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Rassemblement du 10 juillet : Fureur populaire à Bamako

Ils ont été des centaines de milliers de citoyens à la Place de l’Indépendance, le vendredi 10 juillet dernier, pour répondre à l’appel du Mouvement du 5 juin du Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) sous l’égide des Responsables du Comité directoire dudit mouvement. Cette journée a été marquée par une fureur populaire à travers la capitale. Aux occupations de l’Ortm et de l’Assemblée nationale, les forces de sécurité ont répondu par une répression sanglante qui a fait de nombreuses victimes. Le bilan est lourd : des morts et de nombreux blessés.   

Le mot d’ordre de cette manifestation est l’exigence de la démission du Président Ibrahim Boubacar Kéïta pour raisons de mauvaise gouvernance, d’incapacité à résoudre la double crise sécuritaire et scolaire, de mettre fin à l’occupation des régions du Nord et du Centre par les groupes rebelles et terroristes, le tripatouillage des résultats du scrutin législatif 2020, la corruption et le phénomène de népotisme érigé en système. A la veille, le jeudi, 9 juillet, au siège de la CMAS, le collectif des femmes du M5-RFP avait tenu une conférence de presse à la faveur de laquelle un appel pressant a été lancé à toutes les femmes du Mali pour rendre la mobilisation totale. Appel massivement répondu par les femmes.

Au cours du rassemblement gigantesque et surchauffé à fond, les organisateurs, par la légendaire voix de Mme Sy Kadiatou Sow de l’ADEMA-association suivie de celle de Kaou Djim, ont livré un message d’instructions axées sur dix (10) commandements essentiels devant être pacifiquement observés et exécutés à la lettre.

Ainsi, à l’issue de cette forte mobilisation, certains manifestants s’en sont donnés à l’obstruction des voies publiques, à la brûlure de pneus, au sabotage des édifices et symboles de l’Etat. A 16H06 minutes, un groupe de manifestants s’est dirigé vers la Cité administrative, un deuxième vers le siège de l’Assemblée nationale, un troisième vers l’ORTM, un quatrième sur le pont des Martyrs (ou 1er pont), un cinquième sur le pont Fahd (dit 2e pont), un sixième vers la Direction nationale de la Fonction publique, un septième vers la Tour d’Afrique et le huitième sur l’Aéroport Senou-Bamako.

Comme il fallait s’y attendre en pareilles circonstances où l’atmosphère était surchauffée à bloc, au niveau de l’hémicycle, il y a eu un début d’échauffourées entre jeunes manifestants et éléments des Forces de l’Ordre dépêchées en renfort. Ce, malgré l’esprit pacifique ayant prévalu lors des manifestations organisées jusque-là par le M5-RFP.

A cet effet, selon nos constats sur le terrain, le bilan s’est soldé par d’importants dégâts matériels avec perturbation de la circulation à travers toute la ville de Bamako et des tirs nourris de gaz lacrymogène avec de balles réelles dans tous les secteurs du centre-ville de Bamako des heures durant. Précisément, dans les enceintes du siège de l’Assemblée nationale, certains Bureaux ont été mis à sac par les vandales ayant infiltré les manifestants pacifistes, causant même plusieurs dizaines de blessés plus ou moins graves du côté des populations civiles, une dizaine d’interpellations sur le champ.

Ensuite, parmi les manifestants, des éléments incontrôlés et des intrus ont dressé des barricades, brûlé des pneus sur les voies publiques et principales artères créant ainsi des foyers de tensions vives entre habitants riverains et jeunes recrues de la police dans les quartiers du centre-ville (Bamako-coura, Dravéla, Bolibana, Ouolofobougou, Missira, Daresalam, Niarela, Bagadadji, N’Golonina et Quartier du Fleuve).

Certains lieux et édifices publics sensibles aussi, dont la Direction nationale de la Fonction publique, contiguë à la Mairie de la Commune III du District de Bamako, ont été pris en cibles par certains manifestants frustrés. Là, il y a eu des engins à deux roues et un stock de pattes d’arachide et autres condiments emportés par les pillards.

Pour disperser les manifestants tentés par l’esprit de vandalisme en dépit de tous les appels au calme et à la retenue des organisateurs, les forces de l’ordre ont fait, de leur côté, recours aux tirs du gaz lacrymogène avec des fois des balles réelles. Dans certains carrefours et artères principales du centre-ville et certains quartiers banlieusards huppés, il y a eu également des patrouilles effectuées par des contingents mixtes de la Police, de la Gendarmerie et de la Garde nationales qui ne ménageaient aucun effort pour rétablir l’ordre et la quiétude dans la cité.

Au niveau de l’ORTM, il y a eu des casses de vitres de bâtiments avec une vingtaine de véhicules de service et de particuliers stationnés dans la grande cour qui ont été endommagés.

En somme, au moment où notre équipe de reportage effectuait le tour de ces principaux foyers de tensions, le bilan provisoire était d’un mort par balles réelles, plus d’une quarantaine de blessés plus ou moins graves tant du côté des manifestants que dans les rangs des forces de l’ordre plus une dizaine de cas d’interpellations. Selon une source proche des forces de sécurité approchée à chaud, suite à ces dérapages, il y avait eu une série d’interpellations dont quatre Responsables du M5-RFP et environ 200 manifestants.

Dans la journée du samedi 11 juillet, les affrontements sont devenus plus intenses entre éléments des forces de l’ordre et jeunes manifestants déterminés à faire aboutir leurs points de revendications. Et les foyers de tensions se sont multipliés à travers la capitale. À travers tous les points stratégiques de la capitale malienne, ce sont des barricades érigées, des fumées de pneus brûlés, des barrages érigés par des jeunes volontaires renforcés par les anciens militaires à la retraite et des gros bras contrôlant et fouillant pacifiquement tout véhicule pour détecter des éventuels porteurs d’uniformes camouflés entre les passagers à bord.

Ainsi, au niveau du carrefour Poudrière de Bolibana, les jeunes du quartier ont passé de longues heures, dans l’après, en face-à-face avec un important contingent de la Police en de stocks de gaz lacrymogène. Les jeunes menaçaient de marcher sur les locaux du Commissariat de la Police du IIe Arrondissement, situé dans le secteur.

Dans le même quartier, c’est le domicile de l’ex-Président de l’Assemblée Nationale, l’Honorable Isaac Sidibé, qui a été vandalisé par une bande de pillards non identifiés.

Au Quartier de Quinzambougou, en Commune II, les dispositifs sécuritaires autour de la belle famille du Chef de l’Etat, ont été renforcés avec, selon une source du Commissariat de IIIe  Arrondissement d’à côté, des instructions expéditives fermes.

Dans la nuit du samedi 11 au dimanche 13 juillet, une autre bande de vandales a débarqué dans les locaux de l’ancienne primature abritant le siège des Collectivités Territoriales et de l’ancien cabinet du ministère de l’Economie et des Finances où dossiers, meubles et équipements bureautiques avec consommables ont été emportés. Aux Collectivités Territoriales, un magasin contenant de céréales et autres denrées alimentaires destinées à l’intérieur du pays a été complètement pillé, selon des sources concordantes.

Qui a donné l’ordre de tirer ?             

A la mosquée de Badalabougou, une fausse alerte ayant fait état d’une tentative d’enlèvement de l’Imam Mahmoud Dicko, a provoqué une mobilisation spontanée des populations venues de tous les horizons de la capitale pour monter un bouclier humain autour du Parrain du M5-RFP. Que cette folle rumeur soit fondée ou infondée, reste à savoir pour quelle raison il y a eu des tirs à balles réelles par les forces de l’ordre déployées sur place, tuant six citoyens parmi les populations civiles désarmées. Donc, il va falloir que les responsables en charge du maintien d’ordre s’expliquent au moment venu devant la loi pour permettre de savoir qui a donné l’ordre de tirer sur les manifestants.

Cette sotie dans les rues de Bamako de près de 500.000 manifestants marquant le 3e Acte des actions engagées par le Comité stratégique du M5-RFP fait suite au tripatouillage des résultats du scrutin législatif du 19 avril dernier par la Cour Constitutionnelle, à l’enlèvement de l’Honorable Soumaïla Cissé, à la recrudescence des attaques contre les Forces armées et de l’insécurité et des violences intercommunautaires dans les zones du Nord et du Centre, la montée en puissance du phénomène de la corruption, de détournement des deniers publics, l’enrichissement illicite, de népotisme, de pratique du trafic d’influence par les clans, les membres de la famille et proches du Président IBK, les lourdeurs devenues gangrènes au sein de la justice et de l’administration malienne en général, l’insécurité des personnes et des biens qui va mal en pis, l’octroi des marchés de gré à gré et la mauvaise gouvernance dans l’ensemble du système illustrant l’échec du régime en place. Bref, selon un membre de la commission d’organisation de cette marche pacifique qui vient de tourner en bain de sang, tous les cas de dérapages déplorés sont, au fond, des actes de sabotage par des individus recrutés pour infiltrer le mouvement afin de culpabiliser les membres actifs du Comité de pilotage et tous les leaders du Mouvement du M5-RFP aux yeux de l’opinion nationale et internationale et les exposer à des risques de poursuites devant les instances juridiques compétentes en la matière.

En tout état de cause, selon Dr. Choguel Kokala Maïga, cette manifestation a été une réussite totale et les actions inscrites dans le cadre des dix commandements de la désobéissance civile vont se poursuivre jusqu’à la victoire finale. Les organisateurs se sont félicités aussi de la suivie du mouvement dans les Régions de Ségou, Sikasso, Kayes et au niveau de la Diaspora malienne de la France et des Etats-Unis d’Amérique notamment. Que Dieu sauve le Mali et l’Afrique tout entière !

Djankourou

Source: Journal l’Aube-Mali

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