Mme Bamby Sow comme une patriote engagée, intègre, loyale, doté d’un sens élevé du devoir accompli. « Les compétences et les qualités reconnues en elle par les plus hautes autorités du pays lui ont valu d’être citée en exemple parmi les filles méritantes de la nation et d’être décorée de la Médaille d’or de l’indépendance. »
Le colonel Djingarey Touré a exhorté les générations actuelles et futures à s’inspirer de l’exemple de Mme Bamby Sow pour que triomphent les idées qui lui étaient chères et pour lesquelles elle s’est battue. Au nom du Grand maître des Ordres nationaux, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita, des membres du conseil des Ordres nationaux, il a présenté à la famille de l’illustre disparue et aux médaillés d’or encore vivants, ses condoléances les plus émues.
Le Grand chancelier a aussi prié pour que le tribunal devant lequel elle nous devance, lui soit favorable et que le Tout-Puissant l’accueille en son paradis. Cette combattante, dont le Mali ne doit pas oublier les mérites, repose désormais au cimetière de Kalaban Coura.
Mme Bamby Sow, affectueusement appelée Gogo, figurait parmi les 32 femmes médaillées d’or de l’indépendance. Elle faisait donc partie du club fermé des 414 détenteurs de la prestigieuse Médaille d’or de l’indépendance. Cette distinction, la plus haute à l’époque, a été instituée en 1966. Ils ne sont plus que six médaillés d’or de l’indépendance en vie.
Mme Bamby Sow a fréquenté l’école primaire « Sud » de Bolokouté à Bobo Dioulasso au Burkina où elle obtint son certificat d’études primaires. Mais elle ne fera pas de longues études car ses parents la donneront en mariage à un gérant de la compagnie Chavanel (un comptoir français), un militant de l’US-RDA à Kéniéba.
Dans le sillage de son mari, elle se lancera en politique et devint la première présidente des femmes de l’US-RDA à Kéniéba. Elle mit son statut de présidente au service de l’entente et de la solidarité entre toutes les femmes jusqu’au coup d’État militaire de 1968 qui renversa la 1ère République.
Mme Bamby Sow fut la première aide-soignante du dispensaire de Kéniéba. Un poste qu’elle a tenu jusqu’à sa retraite en 1973. Cette femme pour qui l’indépendance du Mali représentait un moment de légitime fierté, était mère de quatre enfants dont deux filles.
La Fédération du Mali, et plus tard la République du Mali née le 22 septembre 1960, ont récompensé son combat politique. Hormis sa Médaille d’or, elle est entrée en 2006 dans le club des médaillés du mérite national en devenant, sans doute en sa qualité de femme pionnière, Officier de l’Ordre national. En janvier 2015, elle a été élevée au grade de Grand officier de l’Ordre national du Mali.
Pour Youssouf Traoré, également médaillé d’or de l’indépendance en 1966, c’est tout le Mali qui est en deuil suite à la disparition de Mme Bamby Sow. Cette dame, confirme-t-il, était une combattante qui a pris une part active à toutes les luttes syndicales et politiques. Il sait de quoi il parle car celle qu’il appelle « sa sœur » fut sa collaboratrice lorsqu’il était gouverneur de Kayes. L’intégrité, la modestie et l’humanisme sont des qualités qu’il retient de cette ancienne matrone qui a sauvé beaucoup de femmes à l’accouchement.
Dors en paix Mme Adja Bamby Sow, la patrie te sera éternellement reconnaissante.
A. D. SISSOKO
Source : Essor