En République démocratique du Congo, la tension est toujours vive à Lubumbashi, dans la province du Katanga, après l’attaque dans la nuit de mardi à mercredi d’un dépôt de munitions et de la résidence du chef de la police militaire. Le dernier bilan officiel fait état de quatre morts du côté des forces de l’ordre et de trois chez les assaillants. Ce sont à nouveau les Bakata Katanga, un groupe de milices sécessionniste, qui sont pointés du doigt. Plusieurs dizaines d’arrestations ont eu lieu depuis et la population semble de plus en plus excédée.
Manifestation, échanges de tirs, altercation… C’est aux forces de l’ordre que la population de Lubumbashi s’en est pris ces derniers jours. « Ils continuent leurs tracasseries au lieu d’arrêter les responsables de ces violences », explique un habitant, affirmant que ces derniers étaient connus de tous.
Si officiellement, le chef des Bakata Katanga serait Ferdinand Kasali Ntanda Iméné, un chef de milice qui se serait évadé du cachot de l’Agence nationale de renseignements au mois de mars, d’autres noms de figures politiques et militaires de la province circulent. Une piste que n’exclut pas le porte-parole du gouvernement.
En mars dernier, plusieurs centaines de miliciens qui se faisaient appeler Bakata Katanga – littéralement « diviser le Katanga » – avaient attaqué la ville de Lubumbashi, faisant une vingtaine de morts. Deux cents d’entre eux s’étaient rendus à la Monusco et ont été transférés depuis à Kinshasa.
Sans chef, ni revendications précises
« La situation est mauvaise », reconnaît un militant des droits de l’homme. « La population est excédée, parce que même quand ces gens sont arrêtés et détenus ici, ils ne restent jamais longtemps en prison. » Du côté des humanitaires, on confirme qu’il ne s’agit pas d’un groupe armé comme un autre. « Les Bakata Katanga n’ont pas de chef connu avec lequel on peut interagir, ni de revendications précises », explique l’un d’eux, ajoutant qu’il s’agissait d’une question à la fois politique et sensible.
Ce que craignent les observateurs, c’est que ces violences n’aient d’autres buts que de déstabiliser le gouverneur de la province, Moïse Katumbi, au profit d’autres barons du Katanga. La résurgence de ces groupes de milices a fait passer le nombre de déplacés internes de 55 000 en janvier 2012 à plus de 360 000 aujourd’hui.