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Que contient l’accord de Niono au Mali? [2/4]

RFI vous propose cette semaine une série de quatre reportages sur l’accord de cessez-le-feu inédit conclu le 14 mars pour une durée d’un mois entre les jihadistes de la katiba Macina, liés à al-Qaïda au Maghreb islamique, et les chasseurs Dozos qui les affrontaient pour tenter de protéger certains villages, notamment celui de Farabougou, dans le cercle de Niono (région de Ségou). L’État malien, qui a mandaté les négociateurs, doit encore se prononcer d’ici la fin de la semaine sur un point précis de cet accord.

Cela n’a pas été facile. Mais pour mettre un terme à plus de six mois d’affrontements meurtriers, les chasseurs traditionnels dozos du cercle de Niono acceptent certaines exigences des jihadistes de la katiba Macina – affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans d’Iyad Ag Ghaly, lui-même – liée à al-Qaïda au Maghreb islamique.

Des concessions sur lesquelles revient Nama Traoré, le président des chasseurs de la région de Ségou. « Le fait de venir prêcher dans leur mosquée avec des fusils est une forme de menace pour la population. C’était difficile pour eux, mais malgré tout ils ont accepté et tourné la page du passé. Il y en a qui ont perdu leur propre famille, femmes et enfants. Oublier ça est difficile. Ils ont accepté de pardonner pour la paix et le vivre ensemble. »

Les chasseurs Dozos valident aussi l’obligation pour les femmes de porter le voile dans les zones contrôlées par la katiba Macina, ainsi qu’un partage des décisions de justice traditionnelle entre les oulémas locaux et les jihadistes eux-mêmes – notamment pour les cas de discrimination contre la communauté peule, le conflit entre jihadistes et Dozos s’étant superposé à d’anciens conflits intercommunautaires.

De leur côté, les jihadistes acceptent que les chasseurs Dozos circulent avec leur tenue traditionnelle et leurs armes dans tout le cercle de Niono, et s’engagent à libérer leurs prisonniers. « Lors de la rencontre finale, les jihadistes étaient satisfaits. Ils ont mangé et bu ensemble. Les jihadistes ont laissé entendre qu’ils étaient satisfaits de la rencontre », raconte Oumar Bouaré, intermédiaire entre les médiateurs du Haut Conseil islamique et la katiba Macina.

Mais un point reste en suspens : le cas devenu emblématique du village de Farabougou, soumis par les jihadistes à un blocus presque total depuis six mois, en dépit de la présence de militaires maliens stationnés à l’intérieur du village. Les jihadistes exigent que ces soldats quittent Farabougou. L’accord prévoit pour cela un délai d’un mois.

« C’est le Haut Conseil islamique du Mali qui a demandé le délai d’un mois pour transmettre leur demande. L’accord qui a été trouvé concerne les Dozos et les populations locales. Les militaires ne sont pas partis », affirme Moufa Haidara, chef de la médiation menée – à la demande des autorités de Transition – par le Haut Conseil islamique du Mali.

La décision est à présent entre les mains des autorités de Transition. Préserver le cessez-le-feu en retirant les soldats de Farabougou ? Ou affirmer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ? Le dilemme est réel. La réponse attendue d’ici la fin de la semaine.

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