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Promotion de Sanogo au grade de général : Quand le Président Dioncounda confond vitesse et précipitation

Après avoir accordé une prime à l’impunité, en nommant le capitaine putschiste, Amadou Haya Sanogo, le président de la République par intérim,  Dioncounda Traoré, a tenté de justifier son forfait par un soi-disant souci de pardon ou de réconciliation nationale. Son plaidoyer a eu lieu lors de sa dernière tournée internationale.

 

Pr Dioncounda Traoré

Pr Dioncounda Traoré

 

En marge de sa visite au Burkina Faso, le 16 août 2013,  le président par intérim, Dioncounda Traoré a tenté de justifier  la promotion du capitaine Amadou Sanogo au grade de Général de corps d’armée.  Dans son explication qui n’a convaincu personne, pas même le plus naïf de la planète terre, il prétend avoir une  volonté d’aller vers la réconciliation.

 

 

En réponse aux confrères qui l’attendaient de pied ferme sur cette question de promotion du capitaine Sanogo au grade de général de corps d’armée qui se demandaient si cela n’était pas une prime à l’impunité,  sachant bien que le promu est le principal auteur du coup  d’Etat du 22 mars, le Pr Dioncounda Traoré défend  le contraire. Pour lui, il faut oublier le passé et pardonner. « Nous sommes à un stade où il ne faut pas chercher à compliquer les choses », a-t-il avancé, « un stade où il faut pardonner et se lancer résolument vers l’avant ».

 

Le président malien par intérim estime également que ce pardon est nécessaire à la réconciliation. « Quand on n’est pas capable de pardonner, on n’est pas capable d’aller vers la paix », a indiqué Dioncounda Traoré.  Ces propos de l’homme le plus complexe et le plus controversé du Mali, pardon, du Président Traoré, ont provoqué des émois chez des Maliens. Ce qui fera dire à plusieurs analystes qu’il est en train de mélanger les pédales en confondant vitesse et précipitation. La justice doit être un préalable au pardon. Sans justice, cette décision à la limite impopulaire est difficile, sinon impossible à gommer sous le prétexte d’une  réconciliation  nationale.

 

D’aucuns continuent à s’interroger pour savoir dans quel pays démocratique et responsable on pardonne les crimes en élevant au grade de Général celui qui n’a jamais eu le courage de défendre son pays jadis occupé par une poignée d’hommes. Dans quel pays responsable on pardonne les crimes en nommant Général un simple  capitaine  dont le seul talent et mérite se trouvent dans les discours fleuves et la mégalomanie? Pour la moindre considération à l’égard des victimes du putsch, surtout que l’auteur même a présenté ses excuses, la justice doit être une condition sine qua non du vrai pardon. Même si le coup d’Etat, crime imprescriptible, a été amnistié par l’Assemblée nationale, d’autres faits ont eu lieu après le putsch. Ces faits doivent être élucidés et punis s’il le faut.

 

De toutes les façons, pour certains, à travers ce geste imprudent, la médiocrité et l’injustice   viennent d’atteindre leur paroxysme au Mali.  Cet acte constitue un grand défi  lancé en pleine figure par les autorités de la transition à Ibrahim Boubacar Keita. Qui, pendant la campagne électorale, s’est dit profondément rattaché à l’excellence et au mérite. Afin de tenir une de ses promesses de campagne, il doit éclaircir cette nomination du Capitaine Sanogo.

 

Oumar KONATE

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