L’ancien directeur des mines d’Areva a été mis en examen à Paris pour “corruption” dans l’enquête sur le rachat désastreux pour le spécialiste du nucléaire de la compagnie minière Uramin en 2007, a appris l’AFP samedi de sources proches du dossier.
Sébastien de Montessus a été mis en examen le 29 mars pour “corruption d’agent public étranger”, “corruption privée” et “abus de confiance”, des faits qu’il conteste.
Areva, devenu Orano, avait déboursé 1,8 milliard d’euros pour acquérir le canadien Uramin, mais l’exploitation des trois gisements de la société en Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique s’était révélée beaucoup plus difficile que prévu. L’opération s’était transformée en gouffre financier et avait contraint Areva, fin 2011, à provisionner 1,5 milliard d’euros.
L’affaire est au cœur de deux informations judiciaires.
Un volet comptable, dans lequel l’ex-patronne emblématique d’Areva, Anne Lauvergeon (2001-2011), a été mise en examen ainsi que deux ex-responsables, soupçonnés d’avoir présenté des comptes inexacts pour masquer l’effondrement de la valeur d’Uramin.
L’autre enquête, dans laquelle “Atomic Anne” est témoin assistée, porte sur des soupçons d’escroquerie et de corruption lors de l’acquisition de la compagnie minière.
C’est dans ce volet que Sébastien de Montessus vient d’être mis en examen.
“Les juges s’interrogent notamment sur plusieurs opérations cherchant à savoir si elles auraient pu dissimuler d’éventuels détournements de fonds”, a indiqué une des sources proches du dossier.
Notamment deux contrats dans lesquels Areva a déboursé au total près de 6,9 millions de dollars en 2009 et 2010 en faveur du groupe minier namibien United Africa Group (UAG).
Les magistrats s’interrogent également sur des versements mensuels de 10.000 dollars en 2008 et 2009 au ministre namibien du Commerce et de l’Industrie de l’époque, l’actuel président Hage Geingob.
Sébastien de Montessus est aussi suspecté d’avoir joué les intermédiaires dans la vente d’un luxueux yacht, le Cape Arrow, pour laquelle il aurait perçu un virement de 750.000 euros.
Dans ce volet, Olivier Fric, mari d’Anne Lauvergeon, est mis en examen pour délit d’initiés, soupçonné d’avoir spéculé sur le titre Uramin lors de son rachat en profitant d’informations privilégiées. Ses liens avec un financier belge Daniel Wouters sont également au cœur des investigations.
Ce dernier, recruté en 2006 par Areva comme responsable du développement et des acquisitions de sa division mines, a joué un rôle clé dans le rachat d’Uramin. Placé en garde à vue cette semaine, il devrait être convoqué prochainement par les juges d’instruction financiers, selon une des sources.
Tv5monde