L’état des lieux ? C’est un problème de développement avec des populations qui n’ont même pas accès à l’eau potable. Ce qui contraste nettement avec la réalité dans de nombreuses autres localités du pays, notamment à Bamako où des gens se prélassent sous la climatisation pendant ce temps les populations de Kidal sont dans un combat pour la survie.
Ce que l’on exige, c’est une réconciliation de la Coordination des mouvements armés (CMA) et de la Plateforme des mouvements du 14 Juillet. « Il faut que la CMA et la Plateforme se réconcilient », a-t-on martelé hier. Pour l’un des intervenants, ce dont les populations ont besoin, ce n’est pas la guerre, mais des hommes qui sont capables de stabiliser le pays ; d’assurer la justice, parce que tous les Maliens sont égaux devant la loi. Aussi, a-t-on soutenu : « tous les Maliens se valent, Blancs comme Noirs. Le souhait exprimé est que la réconciliation soit une chance réelle pour le pays ».
Le représentant de la jeunesse catholique, Paul DIARRA, a rappelé que la journée du mardi a été marquée par l’intervention de toutes les régions, excepté Kidal. Il a souligné que toutes les interventions ont été faites par des représentants de l’État, dont on dit qu’ils ont déserté le Nord. Ces représentants, paradoxalement, n’ont pas hésité à crever l’abcès, puisqu’ils ont dénoncé l’absence de l’État, les injustices dont sont victimes les populations, la corruption. Il s’agissait en fait des récriminations des populations lors des consultations régionales.
M. DIARRA a terminé par une forte interrogation : « nous parlons de réconciliation, mais qu’est-ce qui nous divise ? » C’est de la réponse à cette question que découlera la solution à la question de la réconciliation nationale, est convaincu le représentant de la jeunesse de l’église.
L’un des délégués de la commune d’Aguel’hok n’est pas allé par le dos de la cuiller pour asséner ses vérités : « Kidal est prise en otage par la CMA et la Plateforme avec la complicité de la Communauté internationale. Pour réussir la réconciliation, il faut trouver la solution de Kidal ». Une déclaration incendiaire qui a suscité une salve d’applaudissements des participants.
Pour sa part, un représentant de la Plateforme nationale, a rappelé qu’en octobre 2016 (Ndlr : du 27 septembre au 16 octobre 2015), il y a eu les rencontres d’Anéfis (entre la CMA et la Plateforme) qui ont abouti à des résultats satisfaisants pour l’ensemble des parties : libre circulation des personnes et des biens ; gestion consensuelle de la ville de Kidal par la CMA et la Plateforme… Les groupes armés avaient même signé un ‘’Pacte d’honneur’’ de cessez-le-feu et de paix.
Il a déploré que le 21 juillet 2016, les hostilités ont repris à Kidal. Pour autant, une nouvelle fois, un accord a été trouvé par les parties en belligérance. Il a souligné que dans les deux cas, il n’y a eu d’intervention ni du Gouvernement ni de la Communauté internationale. Ce pour quoi, il a plaidé pour qu’on privilégie les solutions locales. « Il faut revenir aux communautés locales. Les problèmes ne se gèrent ni à Bamako, ni à Alger, ni à Ouagadougou », a-t-il soutenu.
Les montrant du doigt, un autre intervenant a souligné que la CMA et la Plateforme sont présentes dans toutes les régions du Nord, à l’exception de Kidal où « certains Maliens sont rejetés », y compris le gouverneur. Il a dénoncé que ce dernier qui y était à l’occasion de la rentrée solennelle des classes a été obligé de ramener le drapeau du Mali dans ses valises, comme s’il s’agissait de l’étaler à la face du monde, juste le temps d’une cérémonie.
Pour Ag Yéhiya, enseignant et ressortissant de Gao, chaque participant devrait arriver à Bamako en ayant dans son sac un grain de paix, de réconciliation. Il a soutenu, avec force conviction que la Conférence d’entente nationale n’est pas un procès avant de s’ériger contre les divisions faites sur des bases ethniques, tribales. « Il n’y a ni Dogon, ni Touareg (…). Nous sommes tous des Maliens. Il faut arrêter de coller des étiquettes ethniques aux gens (…) », a-t-il fustigé.
La représentante de la Coordination des associations et ONG féminines (CAFO) de Kidal, Batoma DOUMBIA, a formulé des requêtes. Elle a, en effet, demandé le retour des populations déplacées à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ; la création des activités génératrices de revenu. Aussi, a-t-elle demandé d’encourager la cohésion sociale et le savoir pardonner.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin