La troisième grande rencontre des dirigeants africains et arabes s’est ouverte hier 19 novembre 2013 dans le Bayan Palace, l’immense palais de l’Émir du Koweït, Seikh Sabah Al Amad Al Jaber Al Sabah.
Au-delà de la dizaine de discours qui ont ponctué cette ouverture, l’information digne d’intérêt est l’annonce faite par l’hôte de l’événement, l’Émir himself, de renforcer le Fonds koweïtien d’un milliard de dollars pour l’Afrique.
Les chefs d’État arabes et africains ont entamé mardi dernier leur sommet à Koweït pour promouvoir les relations économiques entre les riches monarchies pétrolières du Golfe, et l’Afrique en quête d’investisseurs. Ce sommet qui est le premier depuis 2010, date à laquelle les dirigeants des pays membres de la Ligue arabe et de l’Union africaine (UA) s’étaient réunis en Libye, peu avant les “Printemps arabes”.
Trente-quatre chefs d’État, dont le président IBK, sept vice-présidents et trois Premiers ministres, ont approuvé une série de mesures et de résolutions destinées à renforcer la coopération entre les pays de la Ligue arabe et ceux de l’UA, deux blocs régionaux qui comptent parmi leurs membres les riches monarchies pétrolières arabes et des pays africains parmi les plus pauvres au monde. C’est en soi une première marche pour la création d’un marché afro-arabe pour une population de quelque 1,2 milliards d’habitants. Placé sous le thème “Partenaires pour le développement et l’investissement”, le sommet a examiné les moyens d’accélérer le flux de capitaux vers l’Afrique, qui a un énorme potentiel, mais qui souffre d’un déficit aigu d’investissements. Selon la Banque mondiale, l’Afrique a besoin d’environ 30 milliards de dollars à investir rien que dans les domaines de l’énergie et de l’électricité. En outre, malgré les apparences, le continent noir a enregistré une croissance de 5% en 2012, d’après le Fonds monétaire international (FMI). Ce taux devrait légèrement baisser cette année, à 4,8%, avant de rebondir à 5,1% en 2014, selon les prévisions du FMI.
Le sous-sol de l’Afrique recèle 12% des réserves mondiales de pétrole et 42% des gisements d’or. La récente découverte de grandes quantités de gaz naturel au large des côtes-est de l’Afrique confirme l’importance économique du continent noir.
Pour leur part, les monarchies pétrolières du Golfe comptent des avoirs de quelque 2 000 milliards de dollars, accumulés à la faveur des cours élevés du brut et placés, en grande partie, aux États-Unis et en Europe. Reste à savoir si ce sommet va mettre en place le mécanisme financier arabo-africain pour apporter les moyens nécessaires à l’application des projets conjoints et encourager le flux des investissements entre les deux régions.
En tout état de cause, à l’ouverture du sommet, l’émir koweïtien a insisté sur le rôle vital de l’économie et du développement pour les 2 régions.
«Nous devons tracer les grandes lignes pour le futur… l’unilatéralisme n’est plus de mise, il faut de l’interaction, de la complémentarité». Et celui qui est en même temps le président de ce troisième sommet a laissé entendre qu’il fallait exploiter les richesses (terrestres, main d’œuvre…) pour faire avancer les pays.
Pour lui il faut s’approprier les résultats du forum économique qui s’est tenu en marge de ce sommet. Et à ce propos, le Koweït, a-t-il souligné, est à la pointe, puisque le Fonds koweïtien a déjà fait ses preuves.
C’est pourquoi, pour que ce Fonds puisse continuer à booster le développement, «j’ai ordonné de le doter d’un milliard de dollars pour aider les Africains», a affirmé le N°1 koweïtien. Ce dernier a insisté en disant que cette manne financière devrait servir d’abord au secteur privé.
L’Émir a dans la foulée institué un prix, le prix Abdur Rahman Samir, du nom de l’ancien émir de l’Afghanistan qui fut l’artisan de l’Afghanistan moderne après la seconde guerre entre Anglais et Afghans.
De même, Al Jabar a lancé un appel pour que les pays soutiennent la candidature des Émirats arabes unis à l’Expo 2020. La politique n’étant jamais loin, l’Émir du Koweït a déploré la situation en Syrie, où on est à «101 000 morts», tiendra à préciser ce dernier. De même, pour lui «Israël doit appliquer la légitimité internationale»
La présidente de l’Union africaine, Nkozasana Dlamini Zuma, a, quant à elle, fait l’apologie du continent noir: «Tout investisseur doit venir en Afrique, car nous sommes le continent de l’avenir, des générations montantes…l’Afrique a la ressource la plus précieuse: sa population…il faut maintenant former la jeunesse en technologie et en innovation.»
Pour elle, l’Afrique et le monde arabe sont proches, car ils ont connu des destins quasi similaires en matière de conflits, de terrorisme, donc ils doivent mettre en commun leurs défis et utiliser leurs avantages comparatifs. Sur la question d’Israël et de la Palestine, elle se contentera de préconiser une solution viable.
D’autres intervenants ont fait des allocutions parmi lesquels, le président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA. IBK, qui participe pour la première fois à une telle rencontre, a renouvelé une fois de plus la reconnaissance du peuple malien à la communauté internationale pour son assistance à notre pays dans les pires moments de la crise qu’il a traversée.
Parlant de l’importance que revêt le sommet pour nos deux régions, le chef de l’État a indiqué qu’il constitue des promesses d’avenir radieux entre les peuples africains et arabes. Avant de plaider pour une coopération accrue touchant à la fois l’agriculture et la sécurité alimentaire, la réponse aux catastrophes et la gestion des risques ainsi que les études stratégiques visant à déterminer les perspectives de développement durable dans le domaine des ressources en eau.
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin.info