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Que sont ils devenus… Alassane Kanouté : le premier d’une fratrie de basketteurs !

De nature timide dans la vie courante, Alassane Kanouté est demeuré cependant un grand champion sur le terrain de basketball, avec trois grosses qualités : vivacité, rapidité et adresse. Sans complaisance, il a marqué l’histoire du basketball malien. Ancien sociétaire de l’AS Réal de Bamako, il a conduit la génération des Scorpions qui a mis fin aux dix ans de succès du Stade malien de Bamako. C’était en 1981 où, pour la première fois, une finale de coupe du Mali, a été officiée par deux arbitres étrangers : les Sénégalais Marius N’Diaye et Amadou Sow. Parce que les arbitres maliens étaient accusés à tort ou à raison d’être complaisants en faveur des Blancs de Bamako. Nous avons connu Alassane Kanouté dit Vieux Djan à travers le journal Podium, dont nous découpions les photos pour constituer un album, dans les cahiers que nos ainés nous cédaient pour l’initiation à la classe supérieure. Même s’il ne jouait pas, on faisait référence à lui dans la salle mythique du Pavillon des Sports. Au-delà de ses quinze ans de carrière, il a consacré une bonne partie de sa vie à la balle au panier. A présent, il continue de vivre le basketball. Comment ? Nous le démontrerons.  La rubrique ”  Que sont-ils devenus ? ” a fait un tour dans la famille Kanouté, non loin de l’ECICA, pour une soirée d’entretien. Et à juste raison ! Cette famille a une  particularité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, au Mali ? Qui est Alassane Kanouté ? Quelle a été l’influence de son quartier sur son évolution sportive ?  Comment la famille est-elle devenue une école de basketteurs ? Notre passage dans la famille Kanouté nous  a permis d’une part d’avoir des réponses à toutes ces questions, et d’autre part de découvrir l’exception par rapport à l’unicité des frères du même sang. Une valeur rare actuellement dans notre société.

En chahutait les Khassonkés pour  des vœux qu’ils formulaient à l’occasion des baptêmes des enfants. C’est à dire qu’on bénissait toujours le nouveau-né, afin qu’il soit un cheminot. Parce que beaucoup de vieux de l’après éclatement de la Fédération du Mali le 20 Août 1960 étaient des agents de la Régie des Chemins de Fer du Mali (RCFM). La plupart de ces cheminots  faisaient tout pour y placer le maximum de leurs enfants au moment de leur  retraite. Pour notre part, Khassonké et fils de cheminot, nous n’avons pas eu la chance de travailler au chemin de fer, la fin de nos études ayant coïncidé avec le déclin de la RCFM.

Cette boutade n’est pas gratuite, parce qu’en franchissant le seuil de la porte de la famille Kanouté, nous avons posé la question de savoir, si réellement lors des baptêmes, on formulait des vœux afin que l’enfant devienne un basketteur, comme ses pères et frères ainés ? Voilà une famille où l’on retrouve trois générations de basketteurs, qui ont marqué l’histoire du basketball malien, et continuent de porter haut le flambeau de la balle au panier du Mali à travers le monde.

Famille Kanouté : une classe

 de basketteurs

Alassane Kanouté et Sega Kanouté ont été de grands basketteurs. Leurs cadets Boubacar, N’Djoum Kaba, Oussouby, Jean Djigui, Kankou, Madjita, Fatoumata dite Hadja Kanouté leur ont emboité les pas. Leurs enfants  N’Faly, Siriman, M’Bamakan, Mamadou, Abdramane Alassane junior prennent aujourd’hui la relève de leurs parents. Ils sont tous des joueurs des différentes sélections nationales de basketball.

Rien de plus surprenant, leurs mamans  Altiné Dembélé et Aminata  Sissoko  dite TOM ont fait, elles aussi, les beaux jours des Aigles dames.

Comment Alassane Kanouté est venu au basketball ? Qu’est ce qui explique la transmission de la balle au panier de génération en génération dans la lignée Kanouté ?  Vieux Djan répond : “La proximité du quartier de Medina Coura par rapport au stade omnisports a beaucoup influé sur les activités sportives de ses jeunes. Je pratiquais le football et le basketball. Mais, mon groupe d’amis composé de Sékou Tamboura “Serge”, N’Faly Kanté, Fily Sacko, Issouf Sidibé, Balla Sidibé, Adama Kouyaté, Seydou Cissé, a été exacerbé par les défaites incessantes en basket de nos grands frères (qui jouaient au Réal) face au Stade malien de Bamako, qui menait la cadence. C’est l’une des raisons fondamentales qui nous a poussés à faire du basketball, notre crédo pour laver l’affront. C’est ainsi qu’en 1971 nous avons rejoint ensemble l’équipe minime de l’AS Réal entrainée en son temps par Amadou Sow. Nous profitions chaque fois de sa présence à la maison, pour solliciter des séances d’entrainement, à telle enseigne qu’il a souhaité déménager. Le mini tournoi international qui a regroupé le Mali, le Sénégal, la Haute Volta (actuel Burkina Faso), la Mauritanie, a donné un cachet de solennité à nos ambitions. Notre groupe a complété les équipes visiteuses. Cette compétition avait pour but de créer une interaction entre les jeunes de la sous-région. Malheureusement, l’initiative s’est arrêté à ce niveau, mais à cultivé l’engouement chez les jeunes des quartiers de Medine, de Missira, de Bagadadji, de Darsalam pour la pratique du basket-ball.

Pour répondre à votre question principale, le basketball a été une culture dans ma famille grâce à ma modeste personne. J’ai été le premier à pratiquer la discipline. Vous êtes mieux placé pour parler de mon parcours. Donc, mon jeune frère Sega Kanouté, fier de son ainé, s’est dit qu’il faut être comme lui, et pourquoi pas le dépasser ? Ainsi de suite et les sœurs se sont également intéressées à la discipline. Nos femmes, également des basketteuses, ont donné naissance à des enfants  basketteurs, et voilà que notre famille est devenue celle des joueurs de basket-ball. L’explication est très simple en analysant le cheminement des choses”. 

Devenus des cadets au lendemain du mini tournoi sous-régional évoqué plus haut, la fusion de l’équipe minime du Réal avec la Renaissance Club de Bamako de l’autre côté du goudron en face de l’ECICA donna naissance à l’équipe junior des Noirs et Blancs en 1975. Cela a été un déclic pour l’ascension fulgurante du jeune Alassane Kanouté, qui s’est détaché du lot, aidé en cela par sa taille, son adresse sous le cerceau et loin de celui-ci.

La même année de 1975, il intègre les seniors des Scorpions, et connait sa première sélection en équipe nationale, à l’occasion du match amical international contre l’équipe Olympique de la France qui était en tournée en Afrique. Ce qui n’était pas du gout de ses amis, qui estimaient que tout le groupe doit monter les escaliers ensemble, pour donner plus de sens à sa complicité.

De ce jour, il n’a plus quitté les Aigles jusqu’à sa retraite en 1991 ; et il a porté l’équipe de l’AS Réal face aux ténors du Stade malien de Bamako et du Djoliba AC.

Alassane Kanouté est l’un des rares joueurs de l’histoire du basketball malien à faire un an d’internat. Tantôt, il était avec le Réal, tantôt avec le Stade malien de Bamako, mais aussi avec l’équipe nationale.

Cette constance a fait  d’Alassane Kanouté, l’enfant chouchou du basketball malien, que tous les clubs voulaient  avoir sous leur toit. Les démarches entreprises par les différents dirigeants n’ont pas abouti. Vieux Djan, très attaché à son club, n’est pas tombé dans le piège. Selon lui, l’ossature du Réal et même de l’équipe nationale venait du quartier populaire de Medina Coura. Tous ces jeunes constituaient une famille. Ils prenaient du thé, et s’entrainaient ensemble tous les jours. Donc, il ne pouvait pas se singulariser en trahissant son propre environnement.

Collection de titres

Au Réal, il remporta huit titres de Coupes du Mali -Championnat ( 1981-1982-1983-1984-1985-1986-1988-1989). Il a perdu l’édition de 1987 contre l’USFAS. Cette défaite constitue son seul mauvais souvenir.

Avec les l’équipe nationale seniors, il a participé  au tournoi international universitaire de Mexico en 1979,  à trois phases finales de championnat d’Afrique (Angola  1987- Tunisie 1989 -Algérie  1991), aux championnats de la Zone II en Guinée Conakry (1981), et Guinée Biseau (1982).

Lors de la saison 1989 -1990, après avoir tout gagné avec les Scorpions, fait le tour du monde avec le Stade Malien de Bamako et l’équipe nationale, Alassane Kanouté  transfère à l’AS BIAO, qui était à la recherche d’une équipe compétitive. Tous les grands clubs à l’époque ont payé cash cette ambition de la  Banque internationale. Hamidou Traoré du Stade malien, Moussa Diouf, Amadou Diouf et Samba Diouf du COB, Alassane et son cadet Séga Kanouté du Réal ont été débauchés par l’AS BIAO, qui, pour toute motivation, proposait du travail aux jeunes.

Au bout d’un an, il met un terme à sa carrière et devient du coup l’entraineur de la même équipe.  Après cette aventure de la banque, il prend les rênes du COB, (1995 -1997), du Djoliba (1998- 2001), du Stade malien de Bamako (2002- 2005).

En 2005, il arrête tout pour se consacrer à ses études supérieures à l’INJS, parce qu’il a failli être recalé à cause de la campagne stadiste. En tant qu’entraineur il a été deux fois vice-champion d’Afrique avec le Djoliba Dames en 1997 et 1997 ; médaillé d’argent aux Jeux Africains au Zimbabwe en 1995 avec l’équipe nationale ; quatrième au championnat d’Afrique des Nations à Alger en 1995 ; troisième au championnat d’Afrique junior à Conakry en 2000 ; quatre fois meilleur entraineur du Mali (1997,1998 avec le Djoliba, 2003, 2004 avec le Stade malien de Bamako)

Aujourd’hui, Alassane Kanouté avec le grade d’Inspecteur de la Jeunesse et des Sports, est le directeur du Centre de Kabala. Il a été nommé à ce poste en décembre 2018, après avoir été chef de division Sports à la Direction régionale de la Jeunesse du District de Bamako, puis chef  de Programmation, animation, contrôle au Stade Omnisports.

De 2002 à 2012, il fut Directeur du Stade Mamadou Konaté ; de 2015 à 2016, il assura les fonctions de directeur adjoint du Palais des Sports.

En termes de bons souvenirs, notre héros  pense aux dix ans de suprématie de l’AS Réal sur le basket-ball malien, au championnat d’Afrique de Tunis, son meilleur tournoi où la victoire des Aigles a fait démissionner l’entraineur tunisien. En stage bloqué à Paris, les informations selon lesquelles le coach tunisien mettrait fin à sa carrière d’entraineur national sont parvenues aux joueurs maliens. Une telle déclaration incendiaire et provocatrice ne pouvait que galvaniser les Aigles qui ont mis la manière pour bien corriger l’équipe tunisienne.

Dans la vie, la passion d’Alassane Kanouté, en plus du basketball, c’est la lecture, puis la musique et la natation. Il n’aime pas du tout l’injustice.

Marié, Alassane est père de plusieurs enfants dont il n’a pas voulu donner le nombre. Faudrait-il comprendre par-là que les principes de la grande famille traditionnelle ne permettent pas de faire une différence entre ses propres enfants et ceux des autres frères ! Une autre valeur perdue sous nos cieux.

O. Roger Sissoko

 

Source: Aujourd’hui-Mali

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