Le combat contre la destruction du marché de banane ’’namassa dankan’’ pour la construction de la route de deux voies qui passe par cet endroit se poursuit. Le gouvernement a réitéré sa volonté de faire sortir les marchands des bananes sur le lieu. Chose qui a suscité la colère des leaders syndicaux des marchands que nous avons rencontré, le mardi dernier, au niveau dudit marché.
« À l’impossible, nul n’est tenu ». Tel est le cas des occupants du marché de banane qui disent enfin « Trop c’est trop », « nous ne voulons plus ce projet de route ».
Selon le secrétaire général du syndicat des marchands, Tahirou Barry, de Kidal à Kayes, passant par toutes les contrées du pays, tous les fruits viennent de ce marché de banane. « Partout au Mali, l’unique endroit choisi pour la vente des fruits est ce marché. Ici, des fruits viennent de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Maroc, de la Guinée Conakry et même du Sénégal pour être distribués à partir de ce marché », explique Barry qui poursuit : « Nous avons été saisis, la semaine dernière, par une délégation de ces opérations de marché en cours pour délimiter l’endroit du marché qui va être utilisé lors des travaux de réalisation de cette route par le gouvernement et le recensement des hangars du marché ».
Selon le syndicaliste, la totalité du marché de banane est 95 mètres. Sur lesquels, ajoute-t-il, le gouvernement prétend avoir 65 mètres. À ses dires, soustraire 65 mètres à 95 mètres sous-entend la démolition « pure et simple » de ce marché. À en croire le syndicaliste, le nommé Adama Coulibaly, actuellement chargé de conduire ces opérations au nom du ministère du domaine, a déjà confirmé aux marchands que tous les espaces du marché vont être concernés pour ces travaux. « Adama nous dit qu’aucun autre endroit n’est, pour l’instant, prévu par l’État pour nous recaser lorsque nous quitterons ce marché. Et quand on lui demande comment on va se nourrir, Adama nous dit qu’il n’a pas de réponse à cela », déplore le secrétaire secrétaire général du syndicat des marchands de banane.
Un autre marchand de banane, Tahirou affirme que les recenseurs des hangars et autres outils du marché avaient été autorisés par les marchands pour mesurer 35 mètres. « Mais quand on a su ce mardi 16 juillet qu’ils sont plutôt venus pour prendre la mesure des 65 mètres, nous leur avons demandé de partir ».
Selon notre interlocuteur, plus de 50 000 personnes composées de toutes les ethnies du Mali travaillent actuellement dans ce marché. Comment peut-on détruire le travail de tous ces milliers de veuves et de pères de famille pour le besoin d’un simple projet de route qui ne continue même pas ? S’interroge-t-il. « Nous ne sommes pas contre la construction de cette route », mais « je n’ai jamais vu une route qui prend 65 mètres nulle part au Mali. Qu’ils aient pitié des pauvres ». Il poursuit en précisant : « Je le dis et je le maintiens, ces gens n’ont besoin que de l’argent du projet et non de faire cette route pour le peuple. Qu’ils nous laissent travailler en paix », conclut-il.
Pour Cabiné Kaba Diakité, « les marchands ne sont pas venus d’eux-mêmes, ils ont été autorisés par l’ancien président Moussa Traoré ». En plus, le vieux Diakité ajoute qu’un titre foncier provisoire a même été offert par Moussa Traoré pour ce marché. « Ça me fait plus de 55 ans dans ce travail. Le premier endroit offert par Maridjè Niaré pour la vente des fruits est l’actuelle place de l’Ambassade de la France. Quand on a quitté là-bas, Modibo Keita nous a montré la place de l’hôtel de l’Amitié à l’époque. Quand l’État a eu besoin de là-bas, la place de l’actuelle BECEAO nous a été le premier président avant que Moussa Traoré nous indique cet espace que nous occupons aujourd’hui », a-t-il témoigné.
Pour terminer, Cabiné expose : « Si c’est vrai que Adama Coulibaly parle au nom de l’État, qu’il nous montre un autre endroit pour le marché de banane ».
Pour sa part, le représentant de la société civile, Lassana Diallo, indique que les autorités doivent honorer leur serment de protéger le peuple. « Au lieu de lutter contre la pauvreté, il ne faut pas qu’ils luttent contre les pauvres. C’est de la lutte contre les pauvres qu’ils sont en train de mener », dit-il puis de lancer : « Qu’ils nous laissent travailler en paix ».
Mamadou Diarra
Source : Le Pays