L’esprit de suffisance de certains, la gloutonnerie et le manque de courage politique des autres mettent aujourd’hui à rude épreuve les liens qui unissaient hier tout près les partisans du président. A Ségou, rien n’est joué d’avance pour les futures législatives .Et tous les scénarios sont possibles ce qui fait le lit de la future opposition qui envisage même une cohabitation à l’hémicycle.
L’Assemblée nationale
Les propos conciliants de certains responsables, cachent le mur d’incompréhension qui est entrain de se dresser entre les partisans du président autour du projet de liste commune, force est de constater qu’un brouillard épais plane sur cette alliance dont la mise en route rencontre des difficultés de plusieurs ordres.
Ni clé ni logique commune
La première difficulté est relative à la forte hiérarchisation de la mouvance présidentielle. Au sommet se trouve naturellement le RPM suivi des partis politique de la première heure (UM RDA, Miria UDD ASMA-CFP) ensuite viennent les associations et mouvements. Pour avoir choisi le camp IBK dès le premier tour leur confère une noblesse dans le système. La seconde vague c’est-à-dire ceux qui ont rejoint le navire après le premier tour est essentiellement composée de partis politiques. Au total la mouvance compte 15 partis et 5 associations et mouvements de soutien.
Comment trouver des critères objectifs de sélection pour des partenaires aussi disparates ? Avant la réponse officielle à cette question, certains on voulu mettre en avant l’occupation du terrain comme clé principale d’attribution. Mais leurs références (élections communales de 2009 ou le premier tour des présidentielles) n’arrangeraient que les grands partis. Aussi ce paramètre scientifique manque d’indicateurs d’évaluation pour le RPM et les mouvements et associations de soutien à IBK qui ont en partage les résultats.
Par ailleurs comment évaluer l’apport de cette écrasante majorité d’anonymes qui a plébiscité IBK sans avoir de liens avec les tisserands(RPM) ou ses ouailles. En fin on reproche à cette base de calcul d’ignorer les tribulations que les partis ont subies entre 2009 et 2013 avec la présence d’opérateurs politiques sur la scène communément appelés « indépendants ».
Autant on n’arrive pas à s’accorder sur une clef de répartition des quotas autant les limites des prérogatives des partenaires par rapport aux choix interne restent flous et cet aspect pourrait susciter des malentendus. Pour certains il faut un profil commun aux futurs députés devant s’imposer à tous. D’autres pensent le contraire et pensent qu’il faille respecter la souveraineté de chacun dans le choix des hommes. Même au cas où chaque sociétaire disposerait de son indépendance de choix il va falloir trancher entre des courants antagoniques. Le militantisme traditionnel et la loyauté envers le parti ne feraient plus le poids devant l’argent roi qui serait devenu le critère fondamental. Les frais d’inscription selon des sources pourraient atteindre la barre des 10 millions de francs CFA.
Le nombre impressionnant de candidatures porte à saturation cette atmosphère suffisamment lourde. De sources bien informées on dénombrerait aujourd’hui prés d’une trentaine d’intentions sérieuses de candidature pour le seul cercle de Ségou (objet de notre analyse) qui compte seulement 07 sièges. Parmi elles on compte des occupants des postes qui dans leur écrasante majorité veulent une seconde chance. Certains ont commencé le minage du terrain depuis les campagnes présidentielles en utilisant les moyens mis par et pour les candidats aux présidentielles. A ceux –ci v s’ajoutent les « candidats naturels » qui ont l’estime des militants ,les recommandés qui de par leur stature ou rôle joué pendant la campagne ont des appui au sommet et en fin les chasseurs d’immunité parlementaire et de privilèges…
A chacun son problème
Certes ils ne sont pas encore arrivés à un accord sur les critères de répartition des quotas et de leur attribution, mais ils sont tous conscients qu’aucun parti à lui seul ne pourra remporter la victoire par ces temps qui courent .Une liste d’’alliance s’impose. Mais comment satisfaire 17 partenaires politiques avec seulement 7 sièges, les scenarios vont des plus volontaristes aux plus catastrophiques.
.Le premier (le volontariste) porterai sur une coalition RPM/Adema/CNID/FAR Avant la formalisation de la plate forme les difficultés de toute nature pointent ça et là
Au RPM& famille où se trouve le leadership, car la peur de l’opposition conduit tous le monde à attendre ce que les tisserands vont décider, on s’estime majoritaire, on perçoit une certaine suffisance dans les propos pour réclamer la plus grosse part en misant sur 04 sièges sur 07. Pour l’attribution de ce quota, la pression est tellement forte que le pauvre secrétaire général (que beaucoup estiment mériter le poste) serait dans la logique de désister au profit d’un poste nominatif. La candidate naturelle Mme Coulibaly Maimouna DRAME serait elle aussi dans le viseur des chasseurs d’immunité parlementaire. Elle aurait besoin d’un soutien appuyé venant d’en haut pour tenir. Cela se comprend car tout le monde veut arborer les couleurs du RPM, un label qui se vend bien. Cela explique aussi la rué vers le parti de tous ces operateurs politiques.
Déjà un grand de l’agroalimentaire se serait engagé à financer toute la campagne du cercle de Ségou à condition que lui-même soit candidat. Un autre dit avoir l’appui de la haut et promet des prendre à hauteur de 50% les charges. Mais comment concilier l’intérêt de ces nouveaux venus avec celui des militants qui sont restés fidèles au parti. Les jours suivant nous en diront plus.
A l’ADEMA, on voudrait avoir trois sièges .Mais on risque fort de se contenter de deux et se voir obligé de les partager avec l’ASMA de Soumeilou Boubèye Maiga. Les choses se compliquent davantage avec l’éventualité d’une candidature de Dramane DEMBELE. Bonjour les dégâts avec le risque de voir nez à nez la candidate naturelle Ami Gao et BAROU SOUMBOUNOU. DRA pourrait jouer au faiseur de roi ou le devenir en sa qualité favorite cachée.
Au CNID, on serait plus regardant voire exigeant sur le respect dû à son rang de parti issu du mouvement démocratique et surtout que Ségou demeure son fief. Me Baba TALL et les siens préféreraient renoncer que d’accepter des strapontins. Le parti du soleil levant exigerait au moins deux sièges. Les petits partis et autres mouvements de soutien ne sont pas concernés par le schéma à moins qu’on leur serve sur d’autres rubriques avec les risques de faux bonds
L’impossibilité de concilier les appétits entre grands à cogiter une seconde option qui regrouperait le RPM& famille et l’Adema avec la part belle aux premiers. On se contenterait de cela si on devrait avoir deux sièges apprend-t-on de milieux proches de la ruche Des émissaires y trouveraient un certain réalisme. Ce qui n’étonnerait personne de la part d’un parti en mal de leadership à Ségou. Cependant les militants pour ce qui en reste encore risquent de bouder car ne se reconnaissant pas en cette déculottée.
L’esprit de suffisance perceptible chez des partenaires du RPM et la stratégie de dicta qui se profile à l’horizon a réveillé les instincts de conservation chez les alliés de l’ère ATT. L’idée d’une alliance ADEMA/CNID/URD/PDES est entrain de prendre corps .C’est le scenario catastrophe pour les tisserands qui sont handicapés par leur absence prolongée sur le ring et surtout n’ayant comme alliés que des novices dans ce domaine. Quelque soit ce qui sera adopté comme stratégie, il faudra suffisamment évaluer les atouts et les risques car un faux pas ferait le jeu de l’autre camp appuyé par des traders politiques.
MOC.
SOURCE: Delta Tribune du 24 sept 2013.