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Projet Reportage Afrique-Chine de l’Université de Witwatersrand de Johannesburg : Vers une participation accrue des journalistes de l’espace francophone

L’Hôtel « La Rose Blanche » d’Abidjan a abrité les 3 et 4 octobre 2018 un séminaire de formation des journalistes d’Afrique francophone sur les partenariats entre l’Afrique et la Chine. Ce séminaire s’inscrivait dans le cadre du Projet de reportage Afrique-Chine de l’Université de Witwatersrand de Johannesburg en Afrique du sud. 

Premier du genre dans l’espace francophone, cet atelier visait à offrir aux journalistes participants une expérience d’apprentissage pratique sur la manière de couvrir les partenariats entre l’Afrique et la Chine dans leurs pays respectifs. Pendant deux jours, les hommes de media ont échangé avec d’éminents experts sur les relations Afrique-Chine et les professionnels des medias africains.

Gérard Guedegbe, coordonnateur Afrique Francophone / Wits Africa-China Reporting Project, le grand architecte de cette rencontre d’Abidjan, a souligné qu’il est question essentiellement d’un projet de reportage sur le partenariat Afrique Chine : « Il s’agit d’amener les journalistes à mieux appréhender les enjeux de ce partenariat. Nous voulons au sortir de cet atelier que vous compreniez ces enjeux ». Il a appelé les participants à se départir des préjugés et autres clichés.

Dr Bob Wekesa, chercheur et expert au Projet de reportage Afrique-Chine de l’Université de Witwatersrand, a brillamment exposé le thème  « Contexte et développement du partenariat Afrique Chine : comprendre la dynamique qui influence et façonne l’empreinte ». Selon lui, « C’est un projet indépendant qui existe depuis 2009 ». Il s’agit d’étudier des dynamiques complexes, découvrir des histoires inédites ayant un impact sur le terrain et des perspectives sur la manière dont les relations Afrique-Chine changent la vie des populations africaines. Il a aussi mis en avant d’autres objectifs de ce projet comme former et permettre aux journalistes de raconter l’histoire de l’Afrique pays par pays, communauté par communauté ; examiner le rôle croissant de la Chine en Afrique et ses avantages pour l’Afrique ; développer une politique africaine intégrée et affirmée sur la Chine et ses réponses ; enquêter sur les engagements chinois en Afrique et leur réalisation via le FOCAC.

A en croire l’expert Bob Wekesa, les relations entre l’Afrique et la Chine sont difficiles à comprendre. Le projet, selon lui, a offert environ 230 subventions aux journalistes des medias anglais, arabe, français et chinois afin qu’ils puissent réaliser des enquêtes sur les partenariats Afrique-Chine. L’Afrique francophone est le pauvre parent de ces subventions avec quatre projets financés, a-t-il fait savoir.

Figure emblématique de la société civile ivoirienne, Sylvain N’Guessan a fait une présentation sur « Les relations entre la Chine et

la Cote d’ivoire ». Il a expliqué que depuis 2009, la Chine est le 1er partenaire économique de l’Afrique. Citant le ministre ivoirien du Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME, Souleymane Diarrassouba, Sylvain N’Guessan dira que « Les échanges entre la Chine et la Côte d’Ivoire ont en effet été multipliés par six entre 2014 et 2016, passant de 1,44 à 8,85 milliards de dollars ». Selon lui, les échanges entre les deux pays ont progressé de 800% sur la même période. Ce qui place la Chine « au rang de premier fournisseur et de troisième partenaire commercial de la Côte d’Ivoire ».

L’acteur de la société civile, d’un ton très libre, dira que c’est un rêve de croire que la Chine viendra développer l’Afrique. « Elle vient en Afrique pour défendre ses intérêts stratégiques », a-t-il souligné. Il avance des chiffres importants sur les investissements chinois dans le continent africain. « La Chine s’était engagée à accroître ses investissements sur le continent noir lors du sommet 2015 du Forum sur la coopération sino-africaine à Johannesburg. Ainsi, elle avait envisagé de porter le volume de ses investissements directs en Afrique à 100 milliards de dollars d’ici à 2020 contre 32,4 milliards en 2014. Juste après ce sommet, joignant l’acte à la parole, la Chine a commencé à financer de nombreux projets et infrastructures en Afrique. La Côte d’Ivoire est l’un des pays qui bénéficient actuellement de ces investissements », a fait savoir Sylvain N’Guessan. Il appelle les dirigeants africains à travailler afin que l’Afrique puisse mieux tirer profit de ce partenariat avec la Chine. L’acteur de la société civile ivoirienne plaide pour un transfert de compétences vers l’Afrique. Ce qui permettra aux Africains de construire des barrages ou de faire d’autres réalisations aujourd’hui dévolues aux ressortissants chinois. Il plaide pour un partenariat gagnant-gagnant mais  avertit qu’« aucun pays ne viendra développer un autre ».

Pour Cobus van Staden, Expert de ce projet et chercheur à l’Institut sud africain des relations internationales, les journalistes doivent se positionner de façon critique. « Nous devons garder en tête que la Chine n’a pas seulement des relations avec l’Afrique. Les relations que la Chine entretient avec l’Afrique sont les mêmes qu’elle entretient avec d’autres pays. Ce sont les mêmes sociétés qui obtiennent des contrats par le biais du gouvernement », a détaillé Cobus van Staden.

La présentation qu’il a faite sur le journalisme multimédia a permis aux participants de découvrir de nombreux sites sur lesquels ils peuvent aller chercher des informations capitales sur les partenariats entre l’Afrique et la Chine. Cobus van Staden a aussi développé certaines applications pouvant permettre aux journalistes de faire leur propre promotion.

Ces deux jours d’atelier ont suffisamment aidé les participants à améliorer leurs compétences de couverture et d’enquête sur les questions liées à la Chine en Afrique et l’Afrique en Chine.

Chiaka Doumbia

Le challenger

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