La clôture, vendredi, des travaux de la table ronde des bailleurs de fonds pour le financement de la deuxième tranche du projet d’adduction d’eau de Kabala, a été suivie d’un autre évènement important : le lancement du démarrage effectif des travaux de construction des infrastructures hydrauliques, prévues dans la première phase de mise en œuvre du projet.
La cérémonie officielle de lancement s’est déroulée sur la colline de Badalabougou sous la présidence du ministre de l’Energie et de l’Eau, Mamadou Frankaly Keïta en présence de son collègue chargé des Investissements et du Secteur privé, Mamadou Gaoussou Diarra, des PDG de la SOMAPEP et de la SOMAGEP, du directeur de la Commission de régulation de l’électricité et de l’eau (CREE), du représentant résidant intérimaire de la Banque mondiale au Mali, Pierre Kamano, des représentants d’autres partenaires techniques et financiers et des collectivités locales.
Après les mots de bienvenue du maire de la Commune V, Bocar Bah a qui salué la mise en œuvre du projet, le ministre Keïta a d’abord expliqué que le présent lancement concerne les travaux de la composante « Banque mondiale » du projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako à partir de la localité de Kabala. « Ce projet tant attendu par les populations est une initiative inédite dans les actions de développement de l’hydraulique urbaine dans notre pays, voire de la sous-région » a-t-il souligné. Kabala, selon l’édile, représente un symbole pour plusieurs raisons : d’abord parce qu’il a donné, ces dernières années, un coup d’accélérateur aux politiques de développement durable en cours dans notre pays en général et au secteur de l’hydraulique urbaine en particulier. Mais aussi et surtout parce qu’il incarne la confiance que nos partenaires placent en la gouvernance de notre pays. L’un des moteurs de cette dynamique de partenariat demeure la mise en œuvre du processus de réforme des secteurs de l’électricité et de l’eau, laquelle reforme a abouti à la création de la Société malienne de patrimoine de l’eau potable et de la Société malienne de gestion de l’eau potable a-t-il indiqué. Ce nouvel environnement institutionnel dans le domaine de l’hydraulique urbaine a suscité un regain d’intérêt des PTF pour le développement du service d’eau potable en milieu urbain, s’est réjoui le ministre Keita.
Un défi majeur. Le projet de Kabala entre ainsi donc dans sa phase opérationnelle après celle d’identification, d’évaluation et de financement de ses différentes composantes. La composante Banque mondiale, financée à hauteur de 40 milliards Fcfa permettra la construction de deux réservoirs de 10.000 m3 à Bacodjicoroni, de conduits de transfert d’eau de 12,5 km, d’un réseau de distribution primaire et secondaire de 207 km, d’un réseau tertiaire de 400 km, de 3000 branchements et 300 bornes fontaines. Les travaux ont été confiés aux entreprises CDE pour les ouvrages de stockage et SADE pour la fourniture et la pose des conduits tandis que le contrôle de qualités des travaux est confié au groupement de bureaux d’ingénieurs conseils ARTELIA et CIRA. Le ministre Keita a exhorté ces sociétés à veiller à la qualité des prestations et au respect des délais contractuels.
Evoquant la problématique de l’alimentation en eau potable des populations, le ministre Mamadou Frankaly Keita a rappelé qu’elle constitue un défi majeur pour notre pays, raison pour laquelle, l’accès à l’eau potable de manière durable occupe une place de choix parmi les axes prioritaires du CSCRP. Aussi, la volonté du gouvernement de parvenir à court terme à la durabilité du service public de l’eau potable trouve son répondant dans le processus de réformes institutionnelles des secteurs de l’électricité et de l’eau potable. En outre, il a expliqué que Kabala, dont l’objectif est de satisfaire durablement les besoins en eau potable de la ville de Bamako et environs, contribuera à révolutionner certainement le secteur de l’hydraulique urbaine au Mali. « Cela est d’autant réel que le stress hydrique dans nos grandes villes en général et à Bamako en particulier connaît une courbe ascendante d’année en année à cause de la démographie galopante », a-t-il souligné. En effet, selon les chiffres officiels, Bamako comptait environ 100 000 habitants en 1960. De nos jours, sa population avoisine 2.500.000 habitants. Situation qui accentue les besoins en eau potable en créant un déséquilibre entre l’offre et la demande.
170 milliards Fcfa. Faisant l’historique du projet, il a attiré l’attention sur le fait que celui-ci est issu d’un long processus de tables rondes, de missions d’évaluations et de rencontres d’échanges entre le Mali et ses partenaires au développement.
D’ailleurs, à la dernière table ronde qui vient, juste, de s’achever, les partenaires ont réaffirmé leur engagement à nous accompagner dans la mise en œuvre de la 2è phase du projet structurant de Kabala, a-t-il ajouté, avant d’indiquer que les efforts consentis par les partenaires sous forme de dons et prêts sont estimés à plus de 170 milliards Fcfa. Mamadou Frankaly Keïta a félicité l’engagement des partenaires et expliqué que parallèlement au projet d’eau potable, il est prévu de conduire des études d’actualisation du schéma directeur d’assainissement. Ces études sont en cours grâce au soutien financier de la BAD. Le ministre Keita a remercié la Banque mondiale pour les soutiens financiers qu’elle ne cesse d’accorder à notre pays ainsi que l’ensemble des PTF pour leurs appuis constants et multiformes.
Le représentant résident intérimaire de la Banque mondiale s’est réjoui du lancement qui marque le démarrage effectif du projet d’un coût total de 200 milliards et pour lequel son institution participe à hauteur de 40 milliards de Fcfa. Grâce à ce projet ambitieux, près de 150 000 m3 d’eau potable supplémentaires seront produits et distribués chaque jour dans l’ensemble des quartiers de Bamako. Ces travaux constituent la 1ère tranche d’un vaste programme qui vise à terme la production de 300 000 m3 d’eau par jour, a- t-il indiqué. Dans ce cadre, il a apprécié positivement le partenariat mis en place avec une société de patrimoine publique (SOMAPEP) en charge des investissements et une société d’exploitation publique (SOMAGES) en charge de la production et de la distribution de l’eau. Il a précisé qu’avec la composante Banque mondiale, 390 000 personnes supplémentaires vont bénéficier d’un accès à l’eau potable et 220 000 personnes verront une amélioration du service de l’eau potable tant au niveau de la pression que du temps de desserte journalière, 13 km de conduits de gros diamètre seront réalisés et 600 km de canalisation, posés pour amener l’eau plus proche des populations. Les capacités de stockage aussi vont augmenter de plus de 20 000 m3 pour permettre une meilleure répartition de l’eau produite. En complément à ces investissements, il a annoncé que la Banque mondiale envisage sur la demande du gouvernement de continuer son appui au secteur de l’eau. A cet effet, un reliquat de 12 milliards Fcfa dégagé sur les premiers appels d’offre du présent projet sera utilisé pour le financement d’ouvrages initialement prévus dans la phase 2 de Kabala. En plus, un financement additionnel d’environ 15 milliards Fcfa est en cours de préparation pour renforcer l’alimentation en eau de 6 villes secondaires.
Malgré la réforme du secteur, il a déploré les nombreux défis qui restent à relever avant de souligner que l’équilibre financier du secteur doit être atteint rapidement afin de pérenniser le service offert aux usagers. Pierre Kamano a réitéré l’engagement de son institution à accompagner le Mali dans ses efforts de développement.
F.MAÏGA
source : Essor