Il y a 25 ans, un remplaçant mis à l’écart par le coach parisien se muait en sauveur. De quoi prendre exemple?
FOOTBALL – C’est sans doute encore, à l’heure actuelle, le meilleur souvenir des supporters parisiens sur la scène continentale. Coupe de l’UEFA 1992-93, quart de finale retour. Le PSG de David Ginola et George Weah a coulé à l’aller au stade Santiago Bernabeu (3-1), sur des buts notamment d’Emilio Butragueño et Michel. Mais la fin du match retour au Parc des Princes entrera dans la légende du club parisien, avec un coup de tête fameux d’Antoine “casque d’or” Kombouaré au bout du temps additionnel. Le tout, sublimé par une ambiance exceptionnelle dans le stade et la voix chaude de Thierry Gilardi à la télévision. Pour l’Histoire.
Mais faut-il prévoir un tel scénario ce mardi 6 février 2018? “C’est parti comme il y a 25 ans donc il faut que cela se termine pareil”, espère Bernard Lama, gardien du Paris Saint-Germain lors de l’exploit de 93.
Comme à l’époque, les joueurs de la capitale sont condamnés à une “remontada” au Parc des Princes, après avoir manqué leur rendez-vous à l’aller, terminé sur une défaite 3-1. “Naïveté, manque d’expérience et de vécu. On les avait trop respectés”, détaille l’ancien joueur avant d’ajouter: “On était revanchards au retour. C’est avec ce même état d’esprit que les Parisiens devront entrer sur la pelouse du Parc pour écrire leur propre histoire.
Il y a 25 ans, le PSG version Canal + (depuis 1991) affichait ses nouvelles ambitions en frappant un grand coup sur la scène européenne avec cet exploit majeur. Le genre de performance après laquelle courent encore les Parisiens, six ans après l’arrivée des actionnaires qataris. La rencontre contre Madrid pourrait donc être un déclic, à condition de montrer un meilleur visage qu’à l’aller.
Antoine “casque d’or” Kombouaré, héroïque
Et pour ce faire, il n’y aura pas le prodige Neymar, rentré au pays pour soigner une vilaine blessure au pied. Un drame pour de nombreux supporters… qui devraient, une nouvelle fois, regarder la confrontation de 1993 pour se mettre (un peu) de baume au coeur.
Il y a près de 25 ans, Alain Roche, élément clé de l’équipe, élu meilleur joueur français en 1992 est suspendu pour le retour face au Real. L’entraîneur de l’époque titularise alors un Antoine Kombouaré en proie aux doutes. “Antoine avait tellement morflé… Il avait eu une saison compliquée, il était en concurrence avec Alain Roche et Ricardo, il ne jouait pas souvent. Pour lui, ce match et Anderlecht avant, c’est une aubaine”, se souvient son ancien coéquipier Vincent Guérin.
Titularisé par la force des choses, le Kanak envoie le PSG en demi-finale de la coupe d’Europe, d’un coup de boule magistral inscrit à la 96e minute. Devenant Antoine “casque d’or” Kombouaré pour l’éternité.
Quelques semaines plus tôt, au tour précédent face à Anderlecht, ce même Kombouaré n’avait pas supporté sa mise sur le banc au profit de Jean-Luc Sassus, de retour de blessure. “Je veux partir, je n’en peux plus. C’est trop dur d’être remplaçant”, avait-il lancé à Michel Denisot, alors président du PSG, moins d’une heure avant le début de la rencontre, comme l’explique So Foot. Plusieurs instants plus tard, Antoine Kombouaré entrait en jeu à la place de Sassus, à nouveau blessé, et marquait de la tête pour qualifier le PSG. “Il y a tout dans son but, la joie, la colère d’avoir débuté dehors, le plaisir de nous qualifier”, se souvient Alain Roche.
Angel Di Maria, de blacklisé à sauveur?
Un quart de siècle plus tard, Angel Di Maria a tout pour endosser le même costume de sauveur. Le ‘Fideo’ (le spaghetti) remplacera sauf surprise de taille Neymar dans le choc opposant Paris au Real Madrid, une équipe qu’il avait conduite à la ‘Decima’, la dixième Ligue des champions de son histoire, en 2014. Une belle revanche pour un joueur irrégulier -écarté par Unai Emery au match aller- mais capable de traits de génie, et qui avait donc porté le Real en 2014 puis la sélection argentine lors de la Coupe du monde qui avait suivi… avant de se blesser et de manquer notamment la finale perdue contre l’Allemagne.
Lors de la manche aller de ce huitième de finale de Ligue des champions, le 14 février dernier, il avait rejoint le bus du PSG le regard sombre et le visage fermé. Paris avait perdu 3-1, et son entraîneur l’avait laissé sur le banc pendant tout le match. Triste anniversaire pour celui qui était devenu trentenaire.
Trois semaines plus tard, le gaucher est en pleine forme. Auteur de 13 buts en 2018 après une première partie de saison transparente, l’Argentin bénéficie de la confiance de ses coéquipiers et ce malgré quelques épisodes de “bouderie”. Car ce grand affectif au pedigree prestigieux déplorait sa rétrogradation malgré les performances pas toujours linéaires de Kylian Mbappé. Il “pète la forme”, a par exemple observé Thomas Meunier samedi 3 mars après le match gagné à Troyes, tandis qu’ Emery estime qu’”Angel Di Maria est un joueur important, qui a la qualité pour faire la différence. Il a de la confiance, de l’envie aussi.”
Les deux hommes ont sans doute en mémoire la performance XXL de Di Maria lors du huitième de finale aller de Ligue des champions face à Barcelone (4-0), un an plus tôt au Parc des Princes. Ce soir-là, le natif de Rosario s’était offert un doublé pour son anniversaire et avait fait peser un danger permanent sur le but des Catalans.
Ce mardi, c’est une toute autre histoire qui se jouera au Parc des Princes. L’histoire du Paris Saint-Germain version qatarie, qui doit, absolument passer ce cap des huitièmes de finale. “Je ne pense pas que pour le PSG d’aujourd’hui, le poids de l’histoire compte énormément. En fait c’est leur histoire qu’ils doivent écrire. (…) À eux de faire le boulot!”, résume Bernard Lama.
Par huffingtonpost.fr