LA NATURE DES CHOSES
Le Général De Gaulle disait : « J’ai toujours eu en horreur le mensonge, je ne témoigne pas d’estime à ceux qui me trompent en dissimulant la vérité. »
Aujourd’hui qui ment au peuple malien ?
Le peuple malien traverse une grave maladie. Il a été un grand peuple. Il s’est surtout cru très grand. Il s’est cru la vedette du monde. Il est vrai qu’il l’a été souvent. Mais il ne sait pas adapté à la situation réelle. Il ne se console plus de ne plus être cette vedette. C’est pourquoi dernière ce vernis épique qui rend les tragédies plus supportables, nous n’arrivons pas à sortir du déni de réalité. Évidemment, les psychologues distinguent cinq phases pour qu’un individu reconnaisse la réalité d’une maladie grave : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation qui permet les soins. Il en va de même pour les nations. Sous la pression de la crise et des populismes le pays oscille aujourd’hui entre le déni et la colère. Il espère dans un marchandage perdu d’avance avec la communauté internationale qui le conduit actuellement à la dépression. Il n’y a donc plus de temps à perdre il faut désormais ouvrir les yeux et accepter de dissiper les rêves et les illusions pour se colleter avec la réalité. . Le Mali doit trouver un nouvel équilibre moral, fondé sur les réalités nouvelles, pour redevenir une nation cohérente.
Pour cela il faut dire la vérité au peuple malien. La première tâche certes la plus difficile du Président de la République est de ramener sur terre, au sens des réalités, les maliens nationalistes qui planent dans leur ciel nationaliste. Tout en arrêtant de conduire le pays comme un charretier, en faisant claquer son fouet .Et bien il doit prouver que l’heure a sonné où le pays savait qu’il pouvait recourir à lui quand tout paraîtrait perdu.
Car au tribunal de l’histoire, il n’y a pas plus d’immunité que d’impunité pour les nations qui s’installent dans le déni, le Mali s’est enfermé dans une bulle d’illusion, qui le laisse à la merci des marchands de tout bords.
Assez fait l’autruche, assez gémi sur le sort d’une nation qui s’est ravalée en peuple de victimes. Assez d’indignations stériles et de vaticination sur un passé disparu. Assez de recherche de boucs émissaires. Il faut désormais ouvrir les yeux, mobiliser les forces, s’engager dans la bataille de l’histoire universelle en refaisant le Mali qui continue à disposer d’atouts majeurs.
Or aujourd’hui ce changement ne pourra se faire qu’avec un choix politique clair, un leadership assumé, un discours cohérent et une volonté inébranlable à toutes épreuves.
Il faut dire aux maliens d’abord et au monde entier ensuite n’en déplaise aux lobbys négatifs de tout bords que le Mali n’a pas de problèmes avec ses populations, qu’il n’y a pas d’Azawad au Mali ni géographiquement, ni sociologiquement, ni historiquement. Que le Mali est confronté à des problèmes de développements dans son ensemble. Qu’il est victime d’une agression permanente d’une rébellion qui dure depuis plus de cinquante ans. Qu’il combat et poursuit courageusement l’effort nécessaire pour vaincre.
Le monde, en proie aux vastes crises et mouvements asymétriques que l’on sait, assiste à cette lutte qui le trouble et dont cherchent à se mêler les divers camps opposés. Il est clair que l’unité, le progrès, le prestige du peuple malien sont en cause et que son avenir est bouché tant que le problème ne sera pas résolu. Mais il veut aboutir à une paix qui soit la paix, faire ce qu’il faut pour que le drame ne recommence pas ensuite, agir de manière à ne pas perdre, en fin de compte l’intégrité d’une partie de son territoire face aux groupes armés activement soutenus par des djihadistes, ce qui serait un désastre pour nous et pour le monde entier.
C’est pour cela que l’autorité de l’Etat ne peut, plus longtemps, être tenue en échec. Sans ménagement, avec toute la dureté dont il est capable lorsque l’essentiel est en jeu, le président l’a dit aux représentants des mouvements armés et à nos partenaires.
Comme disait Clemenceau en politique : « il faut savoir ce que l’on veut ; une fois qu’on le sait, il faut avoir le courage de le dire ; une fois qu’on l’a dit ; il faut avoir le courage de le faire »
Le pragmatisme du Président est souvent souligné hors de propos. Ce qui frappe dans cette affaire, c’est plutôt l’inverse : une étonnante obstination dans la poursuite d’un grand dessein. A peine revenu au pouvoir, il est bien décidé à réaliser son rêve de toujours vraisemblablement antérieur à la crise, rendre au Mali son indépendance et sa grandeur. Faute de moyens, il est obligé pour l’instant de composer mais, en attendant l’instant favorable, il prend la meilleure pose, décidé à laisser aux parties adverses la responsabilité d’une rupture.
L’initiative confirme aussi qu’au-delà des concessions tactiques le Président est resté fidèle à son crédo : les rapports de force sont le moteur exclusif de la vie internationale ; pour jouer un rôle il faut posséder un certain poids et une longue histoire.
Voyez-vous, l’erreur la plus commune, par certains analystes, c’est de croire dur comme fer qu’il existe à chaque moment une solution pour chaque problème. Il y a pendant certaines périodes des problèmes qui n’ont pas de solutions. Dans le cas d’espèce du Mali il faut soit faire la guerre ou négocier. Notre Armée n’étant pas en état de faire toute seule sa mission, alors nos alliés nous demandent de négocier pour trouver une solution politique avec des mouvements minoritaires certes, mais armés. Comme disait Churchill : « l’une des conditions pour négocier la paix : permettre à une partie de sauver la face. » Alors ! Que vienne la paix des braves et je suis sûr que les haines iront en s’effaçant.
Il faut sortir de cette dramatisation permanente qui, un jour se révélera difficilement compatible avec l’objectif de la réconciliation nationale. Car en politique rien n’est pire que les passions et les bons sentiments, la contagion de incertitude et de la peur. Rien n’est plus vain que de donner dans les slogans et les rodomontades. Le Mali de papa est mort, si on ne le comprend pas on mourra avec lui. Il faut fermer doucement la porte à toute solution dite passéiste, c’est-à-dire fondée sur le maintien d’un statu quo à l’évidence non viable. Dans cet ordre d’affaires il faut marcher ou mourir. Et le Mali doit choisir de marcher. Car il arrive souvent dans la vie d’un individu comme dans celle d’une nation pour sauver la mère il faut sacrifier l’enfant.
La crise est un mauvais coup porté au Mali dans le monde, un mauvais coup porté au Mali au sein du Mali. Ceux qui se dressent contre la patrie, égarés qu’ils peuvent être par des mensonges et par des calomnies, de rentrer dans l’ordre national. Rien n’est perdu pour un malien qui rallie sa mère patrie le Mali.
Aujourd’hui avant la refondation de notre Etat, il faut dire aux maliens que nos autorités n’ont pas le choix, car ce sont les rapports de forces qui déterminent les règles du jeu. Devant les enjeux réels et supposés de cette crise aux maliens de démontrer que leur vitalité se nourrit d’épreuves comme toutes les grandes nations.
Aux hommes politiques de ne pas être que « des politiciens sans plus » selon De Gaulle car en certaines circonstances les hommes politiques doivent savoir se hausser au niveau des hommes d’Etat en disant non quand il le faut. Notre pays a besoin d’unifier toutes ses intelligences pour combler ses insuffisances. Comme nous nous disons tous solidaires du Mali faisons ensemble chacun dans son rôle le parcours de la paix pour le Mali. Il y a les amis d’un parcours et des amis de toujours au moment du bilan on fera les comptes !
M. Mariko Bakary
France.