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Quand le ridicule le dispute à la mégalomanie

Il n’a rien perdu de son mordant. Toujours aussi offensif, excentrique, et provocateur, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) profitant de son congrès du 30 novembre au 3 décembre, à Kidal, fait étalage de sa puissance à travers une parade militaire de plusieurs pick-up surmontés d’armes lourdes.

Presque qu’un mois auparavant, lors du congrès du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), du 26 au 29 octobre dernier, le même spectacle avait été offert à l’opinion nationale et internationale. L’effet d’entraînement l’exigeant, ce devrait être la même démonstration de force militaire au tour du MAA Dissident, à moins que ce mouvement n’ait pas les moyens de ses ambitions.
Les mouvements armés de la Coordination des mouvements armés (CMA) ont réussi à en mettre plein la vue des observateurs. Les plus sceptiques sur la force de frappe de ces mouvements armés peuvent jeter aux orties leurs œillères. La mise en scène pompière se confond bien avec la réalité. Sur ce plan, la mégalomanie galopante des mouvements de la CMA ne repose pas sur des bases frileuses. Ils ont réussi à manquer les esprits. C’est certainement un bon point pour eux ; d’autant plus que les négociations sont toujours tributaires du rapport de force. Même si l’on n’aura pas la prétention de dire à bon chat, bon rat comparativement aux autres forces en présence. Visiblement, ils ne boudent pas leur plaisir.
Mais, la roublardise s’arrête là. En effet, le show off et la frime des mouvements de la CMA connaissent un casse bras : la preuve irréfutable des violations flagrantes des ententes dans le cadre de la Commission technique mixte de sécurité (CTS). En vertu d’une de ces dispositions, les mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix devaient remettre leurs armes lourdes à la MINUSMA.
La Plateforme des mouvements du 14 juin s’est exécutée (partiellement ?).
Par contre, l’exhibition outrageuse des moyens militaires abhorrés entre leurs mains laisse croire que la CMA, en tout cas le HCUA et le MNLA ne sont pas dans une dynamique de rendre leurs armes lourdes. Pour ce qui est des faits : l’Accord est allègrement violé sans aucune désapprobation ostensible. De quoi faire des émules !
Dans la collection des violations de la CMA, il y a également la circulation des véhicules.
Afin d’améliorer la surveillance du cessez-le-feu, la Commission technique de sécurité est convenue d’autres mesures de contrôle pour les groupes armés, notamment l’utilisation de drapeaux et badges d’identification distinctifs des véhicules, l’établissement d’une liste de personnes autorisées à approuver les ordres de mission et l’obligation pour la MINUSMA d’approuver tout mouvement de plus de cinq véhicules ou armes lourdes. Ces mesures ont pris effet le 23 octobre 2017. Si les mouvements signataires enfreignent les nouvelles mesures, la MINUSMA et les forces partenaires peuvent arrêter le personnel du convoi et confisquer les véhicules ou les armements.
Depuis l’entrée en vigueur de cette mesure, la MINUSMA ne fait que constater sa violation récurrente. C’est le fait du prince.
Le comble du ridicule de ce charivari, c’est ce fantasme d’une République fantasmagorique avec son armée qui parade, ses hôtes de marque qui affluent du monde entier pour témoigner de leur amitié et de leur fraternité, ses étalages de fastes (même elle n’a pas un seul forage à son actif dans l’inventaire de ses maigres réalisations)…
Mais, ce que certains appellent ‘’Azawad’’ n’est pas une République. Il est temps d’arrêter de bayer aux corneilles. Parce que les attributs réels d’un État sont toutes les institutions de la nation, au premier rang desquelles se trouvent l’Exécutif et le législatif (présidence ou cour royale, gouvernement et parlements), une organisation administrative, les organes assurant les services publics (l’école, les services de santé, l’énergie, les infrastructures routières…) ainsi que la sécurité avec l’ensemble de ses corps dont le plus important est l’armée. Il y a les attributs assurant les moyens de subsistance de l’État, les impôts, la frappe de la monnaie. La représentation diplomatique à l’étranger et celle des autres pays sur son territoire. Il y a un trouble obsessionnel du déni par lequel le pinaillage supplante le réel. Ils ratiocinent, se contorsionnent pour mieux (re) vendre leurs obsessions (identitaires, de repli). Les prises de risque audacieuses pour obtenir des gains aléatoires sont sidérantes.
Alors, l’Accord, cet Accord de tous les espoirs de paix et de réconciliation, cet Accord de réaffirmation de l’unité nationale et de l’intégrité du territoire, ne serait-il qu’un accessoire, un marchepied pour accéder à ce qui focalise, sous cape, toutes les énergies ? Un proverbe allemand dit : ‘’garde-toi des chats qui lèchent par devant et égratignent par derrière’’.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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