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Rama Yade : «J’étais le pur produit du sarkozysme»

rama yade ancienne secretaire Etat ump livre sarkozyEx-secrétaire d’Etat (UMP) de Nicolas Sarkozy, Rama Yade, qui est conseillère régionale d’Ile-de-France, a rejoint l’UDI de Borloo, où elle est présidente de la commission des investitures.

Vous racontez avoir été enthousiasmée par Nicolas Sarkozy. Sans lui, vous ne seriez pas à droite ?
RAMA YADE.
Sans lui, je ne serais pas en politique ! Quand je le rencontre, je suis bluffée.

Il y a beaucoup d’affectif, d’émotion, c’est mon héros. C’est Nicolas Sarkozy qui m’a donné cette flamme intérieure qui déclenche l’engagement.

Dans votre livre, il y a des annotations très personnelles, parfois même midinettes. On a presque l’impression d’un sentiment amoureux avec le président…

Je vous rassure, il n’en est rien (rires). Je suis dans le registre de l’admiration, il m’apprend la politique. C’est mon mentor. Mais, c’est vrai, dans ses premiers pas de président, on faisait beaucoup de voyages, il recevait partout un accueil chaleureux et j’étais fière. Alors, quand au sortir d’un voyage on est épuisés, on s’endort dans l’avion, je prends mon iPod avec un écouteur, il prend l’autre et on écoute Jean Ferrat ensemble à demi-ensommeillés. C’est cela aussi la politique, c’est parfois plein de tendresse. Et d’autres fois extraordinairement violent !

Il s’est en effet montré dur envers vous, notamment après votre interview dans notre journal contre la visite de Kadhafi…
Non, il était en colère, mais ce sont les éminences grises de l’Elysée qui m’ont tancée. Lui m’a excusée en mettant en avant ma jeunesse. Il m’en a voulu quand j’ai refusé d’aller aux européennes de 2009. C’est à partir de là qu’a été lâché le mot de « capricieuse » et que la campagne de presse contre moi a commencé.

En arrivant au gouvernement, vous découvrez Bernard Kouchner, votre ministre de tutelle. Comment cela se passe-t-il ?
Quand on m’a proposé d’entrer au gouvernement, j’ai demandé à aller au Quai d’Orsay à cause de lui : pour moi, c’était le French Doctor avec son sac de riz en Somalie, j’étais fascinée. C’est un personnage théâtral, avec ses excès en bien comme en mal. Un jour très attachant comme lorsqu’il m’appelle depuis l’Asie pour me féliciter de ma gestion de la crise de l’Arche de Zoé. Mais c’est aussi l’homme qui a toujours raison, qui traite très durement ses secrétaires d’Etat. Ce que je n’ai pas vu, sur le moment, c’est que lui était aussi en difficulté. Parce que le French Doctor devait pratiquer la realpolitik. Il en a beaucoup souffert.

Vous vous heurtez aussi à Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique de Sarkozy…
Lui qui a servi tous les présidents de la V e République depuis Giscard, il voulait m’expliquer ce qu’était le sarkozysme alors que j’en étais le pur produit !

Vous égratignez Rachida Dati, à qui on vous a souvent opposée…
On nous a opposées et souvent mises en concurrence, ce qui n’était pas très élégant. Et nous nous sommes parfois laissé entraîner… Mais on n’a jamais été en conflit sur des choses graves. A la fin, quand nous nous retrouvons le 6 mai autour de Nicolas Sarkozy, c’est chaleureux. J’ai bien aimé ce moment-là avec elle.

Elle a un avenir ?
Oui, parce qu’elle a de la ressource, elle est résistante, redoutable. Elle est de la trempe de Ségolène Royal.

François Fillon fait partie de ceux qui vous ont déçue ?
Je m’entendais bien avec lui. Mais, à partir du moment où je suis arrivée au ministère des Sports, sous la tutelle de Roselyne Bachelot, mes ennuis ont commencé. Il prenait tous les arbitrages en faveur de son amie. Elle, il était vraiment temps qu’elle arrête la politique.

Avez-vous été surprise par le virage de Fillon sur le FN ?
Oui, car ça ne correspond pas à l’image d’homme d’Etat qu’il avait donnée de lui-même ces dernières années. Mais cela en dit long sur sa détermination pour la présidentielle.

Etes-vous intéressée par Paris ?
Pour la mairie de Paris, l’UDI a déjà un candidat, c’est Christian Saint- Etienne. Maintenant, pour les arrondissements, on verra…

On vous annonce dans le XVIII e arrondissement, vous n’excluez donc rien ?
Jean-Louis Borloo est en train de travailler à la construction d’une nouvelle force politique. Il m’a dit qu’il y aura un accord électoral pour les municipales et les européennes de 2014 et qu’il voudrait bien que je m’engage dans l’une de ces échéances. Je ne sais pas encore laquelle, je verrai là où je suis le plus utile.

 

Le Parisien

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