Barkhane qui ne finit pas d’essuyer les critiques, ne semble pas avoir assez de crédit auprès des mouvements armés, surtout après les accusations du représentant local de la force française.
Les rapports entre la France et certains groupes armés du Nord-Mali ont toujours suscité des interrogations. Les Maliens n’ont pas été capables de comprendre les prises de position, les actions et les accointances de l’ex-puissance coloniale avec des mouvements armés du septentrion. Ecœurés par la passivité de l’Etat du Mali face aux manœuvres de Paris dans cette partie du pays, les Maliens avaient fini par se dire que les autorités françaises entendraient raison un jour. Cette attente a duré longtemps même s’il semble que les lignes commencent à bouger. Pour la première fois, le représentant de la force française Barkhane au Mali, le général Christian Allavène a dénoncé les conspirations entre des membres de certains groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation et des mouvements terroristes. « Les différentes opérations que nous avons menées récemment dans le nord, mais pas uniquement, notamment par la saisie d’un certain nombre de pièces à charge, démontrent la collusion qui existe entre certaines personnes de certains groupes armés signataires et des groupes armés terroristes », a révélé l’officier français, mardi dernier, lors d’une conférence de presse à Bamako. Partie de poker ou dénonciations sincères de Paris? Rien n’est moins certain.
Paris semble vouloir redistribuer les cartes dans le septentrion malien. Illogique, la politique française sur la crise malienne a été décriée par plus d’un. Les liens entre la France et certains groupes armés n’ont cessé d’alimenter les commentaires.
Beaucoup d’observateurs ont du mal à comprendre pourquoi Paris traite des mouvements armés de la même façon que l’Etat indépendant du Mali en dépit des connections terroristes avérées des premiers.
Les intérêts géopolitiques et économiques de la France explications sont des raisons qui reviennent généralement dans les débats.
Contestations
Cependant, il semble que les groupes armés sur lesquels la France voulait s’appuyer pour ancrer sa présence au Septentrion ne servent plus les intérêts français. Arrivé aux affaires il y a seulement quelques mois, le nouveau régime français souhaiterait probablement revoir les méthodes jusqu’ici préconisées par l’ex-président François Hollande et sa bande.
Ce changement de procédés passera par le recadrage de la force Barkhane. Lancée le 1er aout 2014, l’opération Barkhane, qui a pris le relais de Serval, est menée au Sahel par l’armée française et vise à lutter contre les groupes terroristes dans toute la région du sahel. Les militaires de cette force sont au Septentrion. Malgré quelques prouesses, leur présence et leur positionnement ont le plus souvent indigné les citoyens, comme en témoigne la mort controversée de 11 soldats maliens le mois dernier. Dans la nuit du 23 octobre dernier, un raid de la force Barkhane contre un campement djihadiste dans la région d’Abeibara au Mali a causé la mort de onze soldats maliens détenus en otages. Une triste situation qui aurait pu être évitée s’il y avait eu plus de communication entre Barkhane et les autres forces armées sur le terrain. Quand on sait que Barkhane doit collaborer étroitement avec la Mission de l’Onu au Mali (Minusma) et les forces armées maliennes, il doit y avoir une ligne directrice applicable et susceptible d’apporter les résultats escomptés. Ce qui n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui malgré que tout se passe sur le territoire malien.
Barkhane, qui ne finit pas d’essuyer les critiques, ne semble pas avoir assez de crédit auprès des mouvements armés du Nord-Mali. Après les accusations de « collusion » du représentant local de Barkhane entre des groupes signataires de l’Accord pour la paix et des réseaux terroristes, des responsables de mouvements armés se sont inscrits en faux contre les dénonciations de la force française.
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) réfute les déclarations du commandant de la force Barkhane qu’elle qualifie « d’allégations graves » contre les responsables du mouvement sécessionniste. Quant à la Plateforme, un regroupement unioniste, elle demande aux responsables de Barkhane de fournir des « informations précises avec des détails supplémentaires sur les personnes accusées de travailler avec les groupes djihadistes ».
Ogopémo Ouologuem
(correspondant aux USA)
Source: lesechos