Dans l’interview ci-dessous qu’il a bien voulu nous accorder, le président de la Convergence d’actions pour le peuple (CAP), Racine Thiam, nous parle de son parti, la configuration de la nouvelle Assemblée nationale, la situation de Kidal, l’arrestation du général Sanogo et surtout des 100 jours du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Sur ce dernier chapitre, notre interlocuteur estime que beaucoup a été fait pendant ces 100 premiers jours et s’en félicite.
Peut-on savoir ce que fait Racine Thiam après son départ d’Orange-Mali ?
Racine Tiam : Je vous remercie de m’avoir donné cette opportunité. Je remercie Malijet. Vous faites un travail remarquable et vous participez à l’éclosion et à la consolidation de la démocratie dans notre pays à travers l’information. C’est quelque chose à saluer et à encourager. Moi, depuis quelques temps, je m’occupe principalement d’une école de commerce qui s’appelle ISC Business schools dont je suis le directeur et nous avons aussi lancer un cabinet de Conseil Global Initiative Consult. Ça occupe pratiquement 80% de mon temps, le reste, comme je l’ai promis, je le dédie à la consolidation de notre parti, la Convergence d’actions pour le peuple (CAP) que nous implantons à travers le pays. Voilà ce qui occupe l’essentiel de mon temps.
Comment se porte aujourd’hui la CAP ?
R.T : Le parti se porte bien, les choses évoluent comme on l’a planifié. Nous savons parfaitement où nous souhaitons aller. Nous avons participé à l’élection présidentielle. C’était une manière de dire à l’opinion nationale et internationale qu’une nouvelle génération d’hommes politiques existe au Mali, que nous sommes déterminés et résolument engagés pour le développement de ce pays. C’était l’objectif, on l’a atteint. Avec d’autres camarades, je veux parler des 8 jeunes candidats, nous avons porté haut le flambeau de la jeunesse et je pense que toute la jeunesse malienne est fière de notre parcours. Ce premier objectif étant atteint, le second était d’implanter le parti de manière satisfaisante. C’est une course de longue haleine. Ça ne se fait pas en un seul jour. Nous avons travaillé inlassablement tous les jours pour créer les structures du parti à l’intérieur du pays et je pu vous dire qu’à travers notre participation à l’élection présidentielle, le parti a eu énormément d’exposition médiatique, et aujourd’hui c’est plutôt d’autres jeunes qui nous appellent pour dire qu’ils veulent nous rejoindre. C’est ce qui s’est passé à Koutiala avec une multitude d’associations et c’est ce qui se prépare à Mopti, ainsi de suite. Tout cela parce que le contenu de notre discours, notre proposition était quelque chose qui convenait à la situation et qui correspondait aux attentes de la jeunesse malienne. Donc le parti se porte bien. Vous allez me demander par rapport aux élections législatives. Nous disons que chaque chose a son temps. Nous avons voulu participer aux élections législatives. Nous avions deux candidats à Ségou dans une convergence appelée « Ségou Kanu » qui se sont bien battus avec les moyens de bord. Nous, nous n’avons pas voulu multiplier les candidatures à travers le pays au risque de faire des alliances contrenatures. Pour nous, la constance dans la démarche politique est très importante. Il n’était pas question pour la Convergence d’actions pour le peuple de se retrouver sur des listes avec des gens qui, c’est tout à leurs honneurs, se prédisposent à aller à l’opposition. Nous pensons que pour que notre démocratie s’enracine véritablement, il faut de la clarté dans le jeu politique. Nous ne pouvons pas continuer à dire que les choses sont différentes, qu’il doit y avoir une majorité et une opposition et que la majorité serve de cheval de Troie aux candidats de l’opposition ou inversement. Donc, vu le flou totale qui existait par rapport à la démarche des alliances, que moi je pense être une mauvaise chose pour notre démocratie et dont nous proposerons très prochainement un projet d’amélioration de ce mode de scrutin pour éviter ce type d’amalgames, nous avons préféré ne pas y aller. Nous avons préféré, partout où nos avons des militants, appeler à voter pour la coalition présidentielle à travers le RPM ou dans certaines localités, les partenaires de la coalition « le Mali d’abord » pour des partis comme l’ASMA, l’UDD, parce que nous pensons qu’il est important de donner une majorité au président de la République pour continuer l’œuvre qu’il a bien commencée pour le bonheur des Maliens.
Quel commentaire sur la configuration de la prochaine Assemblée nationale ?
R.T : Je suis très ravi de la composition de la future Assemblée parce que le peuple malien, malgré tout ce qu’on a pu dire, a souhaité conforté le président de la République dans sa démarche en lui conférant une majorité claire, nette et sans bavure. C’est ce que nous avons demandé et c’est ce que le peuple a donné au président de la République, qui dispose au jour d’aujourd’hui de tous les éléments nécessaires pour mener à bien sa politique. Il a une vision claire, il l’a dit au peuple malien et lui donner une majorité confortable permettra à la mouvance présidentielle de dérouler un projet de société digne de ce nom pour atteindre les objectifs que le président de la République s’est fixé et a fixés au gouvernement.
Moi, je m’en félicite, je félicite les partis politiques qui ont participé à cela, je félicite le peuple malien qui, encore une fois a travaillé dans la dignité pour faire ses élections sans anicroches. Je profite de l’occasion pour présenter mes condoléances les plus attristées aux familles des victimes des attentats parce qu’il y a encore certaines forces obscures qui travaillent toujours à ramener notre pays dans la déliquescence et nous n’allons jamais accepter cela.
Quel jugement faites-vous des 100 jours d’IBK à Koulouba ?
R.T : Je suis très à l’aise par rapport à cette question aujourd’hui parce que si vous vous rappelez, j’avais accordé une interview, il y a deux mois de cela, qui a été reprise par Malijet, où je disais que le président de la République a le bon bout, qu’il sait où il va, qu’effectivement il est en train de poser des actes que nous ne pouvons pas mesurer à l’heure actuelle, mais qui, de jour en jour, vont s’affirmer et vont être clairs pour l’ensemble de la population malienne. En ce moment, beaucoup de gens étaient inquiets. Je suis satisfait que 100 jours après que les Maliens se rendent compte qu’IBK est l’homme de la situation, qu’il a su trouver les mots justes, les actions nécessaires pour la quiétude de la population malienne. Le gouvernement est au travail. C’est un travail de longue haleine, les résultats ne peuvent pas se faire voir en un mois, mais le travail se fait dans le bon sens, à mon avis. Les 100 jours ont permis aussi de réaffirmer l’autorité de l’Etat. Vous avez pu voir sur un certain nombre de dossiers sur lesquels je ne reviendrai pas, qui sont pendants devant la justice malienne, que force et autorité restent à la loi et à l’Etat. Je pense que ça va dans le bon sens et le président a eu des mots justes par rapport à la lutte contre la corruption dans notre pays. Je pense que la peur a changé de camp, que l’impunité n’est plus de mise et c’était des actes forts à poser. Maintenant, il y a beaucoup qui restent à faire, le quinquennat est long, il y a énormément d’attentes dans notre pays. On était dans une situation de presque inexistence de l’Etat, il est important que les Maliens sachent que Rome ne s’est pas fait en un seul jour. Il faut donner le temps au président de la République, donner le temps à la majorité présidentielle pour poser des actes, consolider notre démocratie tout en travaillant à l’essor de l’économie, au développement socio-économique de notre pays. C’est ce temps là que nous demandons et je crois qu’on est sur la bonne voie.
Quelle appréciation faites-vous de l’arrestation du général Sanogo ?
R.T : Vous savez, il ne me revient pas de commenter une action de justice. Il est important que dans notre pays, force reste à la loi. Ceux-ci dit, il y a eu des plaintes, l’affaire est pendante devant la justice, il ne m’appartient pas en tant que politique de commenter une action qui est pendante devant les juridictions compétentes de notre pays. Ce qui est sûr, c’est que tout le monde dans ce pays sait maintenant que force reste à la loi .Il y a la présomption d’innocence, laissons la justice faire son travail, elle est bien outillée pour faire cela comme l’a dit le ministre de la Justice. Il n’appartient pas aux hommes politiques de dire, c’est bien ou c’est mauvais. C’est la justice qui a voulu que ça se fasse ainsi et nous, nous respectons la justice malienne.
Comment trouvez-vous la situation de Kidal
R. T : Je l’ai tantôt dit dans le journal « Le Katois » que la gestion de Kidal est satisfaisante pour nous. Vous savez, le temps de l’opinion n’est pas le temps d’un homme d’Etat. L’opinion peut être pressée, à juste raison, qu’on règle un certain nombre de situations le plus rapidement possible, mais l’Etat, c’est autre chose. On a d’autres réalités. Le président de la République, en connaissance de cause, a posé des actes pour ramener la confiance entre toutes les parties. C’était le préalable parce qu’il faut montrer sa bonne foi pour dire que nous sommes prêts à négocier, mais pas à n’importe quelle condition. Et c’était bien même tactiquement de dire que le Mali est prêt à négocier et de voir ce que les autres allaient faire. Si nous, nous disions dès le début que nous ne voulons pas négocier avec eux, c’est avec ses ennemis qu’on parle pour trouver des solutions adéquates. Maintenant que la bonne foi du Mali est prouvée à l’opinion nationale et internationale, la mauvaise foi du MNLA est sur la table et reconnue par l’ensemble des acteurs majeurs dans ce dossier, c’était, pour moi, une stratégie bien élaborée, bien maitrisée et bien exécutée par le gouvernement malien et le président de la République. Je pense qu’aujourd’hui, le président de la République a sifflé la fin de la recréation. Il ne négociera plus, le Mali ne négociera plus avec des hommes armés,’ la population malienne est en train de comprendre que cette question est gérée de façon responsable, avec une vision claire en ayant comme seule cadre l’intégrité territoriale du Mali, qui ne bougera pas d’un iota. Nous pensons là aussi qu’il faut laisser le temps au gouvernement à travers le ministre Cheick Diarrah, qui fait un travail pas très visible mais assez consistant, pour conforter la position du Mali dans cette phase. Cette question existe au Mali depuis maintenant 50 ans. Ça ne peut pas se résoudre en une seule journée. La direction est prise, laissons le temps aux négociateurs, au gouvernement, au président de la République de gérer cette question comme on a pu gérer d’autres situations plus périlleuses que celle-là.
Votre dernier mot ?
R. T : Le dernier mot que j’ai à l’endroit du peuple malien, c’est de dire que le Mali a traversé une crise qui l’a secoué dans ses fondements profonds. Nous étions il y a presqu’une année dans une quasi faillite de l’Etat malien. Tous ceux-ci ne peuvent pas se remettre en place en quelques mois. Le président, Ibrahim Boubacar Kéita, son gouvernement et la majorité nouvelle qui se dégage travailleront à restaurer l’Etat. Ce travail a déjà commencé, mais il faut du temps, de la compréhension et l’adhésion des populations maliennes. Parce que sans leur adhésion, rien de pérenne ne peut se faire. L’appel que je lance véritablement à notre peuple, c’est de rester uni, rester soudé, c’est de se remettre au travail, c’est d’aider nos dirigeants actuels à sortir le pays de l’analphabétisme, de la misère, du sous-développement, du sous-emploi, de l’inexistence des infrastructures dans certaines localités, du fait qu’on a des populations qui n’arrivent même pas à accéder à l’eau potable, du fait que l’électricité reste un luxe pour beaucoup de Maliens y compris pour certains qui sont à Bamako. Vous savez les défis sont énormes, la tâche est ardue. Nous avons une équipe, un capitaine, nous pensons qu’il faut leur laisser le temps et les accompagner, certes, avec des critiques positives mais aussi avec des contributions en idées, en efforts pour que notre pays se remette définitivement débout. Avec cela, d’ici quelques temps, nous pouvons être fiers de ce qui a été accompli par ce vaillant peuple du Mali parce que nous continuons à faire la fierté du monde, on est cité en exemple malgré nos problèmes. Un peuple capable de trouver en son sein des ressorts nécessaires pour se remettre débout en quelques mois et repartir pour faire des élections transparentes, c’est quelque chose d’admirable et moi j’ai de l’admiration pour ce peuple là. Il est important qu’on ne gaspille pas tout cela dans des querelles stériles, intestines. Nous devons tous faire une union sacrée autour du président de la République parce que le Mali a besoin de cela et rien que de cela.
Interview réalisée par Abdoulaye Diakité