Après sa libération par la DGSE malienne où il a été détenu pendant trois jours, Me Hassane Barry suspecté de collaborer avec des terroristes était ce 4 décembre 2019, l’invité de notre confrère Sékou Tangara sur Africable. Me dément la version de liberté sous contrôle avancée par les autorités nationale au lendemain de sa libération. « Il n’y a pas de dossier Me BARRY. Je n’ai pas vu de juge d’instruction et je ne suis pas sous contrôle judiciaire », a laissé entendre l’avocat. Comment les deux supposé terroristes ont été arrêtés ? Me Barry est-il en intelligence avec les groupes armés qui sèment la terreur au Mali et au Burkina Faso?
Voici les réponses qu’il a données aux questions posées par le confrère Tangara.
Africable TV : Vous aviez été arrêté par la SE, qu’est-ce qui s’est passé?
Me Barry : D’abord, un Vive remerciement au bâtonnier et à l’ordre des avocats pour leur mobilisation, pendant ma séquestration à la SE en violation de l’article 6 du règlement intérieur de l’ordre des avocats.
En effet, le 21 Novembre dernier, j’étais dans mon bureau, le directeur du contre terroriste de la SE m’a appelé pour dire que le général Diawara souhaitait me rencontrer.
Compte tenu de mes rapports avec ce service, lequel m’a sollicité à plusieurs reprises concernant certains dossiers, j’ai décidé de me présenter à la SE.
Quand je suis arrivé là-bas, on m’a fait asseoir dans un bureau puis dans un autre de 11h jusqu’à 17h sans voir personne.
Ensuite, les enquêteurs sont venus pour m’interroger. Après m’avoir demandé de décliner mon identité, ils veulent m’interroger sur mon lien avec les deux présumés terroristes arrêtés 2 jours plutôt. Ils commencèrent à dire que ces gens-là étaient venus de BOULKESSI dans l’optique d’acheter des armes et munitions pour faire des attentats à Bamako. Qu’ils m’avaient donné également beaucoup d’argents pour soudoyer des magistrats afin de faciliter la libération de deux de leurs camarades détenus à la prison centrale de Bamako.
J’ai dit, c’est faux et archifaux!
Contrairement aux rumeurs que le service a fait circuler en connivence avec certains journalistes pour assurer le service après-vente, ces individus n’ont pas été arrêtés au grand marché de Bamako.
Africable TV : Ils ont été devant le pôle judiciaire ?
Me Barry : Ces gens étaient venus me voir dans mon bureau pour leurs aider à trouver des permis de visite afin qu’ils rendent visite à leurs camarades détenus à la prison. Je leurs ai dit de garder leurs motos dans la cour de mon cabinet et sont rentrés dans ma voiture pour aller au tribunal. À notre arrivée, le juge était absent.
J’ai pris un autre RDV avec ce dernier pour le lendemain. En partant, j’ai donné 10.000f aux deux individus pour qu’ils retournent au cabinet afin de récupérer leurs motos. Et c’est lors de ce RDV devant le pôle judiciaire du tribunal que ces deux individus ont été arrêtés par la SE.
Africable TV : Mais Me, la Sécurité d’Etat n’a-t-elle pas raison d’interpeller ces gens-là quand on sait que l’un des deux arrêtés est le frère de Zafar Dicko?
Me Barry : Quand votre frère est terroriste, cela ne fait pas de vous un terroriste!
Africable TV : Mais dans le rapport de la SE, il est mentionné que des libérations suspectes des terroristes ont eu lieu lors des Cours d’assises?
Me Barry : Je n’ai pas reçu d’argent pour soudoyer les magistrats. Je n’ai pas besoin de le faire. C’est faux et archifaux.
Africable TV : Pouvez-vous nous expliquer la vidéo dans laquelle vous apparaissez à côté de Kouffa?
Me Barry : Oui, je confirme cette vidéo et l’État a été impliqué du début jusqu’à la fin.
J’ai rencontré Kouffa avec un ami plus le colonel Malamine KONARÉ. Cette rencontre a permis la libération de certains otages. Et j’ai été surpris de voir après dans une publication du ministère de la défense que cette libération a eu lieu grâce à la SE. Je dis c’est faux!
Africable TV : Mais aviez-vous un ordre de mission pour rencontrer KOUFFA?
Me Barry : Je n’avais pas parce que je ne suis pas fonctionnaire. Et quand j’ai vu un communiqué du ministre Yaya Sangaré pour dire cela, il m’a fait pitié. D’ailleurs, je ne l’en veux pas, car il ne peut pas être au courant, car il n’est qu’un simple porte-parole.
Cette question était traitée au plus haut sommet de l’État.
Africable TV : Pourquoi cette facilité à rencontrer KOUFFA ?
Me Barry : Je faisais partie de la liste des gens que KOUFFA voudrait décapiter (il nous traitait de collaborer avec l’État). Mais ce sont les anciens détenus qui ont dit à Kouffa qu’il se trompe concernant Me BARRY.
C’est à la suite de ça, que KOUFFA a accepté de nous recevoir pour discuter. J’étais accompagné par un ami plus le colonel Malamine KONARÉ (un valeureux officier qu’ils ont voulu salir). Et la présence de ce dernier à crédibiliser cette rencontre. Nous avions discuté toute la journée, ce qui a abouti à libération de certains otages. Aujourd’hui, nous sommes bloqués à cause de la guerre sanglante menée entre la SE et le renseignement militaire.
Africable TV : Où avez-vous rencontré KOUFFA?
Me Barry : Demandez à la SE.
Ce qu’il faut retenir aujourd’hui, Kouffa est prêt à discuter avec tout le monde. Ces conditions de discussions tournent autour de l’application de la charia et le départ des forces internationales. Et nous pouvons en discuter.
Africable TV : Comment expliquez-vous l’accalmie qui règne actuellement au centre?
Me Barry : Cette accalmie au centre est due à notre implication auprès de KOUFFA. Il a promis qu’il n’y’aura plus ce que nous avions connus dans le passé. Certes, KOUFFA a tué des gens, mais les milices ont tué plus que lui.
Africable TV : Vous confirmez votre contrôle judiciaire?
Me Barry : Il n’y a pas de dossier Me BARRY. Je n’ai pas vu de juge d’instruction et je ne suis pas sous contrôle judiciaire.
Je voudrais que les Maliens comprennent, la SE n’est pas habillée à mener des enquêtes. Elle n’a pas de rôle d’enquêtes.
Africable TV : Mais Me BARRY, les Maliens ne comprennent pas que vous défendiez les gens qui prennent des armes contre les FAMA?
Me Barry : D’abord, ce qui n’est pas interdit par la constitution est autorisé. Donc, je n’ai violé aucune loi de mon pays. Je le fais d’abord parce que c’est ma communauté et on vient me voir pour me constituer comme leur avocat.
Africable TV : Le problème est ?
Me Barry : On a créé une union incestueuse entre l’armée et les milices. Et ce n’est pas la lutte contre le terrorisme.
Continuons de dialoguer entre Maliens.
Africable TV : Est-ce possible un dialogue entre Toloba et KOUFFA?
Me Barry : C’est possible jusqu’à Iyad. Et je suis convaincu de cela donc, sortons de nos egos pour permettre ce dialogue avec KOUFFA et Iyad.
Africable TV : Est-ce possible de revenir au moment d’antan ?
Me Barry : Je l’espère!
A condition que l’État joue son rôle. Il faut comprendre, c’est la faillite de l’État qui nous a conduit à tout ça aujourd’hui. Le fait de confondre le peul au terroriste. Alors que cela n’a rien à voir.
Africable TV : Le rêve est-il permis?
Me Barry : Oui le rêve est permis si l’État s’assume.
Source : Info-Matin