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Rapport 2017 du Vérificateur Général : L’Office du Niger en ligne de mire

Dissimulation de créances non-recouvrées, passations irrégulières et douteuses de marchés, culture bien ancrée de dépassements dans les opérations de dépenses, etc. Sous la direction du PDG Mamadou M’Baré Coulibaly, le Géant Céréalier malien ne s’illustre pas seulement que par ses prévisions en feux d’artifice et ses productions gonflées d’année en années pour une consommation virtuelle. Dans les champs les moins visibles de l’ON se cultivent en toute opacité des pratiques financières et comptables très peu orthodoxes et sur lesquelles le Vérificateur Général a mis l’accent dans le tout dernier rapport de son mandat.

Le Végal Amadou Ousmane TOURE a en effet remis au président IBK le dernier rapport de son mandat. Un accent particulier y est mis sur certains secteurs aux d’importance capitale où la persistance des manquements est susceptible de porter gravement et durablement atteinte au devenir de notre pays. Il s’agit entre autres du volet « développement rural». Les vérifications effectuées dans ce domaine ont concerné deux structures d’envergure, à savoir :  l’Office du Niger et la Compagnie Malienne de Développement des Textiles, des entités qui occupent une position stratégique dans la productivité agricole et emploient pour ce faire une frange importante des jeunes du monde rural.

Pour ce qui est de l’Office du Niger, le rapport du Vérificateur Général recèle des révélations assez inquiétantes sur les opérations de recettes et de dépenses de l’année 2017.

Selon le Végal, le PDG de l’Office du Niger n’a pas pris de dispositions pour recouvrer des arriérés de campagnes agricoles. Il s’agit de créances non recouvrées sur plus d’un exercice, dont le montant se chiffre à 3, 48 milliards francs CFA.

Qui plus est, lesdites créances sont classées en « report à nouveau débiteur » alors que le compte est inapproprié. Et pour cause, les classer de la sorte revient à les dissimuler dans les écritures comptables de l’ON. Cette pratique, conclut le rapport, ne permet pas d’assurer la transparence des comptes de l’ON.

– Une culture des dépassements bien ancrée 

Pour ses opérations de dépenses, l’Office du Niger ne dispose pas de registre où sont consignées les offres. Alors que la non-tenue d’un tel registre ne permet pas de juger de la recevabilité des plis reçus en fonction du délai de réception des offres.

Concernant la passation des contrats, le Vérificateur Général relève que le Chef du Service Procédures et Marchés a passé des contrats sans mise en concurrence, en violation de la réglementation en vigueur. Un manquement qui ne permet pas de s’assurer que les acquisitions sont faites suivant un principe d’économie et d’égalité.

Il est révélé dans le même document que le PDG de l’Office du Niger a également conclu des marchés sans l’autorisation préalable du Conseil d’Administration et engagé l’entité à travers des contrats de marché dont le montant est supérieur à 100 millions francs CFA, seuil à partir duquel, selon la procédure, l’autorisation préalable du Conseil d’Administration doit être requise.

Le PDG de l’ON est par ailleurs épinglé d’avoir lancé un marché sans disposer de la totalité des fonds estimés à 7,79 milliards de FCFA relatif à des travaux de réhabilitation, d’aménagement et de revêtement dans la zone Office du Niger.   L’enveloppe budgétaire prévisionnelle de la convention de prêt censée le financer étant de 6,11 milliards de FCFA, il en résulte un dépassement budgétaire de 1, 68 milliard de FCFA.

La mission de vérification a également a constaté que dans le cadre du Programme d’Appui à la Mise en œuvre du Contrat Plan de l’Office, l’Ordonnateur national délégué a irrégulièrement approuvé deux marchés et leurs avenants. En effet, la composante «Travaux et infrastructures» de ladite convention est dotée d’un budget de 13 447, 12 millions francs CFA alors que les deux marchés et leurs avenants ont coûté 13 622, 41 millions francs CFA . Le dépassement, d’un montant de 175, 29 millions francs CFA n’a pas fait l’objet de financement et les travaux ont été totalement exécutés avec les fonds destinés aux autres composantes.

Sur les traces du PDG et de ses Directeurs de zone, la mission de vérification a aussi mis le curseur sur des dépassements de chapitres budgétaires. Au niveau de la Direction Générale de l’Office, le montant de ces dépassements, relatives notamment à des dépenses d’entretien, de construction, de fournitures de bureau ou de publication s’élève à 599, 43 millions francs CFA . Le même genre de pratiques est également constaté dans certaines zones à hauteur de 59,13 millions francs CFA. Le montant global des dépassements budgétaires pendant la période sous revue se chiffre à 658, 56 millions de FCFA.

Le chef du Service Procédures et Marchés a choisi quant à lui des fournisseurs pour des contrats simplifiés sans mise en concurrence. Le montant total des contrats simplifiés irrégulièrement passés par entente directe s’élève à 538,06 millions de FCFA. Et le Chef de la Cellule Approvisionnement et Logistique n’est en reste. Il lui est imputé l’utilisation irrégulière de tickets de carburant. Il s’agit surtout de majorations sur les quantités de carburant autorisées par le PDG.

 

(À suivre)

Le Témoin

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