Le projet de découpage territorial élaboré par le gouvernement malien en 2012, mais dont la mise en œuvre est en cours par la Transition, est devenu source de division des maliens. Il est en train de susciter, dans plusieurs localités du Mali, des contestations. Plus que jamais les maliens n’ont eu dans leur vivre ensemble le sentiment de se replier sur soi.
Désormais, les manifestations populaires sont à la mode dans notre pays pour réclamer le statut de Chef-lieu de région ou de cercle. Il ne passe plus de jour sans que des populations soient mobilisées dans leur localité. C’est le cas à : Markala, Mondoro, Dinangourou, Koro, Hombori, Kati, Ouelessébougou, San, Bla, Yélimané, Sitakili, Sandaré,… Ce repli sur soi est renforcé par une propension au communautarisme au sein de l’Etat malien déjà miné par la crise sécuritaire endémique dans l’ensemble du territoire national. Il faut donc que les autorités maliennes passent en revue leur projet de découpage afin de stopper cet élan communautaire dont le pays n’a nullement besoin. Car visiblement, ce projet de découpage est en train de menacer la cohésion et l’unité nationale
Si des concertations ont lieu ces derniers moments dans diverses régions sur la thématique de ce nouveau projet de découpage territorial, force est de reconnaitre que de plus en plus de populations ont exprimé leurs réserves sur les propositions formulées par le gouvernement. Les Chefs de l’exécutif régionaux n’ont pu convaincre les populations concernées sur la réorganisation territoriale en chantier.
Par exemple, dans la région de Mopti, les communautés habitant l’arrondissement de Mondoro protestent vivement contre leur rattachement au futur cercle de Hombori. Elles estiment qu’en termes de superficie et de population, de situation géographique et sur divers plans, c’est Mondoro qui a toujours été annoncé comme devant être érigé en cercle. Idem pour d’autres localités qui sont en train de s’insurger contre le projet gouvernemental de découpage du territoire.
S’y ajoutent à ces contestations, des menaces d’affrontements entre des communautés. Dont certaines sont accusées d’être favorisées par les autorités. Quand d’autres acteurs locaux sont accusés d’user de leurs influences et lobbying, en tant qu’élus et cadres Hauts placés dans la hiérarchie administrative, pour s’opposer au projet du gouvernement.
Ainsi les populations du cercle de Koro rejettent leur statut de cercle pour aspirer devenir « une région pleine et entière ». Elles vont jusqu’à menacer les autorités d’insurrection pour se faire entendre. Or, nul n’ignore que dans plusieurs communes du cercle de Koro, la menace terroriste et jihadiste a pris de l’ampleur avec une dangereuse circulation des armes et un enrôlement massif des jeunes dans les rangs des extrémistes. N’est-ce pas inopportun, la mise en œuvre de ce projet de découpage électoral, tant notre pays traverse sa plus grande phase de turbulence ? Les élections générales seront-elles possibles dans ces conditions ?
Quoi qu’il advienne, il n’y a aucun doute que ce projet de découpage territorial constitue une grande menace pour la cohésion et l’unité nationale ! Elle divise plus qu’elle intègre les maliens à une unique communauté de destin !
Falaye Keïta
Source : Le Pélican