Malgré le spectre d’une pandémie mondiale, le Mali s’engage de plus en plus vers des législatives improbables
N’est-ce pas un paradoxe malien, avec le Gouvernement qui organise des ripostes musclées (fermeture des aéroports, des boîtes de nuit, des bars dancings, entre autres, pour contrer la pandémie du Covid-19, faute visiblement de moyens pour y faire face et » oublie » de reporter les législatives et de fermer les lieux de culte ?
C’est, en effet, une chimère et un lieu commun de croire que la » carapace » des mesures suffira à masquer les insuffisances des structures sanitaires qui, secret de polichinelle, manquent de tout et que face au coronavirus, ni les tests, ni les produits de prévention comme les solutions hydro-alcooliques, les gants et les masques professionnels pour le personnel soignant ou les médicaments essentiels ne sont disponibles chez nous à suffisance.
Les autorités sanitaires mondiales ont pourtant appelé, hier mercredi, l’Afrique à » se réveiller » face à la menace du nouveau coronavirus, soulignant que le continent devait se préparer au » pire. »
» Sans langue de bois « , comme l’y a invité notre consœur de RFI, Michel Hamala Sidibé, psalmodiant la litanie des mesures arrêtées par notre pays, l’a reconnu, hier, il est vrai, du bout des lèvres.
Les autorités maliennes gagneraient à imiter le Ministre de la santé et à écouter l’appel de l’OMS adressée à l’Afrique, qui nous concerne en premier lieu, vu la fragilité dans laquelle notre pays est installé.
Aller aux élections législatives prochaines est un poker gagnant pour IBK et le parti majoritaire, certes, mais qui risque de se transformer en poker menteur si le coronavirus s’y ‘invite. N’en déplaise à Boubou Cissé qui a affirmé, hier, le contraire devant un parterre de journalistes. » Coronavirus ou pas, les élections législatives auront bel et bien lieu au Mali » aurait clamé le PM.
Quant au directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, il distille ses arguments lors d’une conférence de presse virtuelle : » Le meilleur conseil pour l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui. » C’est bien connu, cette maladie n’a pas fini de surprendre, elle qui ne se plaît que lors des regroupements, alors que la campagne électorale est morte née du fait des récentes mesures du Conseil Supérieur National de Défense(CSND), l’on voit mal comment on peut aller vers des élections et surtout pour quel résultat si l’hémicycle devra rester vide ou » confiné » comme dans les images apocalyptiques que l’on voit ailleurs à cause des mauvaises décisions.
– Alors, est-ce à dire qu’IBK, comme le PM Boubou Cissé et comme son ami démocrate guinéen Alpha Condé, sait être sourd aux conseils judicieux, quitte à en payer le prix fort ?
Sinon, comment passer, dans ce tumulte mondial et dans l’expectative où se trouve le pays, un marché consacré aux cartes d’électeurs, sans sourciller, si elles ne serviront pas dans l’immédiat ? Et que conclure alors qu’une lecture simpliste des mesures du CSND indiquent clairement la voie à suivre avec l’interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes, alors que le doigt rageur ( heureusement invisible cette fois du président IBK, Boubou Cissé lui servant de portevoix) s’élevant au ciel, désigne les élections à travers les précisions sur RFI de la » voix du maître » (celle du PM Boubou Cissé) qui affirme, péremptoire, que le report des législatives » n’était pas à l’ordre du jour « , là où il doit indexer la fermeture des lieux de culte sans consulter autre chose que le texte fondamental et fondateur de la République laïque ? Et alors qu’il se sait scruté par les légalistes qui attendent qu’il s’assume. Oui ! Monsieur le Président, le peuple scrutateur, inquiet, attend !
Source : l’Indépendant