Les promoteurs immobiliers se sont appropriés l’objectif de réalisation de 50 000 logements sociaux pour le quinquennat 2014-2018
Le nombre de demandes en logements sociaux est estimé actuellement au Mali à plus 440 000 unités dont 200 000 unités pour la diaspora, 196 000 unités pour les fonctionnaires et les salariés et 44 000 pour les non salariés. Pour répondre à ce besoin, les autorités ont initié, depuis l’indépendance, un programme de construction de logements sociaux qui a acquis une nouvelle dimension à partir des années 1990.
Auparavant, les logements étaient conçus pour les cadres de l’Etat. C’est dans cadre qu’a ainsi été créée la Société d’équipement du Mali (SEMA). Dans les années 1990, la construction de logements sociaux a été étendue à des destinataires appartenant aux couches moyennes. En 2002, les couches à faibles revenus ont été prises en compte donnant, depuis, une dimension plus importante à la politique de construction de logements sociaux. De l’indépendance à nos jours, 10 000 logements sociaux ont été construits.
Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta a décidé de multiplier ce nombre par cinq dans les prochaines années. Ainsi pour le quinquennat 2013-2018, est prévue la construction de 50 000 logements sociaux dont 2052 ont déjà été remis à leurs bénéficiaires au titre de la tranche 2014-2015. « C’est un pari osé, mais il est réalisable », assure le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dramane Dembélé, dont le département, à travers l’Office malien de l’habitat, a été chargé de traduire en objectifs l’ambition du chef de l’Etat. Il explore donc les voies et moyens possibles pour sa concrétisation. D’où l’association du secteur privé à l’objectif.
Pour le président de l’Association des promoteurs immobiliers du Mali, (APIM), Moussa Coulibaly, la réalisation de 50 000 logements sociaux en cinq ans annoncés dans le projet de société du président Keïta, est une initiative vivement accueillie par les promoteurs immobiliers qui se sont portés en première ligne dans sa mise en œuvre.
UN FONDS DE GARANTIE. La réalisation de ces logements sociaux, explique-t-il, ne signifie pas seulement la construction – clef en main – par le gouvernement de ces logements. Elle concerne aussi toutes les facilités accordées au secteur privé, aux particuliers ou encore aux coopératives d’habitat dans le but d’aider le maximum de Maliens à bénéficier d’un toit. « De nos jours, le gouvernement a accordé beaucoup d’avantages aux promoteurs immobiliers qui, à leur tour, ont offert aux citoyens des facilités pour avoir un toit à moindre coût. Il est difficile de dire avec exactitude le nombre de Maliens qui ont bénéficié de ces avantages », indique le président de l’APIM.
Depuis que le gouvernement a dévoilé ses ambitions dans le domaine des logements sociaux, l’APIM a engagé la réflexion afin de jouer sa partition, et surtout de trouver des solutions durables à la problématique de l’accès à un logement décent par les Maliens de toutes les couches sociales. Cette réflexion a permis de créer un fonds de garantie avec le concours de partenaires nationaux et internationaux.
L’utilisation de matériaux locaux, notamment la brique « H » qui a fait ses preuves, et la promotion de la culture de l’épargne par les demandeurs de logement sont également des résultats de cette réflexion qui permettra bientôt la construction de 3000 maisons à Samanko.
Le programme de ces 3000 logements est conçu selon le concept « ville moderne ». Il inclut tout ce que cela nécessite d’équipements collectifs : centre de santé, équipements marchands, garderie d’enfants, école fondamentale, lycée classique, école technique et professionnelle, plateau sportif, centre administratif.
Comme à Samanko, l’initiative de « ville moderne » de l’APIM est aussi en train de faire son chemin à Dialakorobougou. Ici plus de 1050 logements de divers standings seront construits dans le cadre du partenariat public-privé. « Nous avons construit des maisons qui ont déjà été vendues. De même, grâce également au fonds de garantie hypothécaire, beaucoup de personnes ont pu se payer une parcelle d’habitat et construire leur maison à travers les facilités dans les banques », explique notre interlocuteur qui annonce que l’initiative sera également étendue aux régions afin de construire de véritables villes modernes.
UN NOUVEAU SOUFFLE. A ces actions du secteur privé, s’ajoutent les facilités accordées aux coopératives d’habitat des sociétés et entreprises. « De nos jours, il y a un grand engouement pour les membres de ces regroupements qui peuvent facilement obtenir de l’argent auprès des banques pour construire leurs logements. Le fonds de garantie a donné un nouveau souffle aux coopératives d’habitat », témoigne le patron de l’APIM.
Une autre action du secteur privé réside dans la signature, le 16 mars 2015 à l’hôtel Radisson Blu, de plusieurs protocoles d’accord pour l’édification de 20 000 logements sociaux à travers un partenariat public-privé.
Le programme immobilier projeté par ces protocoles, coûtera globalement 370 milliards de Fcfa et sera exécuté par 19 entreprises immobilières nationales et internationales. 75% de ces logements seront destinés à des bénéficiaires à revenus faibles ou intermédiaires. Le financement sera assuré par des entreprises et des banques.
Les entreprises concernées par le programme sont : Africa Invest, Sifma, Arbet, Awiai, Sanké immobilière, Sélection immobilière, El Salem Home, Livia, Geci, Helene immobilière, Sacogec, Sopromac, Insat, Dia immobilière, Korka immobilière, entreprise Bocary Sagara, Komé immobilère, Banga immobilière et Kriston. A ce programme se greffent deux autres en cours de réalisation également par le secteur privé. Celui conclu avec la société chinoise CMEC portant sur l’édification de 24 000 logements pour un coût total évalué à 460 milliards de Fcfa et la construction de 20 000 logements à N’Tabacoro pour plus de 300 milliards de Fcfa.
De même, la cérémonie de remise des clés, le 31 juillet 2015 à N’Tabacoro, a été couplée avec la pose, par le chef du gouvernement, de la première pierre du programme de 20 000 logements qui seront implantés dans la capitale dans le cadre du partenariat public-privé. Les entreprises maliennes sont aussi chargées de construire 500 logements sociaux à l’intérieur du pays pour un coût global de 4,7 milliards de Fcfa. Ils s’élèveront dans les localités de Kayes, Kéniéba, Nioro, Koulikoro, Nara, Fana, Sikasso, Bougouni, Koutiala, Kadiolo, Ségou, Baraouéli, San, Mopti, Bankass, Djenné et Koro. Un deuxième programme, en cours de lancement, permettra de construire un total de 500 autres logements dans ces localités et dans d’autres.
« Lorsque nous mettons en commun toutes les actions Etat-secteur privé-coopérative d’habitat-particuliers, etc., nous comprenons aisément que les objectifs fixés par le président de la République vont être largement atteints et même dépassés », constate Moussa Coulibaly qui exhorte les autorités à accorder davantage de confiance et d’écoute aux promoteurs immobiliers. «Nous avons mené la réflexion et avons pris beaucoup d’initiatives pour l’accès des Maliens à des logements à moindre coût. Nous ne demandons pas de l’argent à l’Etat, mais juste un engagement de nous soutenir car l’accès à un logement est aussi un véritable déclic pour l’épanouissement de la personne », plaide notre interlocuteur.
B. COULIBALY