C’est le point de vue de Moussa Dao, Vice-Président du Réseau d’Entraide et de Solidarité pour la Formation et l’Information des Citoyens (RESIFC). D’après ce cadre malien très engagé dans les activités de la société civile, la réussite de la démocratie malienne et la transition pour les nouveaux chantiers de développement du Mali de demain, on doit nécessairement passer par 2 formules notamment : donner un contenu au concept du patriotisme, et dissoudre les 219 partis politiques que compte actuellement le pays. Il propose la formule de remettre à zéro les compteurs de l’avènement démocratique au Mali pour la constitution de trois (3) grands partis républicains et donner la latitude aux maliens de choisir et de militer dans le parti qui convient au mieux à leurs orientations idéologiques.. Lisez son raisonnement !
Le Mali a perdu sa boussole et se perd faute de n’avoir plus de repère, le pays s’enlise et les maux qui le minent, connus de tous, ont pour noms : la dégradation de l’éducation, la perte des valeurs socioculturelles, le désordre dans le fonctionnement des institutions, la profanation des valeurs morales, la généralisation de l’insécurité, l’incivisme et l’impunité. Les pères fondateurs de la République du Mali ont à l’époque fait preuve de patriotisme et en visionnaire, ils ont lancé le processus de construction de l’Etat-Nation à partir des valeurs et des richesses puisées de nos différences ethniques et socioculturelles. Ils ont transmis au fil du temps, des valeurs morales progressivement abandonnées, ensuite partiellement ou totalement rejetées. Aujourd’hui au Mali, nous assistons à la profanation de toutes les valeurs morales. Le pays est dans le gouffre et tous les efforts doivent converger pour l’en sortir.
Fondamentalement, les problèmes et difficultés auxquels sont confrontés les maliens, tirent leurs sources de la méconnaissance des limites du permis et de l’interdit dans un Etat de droit, le vivre ensemble dans un système de gestion démocratique. L’ignorance par les citoyens et les pouvoirs publics, des qualités vertus et exigences liées au patriotisme n’est pas de nature à construire un Etat de droit encore moins renforcer la cohésion sociale, la paix et la stabilité du pays. D’Holbach dans l’histoire de la langue française disait ceci « Le patriotisme véritable ne peut se trouver que dans les pays où les citoyens libres, et gouvernés par des lois équitables, se trouvent heureux, sont bien unis, cherchent à mériter l’estime et l’affection de leurs concitoyens ».
Donner un contenu aux concepts de la patrie et du patriotisme
A la faveur des dynamiques actuellement lancées pour le changement au Mali, force serait de se mettre d’accord sur l’ensemble du territoire national sur ce que l’on entend par Patriotisme, Honneur et Dignité, car cela aurait l’avantage et le mérite de poser les bases d’un socle commun de connaissances partagées par tous.
Autant il est important d’engager des réformes politiques et institutionnelles pour le Mali de demain, autant il est primordial de se mettre d’accord sur les concepts et mots clés de la Patrie et du Patriotisme afin d’avoir une compréhension partagée de tous dur l’ensemble du territoire.
Les gens n’ont pas la même interprétation des valeurs caractéristiques des 2 concepts, ni la même appréciation de leurs sens et contenus. Pourtant à y voir de près, il est évident que la plupart des maux, dont souffre le pays et qui ont entrainé la déliquescence de l’Etat-Nation, trouvent leurs origines dans la méconnaissance par les citoyens des vertus et exigences que le patriotisme impose. Ce constat patent est d’abord appréhendé dans les cercles de familles et ensuite au niveau des différentes sphères de la gestion publique. L’amour de la patrie et la culture du patriotisme ne sont nulle part enseignés ni dans les familles ; ni dans les centres d’éducation et de formation ni par l’Etat.
Le sens et le contenu de la patrie et du patriotisme n’étant pas connu des citoyens, il leur sera très difficile de développer au quotidien des attitudes et comportements qui militent en faveur de la défense ou la préservation des acquis et biens communs du patrimoine national. Faire preuve de patriotisme ne veut plus rien dire et pour personne dans le contexte actuel du Mali, les préoccupations des citoyens étant focalisées sur la recherche des moyens de subsistance.
Au Mali, les citoyens et les détenteurs des pouvoirs publics pour la plupart, obéissent plutôt aux règles et stratégies qu’ils se définissent pour préserver des acquis personnels au détriment de celui de l’intérêt général ou de la patrie. La transition au Mali doit être mise à profit pour définir et donner un contenu et un sens partagé aux concepts du patriote et du patriotisme. Cet exercice fondamentalement nécessaire, permettrait aux 75% d’analphabètes en français, de partager les mêmes valeurs avec ceux qui ont eu l’avantage de l’instruction livresque. La pose d’un socle commun de connaissances partagées par tous les maliens serait de nature à éviter les erreurs d’appréciation et de jugement, et à faire baisser les tensions. Par ailleurs, cela permettrait de disposer des critères et indicateurs d’appréciation/ d’évaluation du vrai et du faux patriote. Pour le Mali de demain, il faudrait arriver à faire en sorte que chaque citoyen puise incarner les vertus et valeurs du vrai patriote pour effectivement assurer la fonction de sentinelle pour la veille citoyenne.
Hélas, force est de reconnaitre qu’au Mali, la fibre patriotique partout coupée, a été remplacée par les discours creux, les constats bidons et les critiques stériles. Les initiatives d’actions isolées prises par les individus ou groupes de citoyens sont pour la plupart organisées pour des intérêts personnels. La culture de la fourberie, et la médiocrité ont gagné le terrain et l’appât du gain facile s’est finalement installé sur l’ensemble du territoire. Pour l’affirmation du degré de patriotisme, si désormais chacun pouvait analyser, et faire le lien entre le discours et le comportement de l’autre afin d’apprécier son niveau d’engagement patriote, la gouvernance se porterait partout mieux au Mali. Au-delà de l’impérieuse nécessité de donner un contenu partagé au concept du patriotisme, les espoirs pour un Mali apaisé définitivement débarrassé des problèmes qui l’ont jusqu’ici miné passeront au second plan par la dissolution de la totalité des partis politiques existants.
La dissolution de tous les partis politiques du Mali
La démocratie ne se portera mieux au Mali que lorsque la jeunesse organisée aura la latitude de choisir et de militer en toute conviction dans l’un des 3 nouveaux partis politiques à créer aux couleurs du drapeau malien.
Nous vivons la triste réalité de la jeunesse malienne très mal organisée qui se noie dans la confusion des contradictions portées par les acteurs des partis politiques. Elle souffre du manque de repère et de capacité d’analyse des situations, elle reste manipulable et corvéable car obnubilée par l’appât du gain facile. Soutenir la démocratie et le multipartisme intégral par la prolifération des partis politiques relève de l’arnaque expressément nourrie et entretenue par les fossoyeurs de l’Etat-Nation. L’incompréhension sinon la mauvaise interprétation de la démocratie et le multipartisme intégral, par des citoyens composés à 75% d’analphabètes en français ne peut que donner les résultats auxquels on assiste.
Le malaise malien est trop profond, et le mode actuel d’expression de la démocratie et du multipartisme dit « intégral » est caractérisé par la violence, la profanation des valeurs morales, l’incivisme, le désordre, et l’impunité. L’autorité de l’Etat est complètement fragilisée et la situation frise le chaos
Autant les citoyens ne se font plus confiance, autant ils ne font pas confiance aux Institutions de la république mises en place pour le fonctionnement et la continuité de l’Etat. Qu’est ce qui pourrait bien justifier au nom du multipartisme intégral la création au Mali de 219 partis politiques tous lancés à la conquête du pouvoir pendant que les USA avec 338 millions d’habitants n’ont que 2 partis politiques ? Qu’est ce qui pourrait bien justifier que la France notre vitrine référence à tout point de vue, se retrouve avec moins de 15 partis politiques dominants pour 68 millions d’habitants pendant que le Mali avec 20 millions d’habitants compte actuellement 219 ? A qui profite la prolifération des partis politiques au Mali et à qui profite le silence coupable ?
L’avenir de la nation est véritablement compromis lorsque les germes du mensonge et de la fausseté sont produits et entretenus par les acteurs dont la vocation est de former et d’accompagner le citoyen à s’orienter pour loyalement servir le pays. Au Mali, les faux discours, les mauvaises formules, les schémas théoriques, les pièges expressément posés, sont pour la plupart l’œuvre des acteurs politiques, des Chercheurs Universitaires, des Religieux et des Hommes de Culture du pays. La masse ignorante constamment manipulée est désabusée. Elle ne comprend plus rien et s’en remet à Dieu pour sauver le Mali. Sinon comment comprendre que moins de 200 cadres supérieurs de l’époque se sont battus contre le colonisateur pour arracher l’indépendance du pays pendant que maintenant plus de 10 000 cadres et intellectuels maliens de l’intérieur et de l’extérieur n’arrivent pas à composer ensemble pour développer le pays ?
Pourquoi entretenir la division, les affabulations, semer la colère, la discorde et la haine lorsque nous avons tous besoin d’être solidaire pour pacifier le pays et d’en faire une nation émergente ?
Il est temps d’avoir le courage de dénoncer, d’arrêter les faux fuyants, remettre à zéro les compteurs de l’avènement démocratique pour décider la dissolution de tous les partis politiques existants au Mali. Il faut remettre à zéro les compteurs, en lançant depuis les hameaux et les villages, le processus d’organisation et de structuration de la vie politique au Mali avec seulement 3 partis à constituer aux couleurs du drapeau tricolore malien. Le Vert Parti du Peuple Malien (PPM), le Jaune, Parti du But Malien (PBM) et le Rouge Parti de la Foi Malienne (PFM). Il n’y a pas 219 modèles ou schémas pour le développement du Mali et les candidats des partis politiques à la conquête du pouvoir le savent bien. Cela est connu de tous que, la création de parti politique au Mali relève de la fourberie et la question se pose de savoir pourquoi l’Etat continuerait-il d’entretenir et encourager officiellement l’arnaque et le mensonge à cultiver la fausseté dans la société. ?
Dans le cadre des nouvelles réformes politiques, la dissolution de tous les partis et la relecture du code électoral sur la base des 3 nouveaux partis politiques serait la meilleure option pour donner espoir aux perspectives du Mali de demain. La limitation à 3 du nombre de partis politiques au Mali, serait à l’avantage de la démocratie malienne pour qualitativement améliorer la participation et la contribution des citoyens à la vie publique et faire du Mali une nation émergente qui sortira de la transition avec honneur et dignité pour retrouver sa place dans le concert des grandes nations.
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Moussa Dao, Vice-Président du RESIFC
Source : Le Pélican