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Ramadan et vie chère : La situation est-elle préoccupante ?

En cette veille de ramadan, le prix de certaines denrées de première nécessité dont l’huile, le mil, le sucre importé ont grimpé. D’autres ne semblent pas être rehaussés par rapport à l’année dernière. Notre enquête dans ce dossier ramadan.

 Les prix de l’huile, du riz, du lait, du mil et le même le maïs, des produits largement consommés par les jeûneurs ont monté en flèche. La situation inquiète les  consommateurs qui veulent passer ce mois de pénitence dans la simplicité absolue.

A Bamako, la plupart des consommateurs ont peur de ce que réservent les vendeurs de denrées alimentaires pendant ce mois de ramadan. Le ramadan doit être un mois de partage et de solidarité nous dit Issa Cissé. « Beaucoup de commerçants font de la rétention des produits afin de les vendre plus chers pendant le mois de ramadan et ils se disent encore musulmans. Alors que ce moment doit être un moment où chacun se donne à Dieu et évite le péché. Il nous faut voir ce côté car déjà il y a d’autres soucis. Essayons de rendre ce moment merveilleux avec la disponibilité, l’accessibilité et la baisse des prix ».

Depuis la flambée de prix, Seydou Guindo commerçant détaillant à Niamana dit arrêter d’acheter certaines denrées. Il s’explique ses raisons : « Depuis l’augmentation du prix du sucre, je n’ai plus vendu le sucre importé. Quand tu prends beaucoup de produits dans la cherté et que le prix baisse, tu perds de l’argent ».

Selon le commerçant, le sucre blanc qui était vendu  entre 20 500 F CFA les 50kg, est vendu entre 21 000 et 27 500 F. Le sucre du Mali est vendu à 26 000 F CFA sinon le prix n’atteignait pas cela. Le riz  « malo wusu » est vendu 24 000f alors que c’était à 21 000 F ».

Aux dires du commerçant de 17 000 F, le riz Gamiaka est maintenant vendu à 19 000 F. Celui  du Brésil est à 18 000 F. Sur le marché de Niamana, les prix de l’huile et le lait connaissent aussi une augmentation spectaculaire.

Vendu avant entre 16 400 F à 20 000 F CFA,  le bidon d’huile de 20l est donné aujourd’hui jusqu’à 24 250 F selon les marchés et 26 000 pour la qualité supérieure. L’huile du Mali qu’on trouvait à 14 000 F est passée à 17 500 F selon les commerçants.

Le sac de 25kg du lait Mixweel, le plus acheté, qui était à 55 000 F est livré à 70 000 F maintenant.

Le mil et le maïs aussi

Au grand marché de Bamako, les commerçants se plaignent également du prix du mil et du maïs. Pour le sac de 100 kg de la première céréale, il faut débourser 40 000 F CFA. La seconde est passée à 37 500F ; soit une hausse de 10 000 F CFA par rapport à l’année dernière. Chose qui étonne même les vendeurs de cultures vivrières. Moussa Traoré commerçant au grand marché explique cette hausse : «  Le problème est que l’année dernière, pendant l’hivernage, les cultures n’ont pas assez abouti. Le kilo du maïs que je vends à 375 F. Chez d’autres c’est à 400 F. L’année dernière son kilo était à 275 F, la différence est remarquable».

Plus abordables qu’au ramadan passé

Dans le panier de la ménagère, la viande n’a pas connu, pour le moment, un changement  à Kalaban-coro et sur plusieurs marchés de Bamako. Aminata Sangaré le trouve  même abordable par rapport au ramadan passé

«L’année dernière, en ce moment, j’achetais le Kg de viande avec os à 3 200 F CFA, mais cette année, je l’achète à 2 900 F. Pour le moment, ça va un peu, mais on ne sait pas si le prix va augmenter encore dans les jours à venir », dit-elle.

Le Kg de viande sans os aussi reste inchangé sur le marché de Sabalibougou, témoigne Bemba Diarra, boucher. Pour qui le rehaussement du prix dépendra de son exportation. « S’ils sont trop exportés, nous serons contraints de vendre la viande chère. En cette veille de ramadan, le prix reste intact, on le vend actuellement 3 200 F. Rien a augmenté ».

Petit soulagement

 Le centre-ville est bien approvisionné en pomme de terre en cette approche de Sounkalo et toutes sortes de légumes de saison.

Coumba Soumano vend différentes variétés d’oignons au grand marché de Bamako. Les oignons du Mali sont plus prisés en ce moment, selon la commerçante. « Nous vendons des oignons de Niono, de Diré, du Burkina. Les Maliens préfèrent l’oignon de Niono parce que c’est moins cher, mais on ne peut pas le conserver pendant très longtemps », raconte la vendeuse.

Chez Coumba, le kilo de l’oignon de Niono coûte 150 F CFA. Ceux de Diré et du Burkina Faso sont donnés entre 200 à 250 F.

Elle ne vend pas seulement de l’oignon, mais aussi de la pomme de terre. Si le choix ne manque pas chez la commerçante, l’écoulement de ses produits l’inquiète. « C’est la saison de la pomme de terre du Mali. Le Kg fait 225 F, mais le marché est très lent. Je pense que c’est un manque de moyen sinon c’est le bon moment pour se ravitailler ».

Comme la pomme de terre, les choux et les tomates sont très abordables en ce moment. Par exemple, le sac de choux est cédé entre 4 000 F à 5 000 F chez les grossistes.

A quelques jours du mois sacré, les Bamakois restent toujours très préoccupés par la flambée de certaines denrées de première nécessité. Selon certains d’entre eux, le mois de ramadan signifie doubler le prix des aliments chez les vendeurs.

Marie Thérèse Coulibaly

Marie Dembélé

(stagiaires)

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RAMADAN/EMBARGO

« Les affres de l’isolement »

 Le mois de ramadan débutera au Mali ce week-end. Les musulmans s’apprêtent à s’acquitter de ce 4è pilier de l’islam dans un contexte marqué par une triple crise, selon le sociologue Moussa Coulibaly.

L’instabilité au centre et les effets de l’embargo sont les deux crises internes qui affectent le climat socioéconomique de l’avis de Dr. Moussa Coulibaly. « Avec l’embargo consécutif à la crise politique, le Mali fait face aux sanctions qui affectent son économie si bien que le panier de la ménagère est le premier à ressentir les affres d’un isolement économique et financier », souligne le sociologue.

Avec un secteur informel déjà déstabilisé par la pandémie à Covid-19, le ramadan de cette année commence en effet dans un contexte marqué par la vie chère.

Si cette situation est une réalité depuis les deux dernières années, selon Dr. Moussa Coulibaly, cependant, la hausse des prix des denrées de première nécessité, qui ne cessent de grimper, complique davantage la vie des ménages pendant ce mois sacré de ramadan, soulignera-t-il.

Pour lui, le Mali, à l’instar de certains de ses voisins, fait face à une troisième crise liée au contexte international, c’est-à-dire la crise en Ukraine. « Le prix des carburants notamment l’essence et le gasoil  ont pris l’ascenseur ce qui a une répercussion directe sur les transports et les prix de certaines denrées vitales », dit-il.

Dans ce contexte tendu, le gouvernement doit s’accorder avec les commerçants et envisager des mesures d’urgence pour stabiliser les prix et favoriser l’acheminement des denrées de première nécessité sur toute l’étendue du territoire national, préconise l’interlocuteur.

Dr. Moussa Coulibaly estime nécessaire de relancer le dialogue avec la Cédéao pour trouver un terrain d’entente. Non pas parce-que « le trésor public s’essouffle, précise-t-il, mais pour permettre à cette Cédéao des peuples de reprendre son envol économique ».

« On ne sait pas jusqu’à quel niveau la crise ukrainienne occasionnera une désorganisation sociale de plus pour le Sahel. Le Mali est certainement visé, mais la Cédéao des peuples est atteinte car la crise affecte du Sahel à l’océan Atlantique », prévient-il.

En attendant des mesures efficaces du gouvernement dans les prochains jours, « la fibre religieuse et patriotique des Maliens doit se manifester », selon le sociologue pour aplanir la souffrance des plus démunis en cette veille du mois de ramadan.

 Kadiatou Mouyi Doumbia

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  TROIS QUESTIONS A IDRISSA DIARRA, IMAM DU CENTRE ISLAMIQUE

« Il ne suffit pas seulement de jeûner »

L’imam du Centre islamique de Hamdallaye, Idrissa Diarra explique, en trois questions, le jeûne, ses obligations et interdits.

 Mali Tribune : Que représente le ramadan dans la religion musulmane ?

Idrissa Diarra : Au regard de la religion musulmane, le mois de ramadan est un temps de prière, d’aumône, et de pardon dont la base est le jeûne imposé par Dieu pour atteindre la piété. Ce mois correspond au neuvième mois du calendrier lunaire et est également le 4è pilier de l’islam. Durant ce mois, les musulmans d’une santé normale s’abstiennent de manger, boire, fumer afin de contribuer aux valeurs importantes de l’islam : telles que le partage, l’entraide et la solidarité. Ce jeûne permet de concrétiser la spiritualité, la patience et l’aumône.

Mali Tribune : Qui doit jeûner ?

I D.: Le mois de ramadan est un mois symbolique qui constitue l’un des cinq piliers de l’islam. Toutes personnes ayant atteint l’adolescence, dotées d’une santé, d’un état physique normal et qui bénéficie de toutes ses facultés mentales peuvent prendre part au jeûne.

Cependant, les gens dont le jeûne affecte la santé sont exemptés. Par exemple les malades, les femmes enceintes et allaitantes, mais aussi des jeunes filles ou femmes qui ont leurs menstrues.

Néanmoins, il existe pour eux un moyen de prendre part à ce jeûne, le partager, par exemple, pendant ou après le ramadan « jour de la fête qui marque la fin du jeûne ».

Mali Tribune : Quelles sont les obligations et les interdictions du jeûne ?

I D. : Le jeûne est obligatoire pour tout croyant sans défaillance au niveau de la santé. On ne peut se dire musulman sans pour autant pratiquer au complet les 5 piliers de l’islam qui sont connues par tous comme les bases. Il ne suffit pas seulement de jeûner, mais de prier et de venir en aide aux personnes les plus vulnérables.

L’islam interdit formellement le jeûne aux personnes malades ou ayant un empêchement bien spécifique de jeûner. Il interdit également tout acte qui pose problème à son prochain. Manger, boire, fumer et la copulation sont aussi interdits pendant la journée lors du jeûne.

Aline Doumbia

(stagiaire)

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SOUNKALO

La foi à l’épreuve de la chaleur

La coïncidence du ramadan avec l’un des mois le plus chaud de l’année inquiète beaucoup les jeûneurs maliens. Beaucoup de Bamakois pensent jeûner malgré la période.

A quelques jours du mois de ramadan, Safiatou Traoré fait le tri dans son placard. Les pantalons et hauts sont bien arrangés au fond. « J’abandonne mes vielles habitudes. Je dois embrasser la posture d’une vraie musulmane », dit-elle. La jeune fille a déjà une idée des habits qu’elle portera durant tout le mois. La combinaison du mois le plus chaud au ramadan l’angoisse par contre.

« Cette immense chaleur associée aux coupures d’électricité répétitives ne donnent du tout le courage de jeûner. Franchement j’hésite beaucoup. Mais quand je pense que cette souffrance n’est rien comparée à ce qui nous attend au-delà, je prends du courage à le faire. La bonté de Dieu est inexplicable. Il nous facilitera notre tâche et nous accordera son pardon », laisse-t-elle entendre, inquiète.

Endurer pour une meilleure récompense et se sentir proche de son créateur, la foi en Dieu  motive certains Maliens, dont Oumar Diarra, à jeuner malgré cette forte chaleur.

« Le jeûne pour moi, c’est d’abord spirituel et au-delà de tout ça c’est la foi. Certes, le ramadan de cette année s’annonce très difficile, mais nous allons jeûner avec plus de dévouement. Rien n’est encore perdu Allah, ne nous abandonnera pas. Il faut se mettre en tête qu’il y aura forcément une porte de sortie pour nous jeuneurs, il suffit tout simplement d’y croire », dit Oumar Diarra.

En plus des devoirs du croyant, le ramadan selon l’imam du Centre islamique d’Hamdallaye Idrissa Diarra, est le seul mois dont le nom apparait dans le coran. D’après lui, « c’est durant ce mois, après Jésus-Christ, que la révélation des saintes écritures a été faite au Prophète Mohamed (PSL). Il est considéré comme le mois le plus saint ».

Ce quatrième pilier de l’islam est une obligation sur tout bon musulman ayant atteint l’âge recommandé, explique l’imam Idrissa Diarra. « La seule chose qui peut empêcher une personne de jeûner est une maladie, mais ça dépend aussi de l’état physique de la personne », précise l’imam. Il ajoutera « Et si par ailleurs la chaleur persiste, il y a des experts qui viennent en parler avec les religieux et ensemble nous trouverons une solution. Car même dans le coran, il est mentionné que lorsqu’on n’est pas en mesure de jeûner qu’on ne le fasse pas. Un seul individu ne peut pas prendre cette décision. La décision prise dépendra aussi de l’avis des docteurs ».

En cette période de canicule, pendant et après la rupture, il y a des précautions à prendre pour faciliter le jeûne et surtout éviter des crises après la rupture.

Pour Dr. Traoré, médecin généraliste à la polyclinique Mohamed V, il faut éviter de s’exposer au soleil. « L’environnement chaud peut entrainer la transpiration ce qui aboutit à la déshydratation. Il conseiller de réduire des activités physiques trop intenses pour éviter un affaiblissement de l’organisme et privilégier les endroits calmes et bien aérer ».

Après la rupture, Dr. Traoré recommande de prendre des aliments liquides et semi liquides chauds ou tièdes. « L’organisme est comme une machine. Si on jeûne, la température du corps baisse. Pour éviter les crises et pour que l’organisme fournit moins d’effort, il est bon de prendre les aliments chauds ou tièdes ».

Aline Doumbia

(stagiaire)

 

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KINKELIBA :

Les vendeurs dans l’allégresse

 A l’approche du ramadan, le kinkéliba est présent sur nos marchés. Cette plante est très sollicitée par la population à la rupture du jeûne.

Plante originaire d’Afrique, le Kinkéliba est généralement consommée dans une infusion. La plante vertueuse aide à traiter les troubles digestifs et les constipations. Il est très sollicité par la population malienne au moment de la rupture du jeûne.

A l’approche du mois sacré, le Kinkéliba ne passe pas inaperçu à Bamako.

Le marché de Médine est bondé de cette plante aux multiples vertus. En cette veille du mois de ramadan, beaucoup de clients s’approvisionner précipitamment avant que les prix grimpent. Le gros sac est vendu de 7 000 à 7 500 F CFA. Le prix de détail commence de 50 à 2000 F CFA.

Aïchata Kané le kinkéliba préfère les kinkéliba de Ségou. Selon elle, malgré qu’il ne soit pas assez parfumé que les autres est un véritable remède pour l’organisme.

« J’utilise le kinkéliba de Ségou depuis un bon moment. Toute ma famille le consomme au petit déjeune. On contracte rarement les maladies, surtout le palu. Mais avec le mois de ramadan qui approche à grand pas, je me ravitaille dès maintenant, car le prix de tous les condiments à tendance à monter dans le mois de ramadan », commente-t-elle.

Les vendeurs quant à eux, ne se plaignent pas du marché pour le moment cette année. Bintou Diakité est vendeuse de kinkéliba au marché de Médine.

Selon elle, les habitués commencent à en acheter en grande quantité. « J’ai plusieurs variétés de kinkéliba de chez nous, notamment de Kita et de Ségou, d’Abidjan de la Guinée Conakry. Le kinkéliba de Kita est très amer et moins sollicité que les autres », explique la vendeuse. A ses dires, le kinkéliba qui est parfumé sous forme de menthe provient de la Côte d’ivoire et il est le plus recommandé par les clients.

Yama Diarra, une marchande, ne trouve pas de difficulté à l’écouler ses produits. « Nous achetons le sac de kinkéliba à 6 000. Nous les revendons à 7 500F. Le marché est meilleur de cette année par rapport à l’année dernière », dit-elle.

Djènèba Traoré, commerçante aussi, ne semble pas être satisfaite de la vente de cette année. Elle s’approvisionnait du Kinkéliba de la Côte d’Ivoire. L’embargo posé contre le Mali affecte beaucoup son petit commerce.

« Le voyage sur la Côte d’Ivoire est très difficile à cause de l’embargo. Je me contente de ceux de la Guinée et du Mali. Malgré les efforts qu’on fournit, les clients se plaignent du prix des fois », s’exprime-t-elle.

La plupart des consommateurs sont en train d’acheter leurs provisions du mois de ramadan dès maintenant pour éviter tout risque de l’acheter plus cher pendant le mois de ramadan, aussi appelé « Sounkalo ».

Marie Dembélé 

(stagiaire)

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