Il y a bien une vie après la vie de ministre est-on tenté de dire. C’est ce que veut prouver Mme Bintou Camara, ancienne ministre de l’Energie et de l’Eau du précédent gouvernement. A cheval entre son domicile de Torokorobougou et son cabinet d’expertise comptable au Quartier du Fleuve, l’ancienne ministre prépare sa médiation dans le différend entre l’ex-footballeur Seydou Kéita et Mme Kadiatou Lah dite Kadia Lah, négociante de produits oléagineux à la tête d’un collectif.
Selon nos sources, Mme Bintou Camara qui a pris cette initiative de son propre chef, ne connait ni Seydou Kéita encore moins Kadia Lah. L’experte comptable veut faire parler sa fibre patriotique pour encourager l’investissement industriel dans le pays surtout de la part de quelqu’un qui a l’âge de ses enfants. En plus, il convient d’aider un jeune de la trempe de Seydou Kéita dont l’initiative permet de créer des centaines d’emplois rémunérés dans le pays et d’importantes contributions au fisc.
Pour la réussite de sa mission, Mme la ministre entend mettre en avant son expérience, mais aussi jouer sur un pan important de notre culture, à savoir le cousinage à plaisanterie. Selon nos us et coutumes, il y a un cousinage à plaisanterie entre les Camara (Kakolo) et les Lah (Djawando). Il est dit que les cousins à plaisanterie peuvent tout se dire et tout accepter entre eux. Donc il n’y a pas de raison que Mme Bintou Camara ne réussisse pas dans sa mission de bons offices. D’ores et déjà, il ne s’agit pas d’accuser ou de soutenir qui que ce soit. La démarche vise à trouver un compromis entre les deux parties en prenant Seydou comme son propre fils.
Un profond différend sur les prix oppose les deux parties. Dans les pourparlers, Kadia Lah parle de 400 F CFA le kilo d’amandes de karité vendu aux étrangers tandis que le camp de Seydou Kéita propose 350 F CFA pour le karité et l’arachide, 650 F CFA pour le sésame et 250 F pour le soja. Ces offres de prix ont été rejetées par le collectif présidé par Kadia Lah en ce sens que les mêmes produits sont achetés très cher par les compagnies étrangères. A cause de cette difficulté d’entente, l’usine est presque à l’arrête faute de matières premières pour son fonctionnement à plein temps. Il s’agit notamment d’arachide, de sésame, d’amandes de karités, de soja.
La SDA, un investissement de 14 milliards de F CFA, conçue pour la production d’huile de consommation, a lancé ses activités de production la semaine dernière. Au cours de cet événement, Seydou Kéita son promoteur avait lancé un cri de cœur aux autorités et à l’opinion publique. A l’entendre, le nouveau Complexe agro-industriel peine à assurer sa capacité de production de 30 000 tonnes/jour par faute de matières premières
L’ancien footballeur malien vivant à Dubaï a pointé du doigt des opérateurs économiques maliens. Ces derniers sont surtout des négociants de la filière oléagineuse qui vendent à l’étranger à des prix défiant toute concurrence.
Face aux propos de Seydou Kéita, Kadia Lah a fait une série d’interventions sur les réseaux sociaux (Tic Tok, web TV, etc.). Kadia Lah s’est montrée particulièrement critique envers le ministre du Commerce et de l’Industrie, qui a selon elle, a vendu ses produits aux enchères et scellé son magasin de plus de 2000 tonnes de marchandises. S’exprimant aux noms des paysans et des exportateurs, elle s’en est prise à Seydou Kéita d’avoir minimisé les producteurs et professionnels de la filière arachide, karité, sésame dans cette affaire.
Un heureux dénouement est vivement souhaité dans ce quiproquo.
Abdrahamane Dicko
Source: Mali Tribune