L’épidémie de fièvre hémorragique Ebola est loin d’être sous contrôle dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Au contraire: de nouveaux cas sont recensés, certains dans des villages jusqu’alors épargnés.
Oxfam appelle dès lors à redoubler de vigilance car « l’épidémie se rapproche de la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda ». « Si le virus franchissait la frontière, nous ferions face à une nouvelle épidémie comparable à celle de 2014 en Afrique de l’ouest, mais dans une zone frontalière bien plus instable », avertit Tamba Emmanuel Danmbi-saa, responsable du programme humanitaire d’Oxfam en RDC. « Ce serait un cauchemar. » La crise politique traversée par le Congo et les dernières élections ont donné un coup de projecteur sur ce pays d’Afrique centrale mais les besoins humanitaires peinent toujours à y être rencontrés. En 2018, environ 1,7 milliard de dollars était nécessaire à cette aide. Moins de la moitié (45%) a été récoltée. Le même montant est avancé pour cette année, alors que seuls 6,5% de la somme ont pu être rassemblés jusqu’à présent.
Un nouveau foyer s’est déclaré l’été passé dans l’est de la RDC, quelques jours seulement après l’extinction de l’épidémie dans une autre région du pays. Il s’agit de la dixième, et de la plus intense, vague d’Ebola qu’a connue la république africaine aux plus de 80 millions d’habitants. La maladie a ainsi déjà fauché 655 personnes et a été confirmée chez 1.080 patients.
L’instabilité et les violences qui règnent dans l’est du pays compliquent en outre gravement le déploiement de l’aide, déjà entravée par la méfiance que la population entretient envers les autorités locales et les ONG. « L’aide a d’abord trop souvent été imposée par en haut », explique Michael Sladeczek, directeur de campagne pour Oxfam dans la ville de Goma. Or, « il est impossible de forcer les gens, il faut les convaincre. Nous apprenons maintenant à travailler aussi à moyen terme, ce qui demande du temps. »
La RDC est par ailleurs confrontée à plusieurs crises humanitaires graves éparpillées dans tout le pays. « Les donateurs doivent se rendre compte de la complexité de ces crises, et nous devons administrer notre aide en fonction des besoins des différentes régions », souligne M. Sladeczek. « Ces besoins seront toujours là dans les mois et les années à venir. Pour éviter de rendre la population encore plus vulnérable, il faut plus de moyens. Aujourd’hui, nous devons souvent faire un choix difficile entre poursuivre l’assistance dans des régions où nous sommes déjà présents, ou répondre à une nouvelle crise ailleurs. »
Source: lalibre