La loi instituant les mesures pour promouvoir le genre dans les fonctions nominatives et électives a été adoptée par l’Assemblée nationale en décembre dernier. Deux mois après ce processus, les acteurs du secteur étaient réunis jeudi dernier à l’hôtel Mandé à la faveur d’un atelier d’élaboration du projet de décret relatif à l’opérationnalisation de ladite loi. La rencontre a été initiée par le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille en collaboration avec le National democratic institute (NDI).
L’atelier était destiné à favoriser l’adoption d’un décret consensuel prenant en charge autant que possible les préoccupations manifestées par les députés et les différents acteurs en vue de minimiser les difficultés liées à l’application de la loi. L’opération consistait, entre autres, à élaborer un draft de l’avant-projet de décret d’application, planifier des activités de diffusion de la loi et de son décret d’application en vue d’une meilleure compréhension. Les participants de cet atelier étaient aussi appelés à apporter un appui technique à « la validation » du futur projet de décret.
La loi fraichement adoptée par l’hémicycle vise à réduire les inégalités de représentation aussi bien des femmes que des hommes. Elle constitue une étape importante pour accroître de manière significative le nombre de femmes dans les sphères de décision. Lors de son adoption, plusieurs préoccupations avaient été formulées sur les difficultés liées à sa mise en œuvre. Quel sera, entre autres, le sort réservé aux listes qui ne pourront pas respecter la loi dans ces conditions ? Comment se fera l’application de la loi lorsque la liste de candidatures ne comporte qu’un ou deux candidats, comment se fera le positionnement ?
Le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Sangaré Oumou Ba, a souligné qu’avec ce dispositif législatif et réglementaire, les femmes ont le droit et le devoir de se mettre encore plus haut pour construire le Mali d’aujourd’hui et de demain et engager notre pays sur les « autoroutes » du développement durable. Cependant, a-t-elle indiqué, la réalité de notre vécu doit guider notre réflexion sur le projet de décret. En effet, le débat sur la participation effective de la femme à la vie publique exige un esprit ouvert, une négociation de partenariat gagnant-gagnant, un respect de l’autre dans sa sensibilité, dans ses émotions, dans ses craintes et ses inquiétudes.
Mme Sangaré Oumou Ba de recommander : « Sachons savoir raison garder, avoir le goût de la persuasion, de la conviction dans notre démarche, de l’humilité dans notre regard ». La loi adoptée par l’Assemblée nationale et promulguée par le président de la République ne suffit pas, de son point de vue, et il faut, dès à présent, répondre aux préoccupations des uns et des autres. C’est-à-dire prendre en compte dans ce projet de décret les bonnes décisions, celles qui permettront d’avancer sans heurts, ou du moins les minimiser. Mme Sangaré Oumou Ba a donc plaidé en faveur d’un consensus afin d’avoir un texte qui facilitera l’appropriation de la loi par tous.
Le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a proposé quelques principes à prendre en compte lors de l’élaboration du décret en gestation. Il faut veiller que le projet de décret ne soit pas anti-démocratique et repose avant tout sur le principe constitutionnel de l’égalité totale entre les citoyens (article 2 de notre Constitution). Le texte ne doit pas non plus être contre la culture, la religion, les coutumes et les valeurs traditionnelles.
Bref, le texte doit permettre de rendre à la Malienne la place convenant à son apport au sein de la société. Le projet de décret doit ainsi rendre justice à l’immense participation et à la contribution des femmes au processus électoral et à la résolution de la crise sécuritaire, politique et institutionnelle de notre pays.
Mme Sangaré Oumou Ba a remercié les députés pour leur engagement, leur soutien lors de l’adoption de cette loi qui procurera aux femmes le droit de participer activement à la vie publique, à la construction de la démocratie dans notre pays.
M. A. TRAORE
Source : Essor