A l’issue de laquelle les représentants du peuple font des analyses, des critiques et surtout posent des questions au chef du Gouvernement avant de procéder à son adoption  à l’issue d’un vote dont le résultat est, d’avance, plus ou moins connu. Le tout retransmis en direct sur l’ORTM pour que l’opinion se fasse également une idée sur les actions que le Gouvernement entend mener au cours du mandat du président de la République.

Les illustres devanciers du Premier ministre Oumar Tatam Ly sont tous passés par là. A l’instar de Modibo Sidibé qui a présenté, le 14 décembre 2007, un programme intitulé « Le renouveau de l’action publique ». Quatre mois après sa nomination,  Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé avait présenté, en juillet 2011, la déclaration de politique générale de son Gouvernement dans laquelle elle avait, d’ailleurs, tenu à « adresser ses hommages » à tous les anciens Premiers ministres, au nombre desquels IBK lui-même, qui « tous, en grands commis de l’Etat, ont servi  notre pays avec loyauté et engagement ». Au Sénégal voisin, deux mois seulement après sa nomination à la tête du Gouvernement, Aminata Touré avait prononcé devant les députés son discours de politique générale.

Qu’est-ce qui empêche donc Oumar Tatam Ly d’aller dans la même voie que ses prédécesseurs ?Au lieu de se déplacer à l’hémicycle pour une…simple visite de courtoisie – comme il vient récemment de le faire auprès du bureau de la haute représentation- le chef du Gouvernement se devait déjà d’informer de sa prochaine venue à l’Hémicycle pour une telle déclaration. Compte tenu de la situation de crise dans laquelle vit notre pays, cela ne devait point tarder. Dans la mesure où tout le monde est conscient que les Maliens commencent à perdre patience par rapport à la résolution de la crise de Kidal qui semble avoir perturbé le président IBK.

Elément handicapant

En tout cas, l’absence d’une feuille de route gouvernementale, ayant bénéficié du vote des députés, est un élément handicapant pour la bonne exécution de la mission du chef du Gouvernement. Dont les Maliens attendent, du reste, qu’elle produise des débuts de résultats. Quand  on sait qu’en ville tout le monde ne parle que de crise sans en savoir réellement l’origine. L’activité économique et commerciale a du plomb dans l’aile depuis l’arrivée d’IBK aux affaires, ne cesse-t-on de dire un peu partout dans la capitale, qui demeure, en tout cas, le véritable baromètre du rythme de la circulation d’argent. Le blocage des négociations politiques avec l’ex-rébellion est-il à la base de cette crise financière qui frappe de plein fouet les ménages ? Qu’en t-il de la situation à Kidal à laquelle IBK était supposé être le seul à même de résoudre.

Voici des préoccupations des citoyens lambda auxquelles le Premier ministre Oumar Tatam Ly  pourrait apporter des réponses si, toutefois, il avait la latitude de se plier à l’exercice démocratique et républicain consistant en la présentation d’une déclaration de politique générale du Gouvernement à la tête de laquelle il a été confirmé de manière verbale par le président de la République lors de la cérémonie de présentation de vœux en décembre dernier.

Mamadou FOFANA

SOURCE: L’Indépendant

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