Le 12 mai 2019, un Général français dénommé Jean-Bernard Pinatel fait une contribution intitulée « libération des otages français : pourquoi la France risque de rester seule et longtemps au Sahel » au site internet Atlantico.fr. Dans cette contribution sous forme d’interview, à la question « quels sont les prochains objectifs de l’armée dans cette zone dans les mois qui vont suivre ? », le Général français Jean-Bernard Pinatel répond :
« Les objectifs de l’armée sont « être et durer » en reprenant la devise du régiment du Général Bigeard. En effet, l’amélioration de la situation dépend surtout de facteurs non militaires, comme la gouvernance dans les pays du Sahel et en particulier au Mali où la situation ne se stabilisera que si Bamako consent à faire évoluer le statut de l’Azawad, car les Touaregs et les Peuls refuseront toujours de se soumettre aux noirs du Sud. Et aussi de l’évolution politique et sécuritaire dans deux pays limitrophes du théâtre d’opérations : la Libye et l’Algérie ».
Quelques jours plus tard, à la suite à l’assaut de l’armée française au Burkina pour libérer 4 otages, un autre pseudo-spécialiste français, Alexandre Del Valle se définissant comme professeur de géopolitique était invité sur le plateau de CNEWS.
Une question anodine de la journaliste sur le sujet des deux marines français morts dans l’assaut du Commando Hubert, le « fameux spécialiste », Alexandre Del Valle estime que « depuis la création du Mali, les gens du Nord, non noires, non africaines ne veulent pas vivre avec leurs anciens esclaves du Sud. ».
Pour le nationalisme malien, la gravité et la concomitance des affirmations ne peuvent pas relever du hasard. Elles entrent dans une stratégie planifiée de l’État français de préparer l’opinion malienne à la prochaine partition de notre pays. Face au silence des autorités, les réseaux sociaux s’embrasent. Des collectifs « défendons notre patrie », « pour un Mali un et indivisible » se constituent ou se réactivent.
D’abord, sur les réseaux sociaux, puis ce dimanche, des jeunes leaders de plusieurs mouvements associatifs se réunissent à la Bourse du Travail, à l’occasion d’une conférence de presse. Outre une déclaration qu’ils ont rendue publique (lire ci-dessous), les leaders de ces Associations ont décidé d’organiser un grand meeting populaire, le samedi prochain, pour condamner les propos des faux spécialistes français et demander le départ des troupes françaises au Mali.
Mouvement marginal ? À l’unisson, la réaction des Maliens est unanime : les propos des « spécialistes français sont inacceptables ». Lire aussi la réaction de l’honorable Moussa Diarra et Moussa Cissé.
Côté officiel, le Mali, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, recadre les propos de ces faux spécialistes tandis que l’ambassade de France au Mali affirme que ces propos n’engagent que leurs auteurs qui ne sont ni spécialistes du Mali et ne peuvent guère engager l’État français.
Déclaration des jeunes leaders suite aux propos du général français Pinatel
Le peuple malien a entendu avec consternation certains propos inamicaux, voire haineux tenus successivement par un officier, universitaire et médias français aux ordres d’un État qui s’ingénie depuis des décennies à travestir notre histoire en tant que nation pour l’adapter à son projet méphitique d’opposer nos communautés qui ont toujours vécu dans la symbiose les unes aux autres.
C’est d’abord le Général Jean-Bernard Pinatel qui a ouvert ce bal en déclarant qu’au Mali « la situation ne se stabilisera que si Bamako consent à faire évoluer le statut de l’Azawad, car les touaregs et les Peuls refuseront toujours de se soumettre aux noirs du Sud ». Depuis quand une communauté peule du Mali s’inscrit dans l’irrédentisme ? Tous les Peuls sont-ils leucodermes ? La majorité des touaregs se reconnaissent-ils dans les propos de Pinatel ? Absolument non ! Peut-être qu’il y a au Mali des Français peuls et touaregs qui pensent ainsi, tels que Emanuel Ould Macron, Jean Ives Diallo, Philippe Sidibé. Il est inadmissible que les Français, engagés militairement au Mali au nom de la préservation de son l’intégrité territoriale, se permettent une telle liberté à notre égard.
À sa suite, Alexandre Del Valle, un soi-disant universitaire a surpris le monde entier en faisant un exposé de son ignorance à la fois de l’histoire des communautés maliennes et des réalités de ce pays. « Depuis la création du Mali, les gens du Nord, non-noirs, non-africains, ne veulent pas vivre avec leurs anciens esclaves du Sud et les gens du Sud veulent se venger sur les anciens esclavagistes du Nord », pensent-ils ! Il est évident que cette fabrication des démons de la haine ne saurait résister à l’analyse, car il suffit de s’interroger : quel empire arabo-berbère a consacré la domination des tribus du Nord sur le Sud ? Le métissage et le brassage culturel s’est opéré comment ? Alexandre pousse l’outrecuidance jusqu’à affirmer sur les médias qu’une partie de la population du Nord est non-africaine ! Ça peut être quelle tribu ? Quelle région ? Évidemment, pour ceux qui vivent de la Guerre, pour les agents d’un État voyou, la honte a vécu.
Nous Maliens sommes convaincus que cette série de déclarations préjudiciables à notre unité nationale n’est pas une dérive isolée quand on sait les profils de leurs auteurs et le moment choisi (quatrième anniversaire de la signature de l’Accord issu du processus d’Alger, qui veut dire tout et son contraire). On se souvient des déclarations similaires faites en 2015 au Mali par Jean Ives le Drian, ministre de la Défense d’alors, selon lesquelles il y aurait deux « peuples » au Mali qui peinent à cohabiter. On se rappelle également la polémique créée l’année dernière autour du lycée français à Bamako où des sujets d’évaluation portant sur Azawad avaient été soumis aux élèves.
Nous avons donc compris que toutes ces entorses faites à notre histoire, cet entêtement à vouloir mettre à mal notre unité, ne visent qu’à diviser notre pays afin de faire main basse sur ses ressources naturelles et bénéficier des intérêts géostratégiques.
Le peuple digne du Mali ne saura tolérer l’exécution d’un tel projet funeste, il n’acceptera jamais la dislocation de son pays. C’est pourquoi nous allons engager les forces vives de la nation sur la seule voie compatible avec notre dignité et notre unité nationale.
Ainsi, avons-nous décidé de :
– condamner vigoureusement les propos haineux et désobligeants tenus par l’officier, Professeur Alexandre et les médias français et exigeons une rectification immédiate assortie d’excuses publiques au peuple malien ;
– condamner le silence de nos autorités et particulièrement la chaîne diplomatique, de la classe politique et d’une partie importante de la société civile ;
– mettre en demeure le ministre des Affaires étrangères d’interpeller immédiatement l’ambassadeur de la France au Mali pour éclaircissements ;
– condamner le silence coupable et habituel de la MINUSMA et de la communauté internationale.
Notre action va s’inscrire dans la durée, elle durera autant que durera l’occupation de notre pays. C’est pourquoi, dès samedi prochain, nous invitons l’ensemble de la Nation à un meeting populaire à l’esplanade de la bourse du travail à 16 h pour dénoncer le jeu trouble de la France chez nous.
Comme le président Modibo Keita nous disons :
Pour la République du Mali, si nous devons consentir jusqu’au sacrifice ultime, nous n’hésiterons pas, nous ne reculerons pas, nous le jurons !
Bamako le 19 Mai 2019
LETTRE À MONSIEUR EMMANUEL MACRON, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Monsieur le Président,
Élu de la nation malienne, l’honneur m’échoit, et j’y veux satisfaire de vous adresser des larmes, non pas en pleurant, mais en vous conviant au banquet de l’humanisme pour lequel vous avez tout pour être un convive de marque.
Cette missive-ci n’est pas une lettre ouverte de celle qu’Émile Zola, dans l’affaire Dreyfus qui demeure une interpellation éternelle aux consciences, dût adresser au Président Félix Faure qui, il y a 124 ans, vous précéda aux hautes charges de premier des Français ; elle n’aura donc aucune place dans le quotidien Aurore du 13 janvier 1898 et, en conséquence, le grand Clemenceau pour lui choisir un titre en coup de poing du genre « J’accuse ». Pourtant, regardez Monsieur le Président, le 13 janvier 1898, le Président Félix Faure était installé dans ses fonctions il n’y avait guère que trois ans comme vous l’êtes aujourd’hui il y a moins de trois ans. L’histoire, dit-on, se met souvent sur des vagues pour pouvoir refluer sur les rivages d’où elle est partie. Votre célèbre immortel André Siegfried ne notait-il pas que : « Il y a, dans la psychologie des peuples, un fond de permanence qui se retrouve toujours…».
Monsieur le Président,
Qui, mieux que vous, peut-il aujourd’hui prétendre comprendre cette vérité ? Vous, président de la République auréolée de plus de deux siècles de révolution, la Révolution de 1789 qui a imprimé à la vie mondiale l’empreinte indélébile des droits et des libertés à respecter, tant individuels que collectifs ? L’histoire vous a mis de façon éclatante au sommet de cette France, patrie de la liberté, de la fraternité et de l’égalité. Cet honneur vous oblige !
Monsieur le Président,
Moi, élu malien, élu africain, je ne pleurniche pas sur le sort de mon pays, de mon continent. Mais je constate avec amertume, avec fâcherie, avec la hargne de vouloir changer le destin de chaos auquel la belle France du siècle des Lumières nous impose.
Comment une République des Lumières et de cultures éblouissantes consignées par des écrivains de si haut vol qu’on les croirait avoir participé aux délibérations du Seigneur Très Haut peut-elle en venir à la prédation d’autres peuples ? Et sonne le mot de l’académicien Claude Lévi-Strauss, dans «Race et histoire» : « En vérité, il n’existe pas de peuples enfants ; tous sont adultes, même ceux qui n’ont pas tenu le journal de leur enfance et de leur adolescence. »; qu’il prolonge avec une admirable limpidité en jugeant inacceptable qu’une civilisation, fût-elle la sienne, fût-elle la plus brillante de toutes, se permette d’écraser les autres sur son chemin en toute bonne conscience.
Monsieur le Président,
Je suis un Malien parmi quinze millions de citoyens courroucés, anxieux pour l’avenir de leur pays.
Que sont vos missions militaires Serval, Barkhane et autres sinon des opérations de bradage de notre territoire et de main mise éhontée sur nos immenses ressources du sous-sol ? La puissance de feu dont disposent vos armées chez nous est-elle que, si tant est que votre volonté est de nous porter secours, aucun ennemi intérieur ou extérieur n’aurait eu l’audace de s’y aventurer. Mais, hélas, la réalité crève les yeux.
Monsieur le Président,
Avec vos associés, ce sont des armées d’occupation que vous avez positionnées sur notre sol ; point de missions de paix et de stabilisation, mais des opérations de colonisation inavouables.
En témoignent, Monsieur le Président Macron, les propos malveillants tenus récemment par le Général français Jean Bernard Pinatel estimant qu’au Mali «la situation ne se stabilisera que si Bamako consent à faire évoluer le statut de l’Azawad, car les touaregs et les Peuls refuseront toujours de se soumettre aux noirs du Sud». Propos mensongers bien évidemment puisqu’il ne s’agit point d’opposition ethno-clanique, mais plutôt de volonté délibérée de la France d’instiller le venin de la haine raciale entre populations qui vivent bien ensemble depuis des millénaires. Bien sûr, l’ambassade de France à Bamako a vite fait de minimiser les paroles subversives du Général Pinatel en qualifiant l’intéressé de « Général de plus de 80 ans déjà à la retraite dont les déclarations n’engagent que lui» ; une sorte de recadrage maladroit auquel il faut opposer la vérité : depuis quand un Général français, fût-il plus âgé que Mathusalem, est à la retraite comme un simple petit commis civil ? Non, le Général Pinatel demeure un officier de réserve chargé, comme des milliers de ses pairs, des réflexions stratégiques pour nourrir les intérêts de leur belle France. La timide réaction outrée du ministère malien des Affaires étrangères n’a de sens que relativement à cette réalité. Malheureusement, elle reste dans le chapitre des réactions de principe, de dépit même si vous me les permettez, Monsieur le Président Macron.
Monsieur le Président,
Savez-vous que vous êtes en train de commettre contre la civilisation un crime odieux ? Délit contre lequel il va falloir prévoir la sanction dans l’arsenal juridique international.
Le Mali est un pays historique, multi séculier, creuset de trois grands empires : le Ghana, le Mandé et le Songhaï.
Le Mali, c’est sans doute au monde le pays qui a été le premier à initier les télescopes d’observation des astres à travers la cosmogonie dogon, j’en passe.
Monsieur le Président,
La France et ses complices sont en train de démembrer mon pays, de le détruire, de le dépecer méthodiquement. Hélas, ils le font en l’ensanglantant, en l’endeuillant à longueur de semaine ; un génocide planifié, un pogrom qui a déroulé irrésistiblement son rouleau compresseur, des massacres dignes de gangsters.
Les Maliens en sont aujourd’hui à se demander si ce n’est pas pour cela que vous aimez imposer à notre président de la République des cadres qui ne servent que vos seuls intérêts, avec une servilité incroyable, et qui ne reculent devant aucune abjection pour vous satisfaire. Au plan moral, cela doit cesser. La diplomatie que mènent les grandes puissances doit être dépouillée des intentions impérialo-colonialistes qui ne visent qu’à faire main basse sur les richesses des pays militairement faibles, en particulier ceux d’Afrique, dont le Mali.
Comment comprendre, Monsieur le Président, qu’un vieil État si fier comme le Mali, soit livré aux caprices d’une minorité de ses hommes qui, au lieu de servir leur patrie, sapent plutôt sa cohésion sociale et ses fondements ? En vérité n’eût été la complicité mortelle de la communauté internationale, avec en tête la France dont la langue est notre langue officielle, notre pays n’aurait jamais vécu avec IBK les moments funestes que vous connaissez. Patriote malien, IBK l’est jusqu’à la moelle de ses os. Dans des conditions autrement plus difficiles, il a su, alors qu’il n’était que Premier ministre, redresser le Mali en combattant avec force et détermination les ennemis intérieurs et extérieurs. C’est d’ailleurs au nom de ces combats pour le salut de la nation et en souvenir de l’esprit républicain qu’il incarna alors que les Maliens l’ont élu en 2013 à la tête de l’État et l’ont réélu en 2018. S’il n’a pas les mains entravées, nul doute qu’il sortira le Mali de l’ornière ; il en a les capacités intellectuelles et les ressources morales auxquelles il faut ajouter l’expérience d’homme d’État.
Monsieur le Président,
Il me semble que votre intelligence et votre sens de l’honneur vous commandent maintenant de trouver au plus vite d’autres méthodes de partenariat avec le Mali meurtri. Les évènements récents ont fini de convaincre tous les hommes intelligents du monde que les Maliens tiennent à leur patrie plus qu’à la prunelle de leurs propres yeux ; il n’y a pas de sacrifices qu’ils ne consentiraient pas pour leur pays.
Nul non plus ne pourra ôter aux Maliens leur fierté et leur orgueil. Un partenariat réfléchi sain permettra à nos deux pays de cheminer ensemble dans le bonheur. Toutes autres attitudes risquent de creuser sur la terre malienne le tombeau des menées subversives impérialistes dont l’Afrique est désormais la cible.
L’histoire le notera.
Honorable Moussa Diarra,
Député du Mali.
Quand on est minable, on le reste !
Sur le plateau de CNEW et comme d’habitude chaque fois que le malheur frappe à notre porte, un de ces pseudos « spécialistes de notre région » s’est donné à cœur joie contre le Mali allant jusqu’à le taxer d’État non viable in extenso sans lui donner l’honneur d’être cité. Une question anodine de la journaliste sur le sujet des deux marines français morts dans l’assaut du Commando Hubert, voilà notre « fameux spécialiste » (que je mets entre parenthèses par respect aux vrais spécialistes), qui, dans une logorrhée qui met mal à l’aise même ses vis-à-vis, estime que « depuis la création du Mali, les gens du Nord, non noires, non africaines ne veulent pas vivre avec leurs anciens esclaves du Sud. » Aussi loin que j’ai cherché dans mes connaissances livresques, je n’ai pas retrouvé une bêtise d’égal niveau que ces insanités de ce monsieur en quête de publicité. Le professeur d’université va expliquer certainement à ses étudiants que les populations non noires vivant au Mali ne sont pas africaines. Et si telle semble être sa posture, il ne sert pas la cause qu’il prétend défendre. Car on ne peut nier aux Touaregs leur africanité et défendre une thèse de territoire pour eux en Afrique car le Mali y compris le septentrion malien est en Afrique. Première bêtise, et passons-y !
Les soi-disant « non africains » qui ne veulent pas vivre avec leurs anciens esclaves du Sud, n’avancent pas eux-mêmes une telle thèse qui est suicidaire et constitue une faute rédhibitoire pour des gens qui s’appuient sur l’histoire pour revendiquer. Que notre professeur, spécialiste de notre région vienne me dire quand est-ce que les Touaregs ont été même vassalisés par les peuples du Sud à fortiori en être soumis à esclavage ? La relation de vassalité a concerné les touareg et les Songhoys qui eux ne sont pas des populations du Sud. Sur aucune carte, même celles élaborées par l’astrologue Alkhuwarizimi en 833 de notre ère et par le juif marocain Mecca de Villadestes en 1413 qui demeurent les plus vieilles cartes comportant Gao, les populations citées par « le pseudo spécialiste », ne se situent au Sud. Deuxième bêtise, mais avançons !
Je cherche encore et encore la période de l’histoire où les peuples berbères ont été les esclaves des « populations du Sud » comme le soutient le « pseudo spécialiste ». Un petit effort de recherche même de façon désinvolte aurait pu l’épargner de telle falsification de l’histoire qui ne corrobore pas l’opinion pour laquelle il se veut chantre. Quand c’est minable, ça le demeure ! Rein à faire.
Selon lui toujours, « Les anciens esclaves du Sud veulent se venger sur les anciens esclavagistes du Nord. C’est comme si on oblige deux personnes qui veulent divorcer à rester marier. »D’abord, si c’était vrai, à qui doit-on imputer la faute de ce mariage forcé ou de cette désunion refusée ? Car que je sache le tracé des frontières actuelles dans lesquelles vivent tous les Maliens est antérieur à l’indépendance. Il est donc bien logique qu’au nom de la souveraineté nationale, l’État oblige tous ceux qui y vivent au respect de l’intégrité territoriale. Pas plus que la France ne cédera la Corse ou même la Nouvelle-Calédonie malgré les durs évènements d’Ouvéa de 1988 dans lesquels comme par hasard s’illustre le Commando Hubert, le Mali ne se séparera de Kidal ni même d’un lopin de terre au profit de nulle autre cause que celle de l’intégration africaine. Donc, arrêtez cette attitude patibulaire ou paternaliste à outrageante dose moralisatrice ! Quand on n’a pas cousu le trou de son pantalon, on ne doit pas se moquer de celui qui est nu.
Comme pour dire un message alors qu’il n’en est rien, le « pseudo spécialiste » assène que « tant qu’on ne règle pas l’agenda des Berbères qui ne veulent pas se trouver dans les États que les colonisateurs ont tracés, le problème va ressurgir. » Le message semble compris, mais ne passe pas même auprès de ceux qu’il prétend défendre. Les « Berbères » n’ont pas d’agenda autre que le développement de leurs terres dans le cadre d’un pacte national de destin commun consenti depuis le 22 septembre 1960. N’en déplaise aux porteurs de pétition à De Gaulle que même la France n’a eu le courage de cautionner alors qu’il en était plus facile à cette époque que de nos jours !
Pour rappel, je voudrais rafraichir la mémoire du professeur pour lui dire que contrairement à ces affirmations la question touareg est antérieure à l’indépendance du Mali. Et d’ailleurs elle a été exacerbée par ceux qui dirigeaient le territoire d’avant le Mali et que le professeur semble protéger par forfaiture intellectuelle ou simplement ignorance méprisable. Savait-il seulement que c’est le colonisateur qui a créé cette prétendue idée de supériorité pour diviser et mieux régner. Face aux assauts des oullimiden qui hypothéquaient la pacification de Gao (conquis en 1898 par le colonel Klobb), le chef de bataillon Laverdure, commandant de Tombouctou, fait signer une convention dite de Bourem le 15 septembre 1907 qui soustrait les Ifhogas de la dépendance des oullimidens et des kountas, leur attribue la possession de l’Adagh et les place directement sous le contrôle des Français. Par la suite, deux conventions signées à Gao le 10 février 1909 et à Gangaber renforcent les dispositions de la Convention de Bourem. Et depuis, que de révoltes et de dérouillées dans la zone cumulant en 1958 à la véritable rébellion d’Alla ag Albachar dont la tête a été trainée dans Boureïssa. On oublie rien, on pardonne comme de bons musulmans, mais qu’on ne nous insulte pas !
Pour finir, « le fameux professeur » Del Valle, fils de « pied-noir » est un habitué du sensationnel qui chaque fois qu’il souhaite faire le buzz, lance ces controverses sciemment montées, mais piteusement défendues. Apparenté à l’extrême droite, soutien dérangeant d’un sionisme provocateur, il est reconnu pour son habilité abjecte à animer la polémique islamophobe. Proche de Philippe de Villiers, dans les années 90 il est devenu membre de la branche Pasqualienne du RPR, puis membre du RPF de Pasqua dans les années 1998-2002, avant de rejoindre, l’UMP. Ainsi on voit que l’ardent défenseur de l’Etat-Nation et mieux un fervent militant du Comité Valmy qui croit plus que tout à la souveraineté, défend une cause qui tranche avec le fondement même des idéaux qui sous-tendent sa ligne de conduite. Il faut se rendre donc à l’évidence que ce monsieur est soit un perfide qui se complait sans honte dans les revirements spectaculaires soit un « has been » en mal de publicité et qui s’achète du buzz sur le dos du Mali.
Tiebilé Dramé répond aux propos du Général retraité français Pinatel sur Rfi
«Je crois qu’il y a beaucoup de faux spécialistes du Sahel et du Mali, qui ont multiplié des déclarations, ces dernières semaines, dans le but évident de préparer l’opinion à la séparation de certaines contrées, du Mali en particulier. Je crois que ces faux spécialistes ne connaissent pas l’histoire de ce vieux pays, quand ils prétendent que les Arabes et les Touarègues n’accepteront jamais d’être dirigés par leurs anciens esclaves du Sud, ou alors que les anciens esclaves du Sud ont un comportement particulier vis-à-vis des Arabes et des Touarègues. En vérité, ils ne connaissent pas l’histoire de ce vieux pays. Les vrais connaisseurs de l’histoire du Mali – les « Malianistes » – ne parlent pas comme ces pseudo-spécialistes du Mali et du Sahel. La réalité est ailleurs. Et ensuite, il ne faut pas oublier que, à Ouagadougou comme à Alger, les acteurs maliens ont apposé leurs signatures sur les principes cardinaux importants que sont l’intégrité du territoire national, l’unité nationale du Mali, la forme laïque et républicaine de l’État. Et nous travaillons activement à créer les conditions de la participation effective de toutes les communautés du Mali à la gestion de leurs affaires, à la libre administration des collectivités, d’ailleurs prévues, déjà, dans notre Constitution de 1992 et réaffirmées dans l’accord d’Alger de 2015. Cela veut dire que ceux qui veulent préparer l’opinion à l’éclatement du Mali, en vérité, perdent leur temps, parce que les Maliens sont tournés, résolument, vers le relèvement de leur pays. Et tous ensemble, ceux du Nord comme ceux du Sud».
Réaction de l’Ambassade de France
À la suite de la conférence des jeunes leaders dénonçant les du Général et ceux d’Alexandre Del Valle, l’ambassade de la France a réagi sur twitter en ces termes sur son compte tweeter : « Les propos du Général Pinatel ainsi que ceux d’Alexandre Del Valle, tous deux non-spécialistes du Mali, n’engagent qu’eux-mêmes et ne sauraient nullement refléter la position des autorités françaises. »
L’incident est-il clos ?
Affaire à suivre
Rassemblés par Sikou BAH