L’effondrement du site minier artisanal de Bilaly Koto, exploité par des Chinois dans la Commune de Dabia, a profondément ému l’opinion publique malienne et internationale. Ce drame, qui a principalement touché des femmes enceintes et des nourrissons, a été qualifié de “trop” par beaucoup.
En conséquence, le président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta, a donné des instructions claires et fermes au gouvernement dirigé par le général de division Abdoulaye Maïga pour que ce drame ne reste pas impuni, à la différence des précédents.
Ainsi, un mois après l’éboulement du site de Kokoyo et vingt jours après celui de Bilaly Koto, le gouvernement a annoncé le mercredi 5 mars 2025, par la voix du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de division Daoud Aly Mohammedi, et celle de la ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Mariam Tangara, une série de mesures prises lors du conseil des ministres tenu à Koulouba.
Parmi les mesures annoncées, on note l’abrogation des nominations des responsables administratifs impliqués tels que le préfet, les sous-préfets, les responsables des forces de sécurité (police, gendarmerie, garde) ainsi que les services locaux des eaux et forêts, de l’assainissement et du contrôle des pollutions, de géologie et des mines.
La Fédération des orpailleurs du cercle de Kéniéba a vu ses activités suspendues par la direction générale de l’administration territoriale. Celle-ci pointe directement la responsabilité des autorités administratives, en particulier le préfet, les sous-préfets et la gendarmerie.
Autres mesures annoncées : le gouvernement prévoit de réviser certains textes juridiques pour interdire les transactions dans le domaine environnemental, faciliter la récupération des équipements utilisés dans l’orpaillage, et les intégrer au patrimoine de l’Etat.
Les permis d’exploitation artisanale accordés à des personnes étrangères sont suspendus par les collectivités territoriales. Une procédure de dissolution du Conseil municipal de la Commune de Dabia est également envisagée.
Réactions mitigées
Lors d’un point de presse conjoint, les deux ministres ont affirmé que ces mesures visent à renforcer les dispositifs existants pour prévenir les drames humains et environnementaux. Cependant, les opinions divergent. Certains considèrent ces mesures comme essentielles pour restaurer l’ordre, protéger les communautés et assurer une exploitation minière légale et contrôlée.
D’autres, en revanche, craignent que ces décisions ne pénalisent les petits exploitants et artisans qui dépendent de l’orpaillage pour leur survie. Ils redoutent également une application inégale, pouvant exacerber les tensions entre les communautés locales et le gouvernement.
Ousmane Mahamane
ERRATUM
Dans un reportage dans Mali Tribune n°566 du mardi 4 mars 2025, intitulé Kéniéba : Le drame de l’orpaillage traditionnel. Nous avons attribué par erreur, les propos suivants à Adama Foulo Sissoko, membre de la Fédération des mines de Kéniéba, dont les activités sont suspendues :
“Tout notre problème a commencé lorsque nous avons instauré un système de recensement des sites d’orpaillage. Parce que quand un site d’orpaillage devait s’ouvrir, les chefs coutumiers percevaient 2 millions chaque mois comme droit de sol. L’ancien bureau de la Fédération aussi touchait des millions par mois. Mais avec le système de recensement que nous avons mis en place, tout est clair et traçable. Tout le monde sait ce qui a été payé durant le mois et l’année, et cela part directement dans la caisse. Pour nous, ce système est vraiment transparent. Les principaux acteurs du racket sont connus de tous, y compris de l’Etat. C’est l’ancien président de la Chambre des mines de Kéniéba, Lassane Camara, qui a orchestré tout cela pour que notre Fédération soit suspendue, car il ne veut pas de transparence dans la gestion de l’orpaillage. Toutes nos activités sont bloquées par cette mesure. Nous demandons la levée de cette mesure pour que nous puissions continuer nos activités”.
Il s’agit là de l’intervention d’un habitant de la Commune rurale de Kéniéba et témoin du phénomène de l’orpaillage artisanal à Kéniéba, dont nous garantissons l’anonymat.
La rédaction de Mali Tribune tient par le présent erratum, à présenter toutes ses excuses à M. Sissoko et à tous ses lecteurs.
La rédaction
Source: Mali Tribune