Le Groupe de suivi budgétaire (GSB) a présenté, la semaine dernière, un rapport sur l’analyse de la cohérence entre le programme de développement accéléré des régions du nord (PDA/RN), le Plan pour la relance durable du Mali (Pred) 2013 – 2014, le Programme d’action du gouvernement (PAG) 2013 – 2018, le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (Cscrp) 2012 – 2017, et le cadrage budgétaire de l’Etat.
Constat : il y a un lien fonctionnel entre toutes ces politiques publiques, mais des incohérences existent, depuis leur conception jusqu’à leur mise en œuvre. Et pour l’auteur du rapport, l’économiste, Dr Dramane Lassana Traoré, il ne faut pas s’attendre à des résultats concrets avec de tels programmes.
C’est dans le cadre de la réalisation de son projet d’appui aux initiatives du contrôle citoyen de l’action publique que le Groupe de suivi budgétaire a décidé de faire une analyse de la cohérence de ces différentes politiques publiques. Cette analyse devrait permettre aux citoyens d’apprécier la pertinence et la cohérence des politiques publiques.
L’auteur a relevé d’importants dysfonctionnements dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques ciblées. Qui ont toutes un lien fonctionnel avec le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (Cscrp).
D’abord, tous ces programmes (PDA/RN, PAG, Pred) ont été élaborés sans une réelle participation des principaux bénéficiaires (les populations), contrairement au Cscrp, qui est un véritable outil de développement. Les autres programmes ont été mis en œuvre à la suite d’une situation d’urgence ou pour répondre à une crise. « Le développement ne se réalise pas sur la base de réponses conjoncturelles… », a affirmé M. Traoré. Pour lui, le seul moyen de faire du Mali un pays émergent, c’est d’aller vers le ciblage notamment les budgets programmes et avoir une meilleure coordination des politiques publiques. Et qu’il y ait toujours un lien fonctionnel entre les dispositifs de suivi.
D’ailleurs ceux-ci sont une autre lacune de ces politiques publiques. L’auteur du rapport explique qu’il n’y a pas un cadre de suivi. Même s’il existe dans certains programmes comme le Cscrp, il n’est pas opérationnel. Et c’est pourquoi, il a souhaité que soit dynamisé le suivi des politiques publiques à travers un bon fonctionnement des mécanismes institutionnels du Cscrp. « La multiplicité des dispositifs de suivi n’est pas la solution à une meilleure coordination des politiques publiques. Il vaut mieux utiliser un cadre de suivi consensuel et partagé… », a recommandé Dr Dramane Lassana Traoré. Ainsi, il propose, entre autres, d’utiliser les cadres de suivi existants (et qui ont fait leur preuve) dans la mise en œuvre des politiques de développement (Cscrp, Pred, PAG, PDA/RN), en renforçant leur niveau d’opérationnalisation. Il s’agit des CROCSAD, CLOCSAD, CCOCSAD. Et ceux-ci doivent avoir des moyens adéquats pour leur fonctionnement.
Autre constat soulevé dans le rapport : le caractère « trop ambitieux et prétentieux » des politiques publiques qui fait qu’on se pose la question sur leur véritable capacité à répondre aux préoccupations des populations en tenant compte d’un ordre de priorité. L’auteur souhaite que les autorités en charge de la mise en œuvre des politiques publiques priorisent les besoins en mettant l’accent sur la rigueur.
Ainsi pour assurer une meilleure cohérence des politiques publiques, l’étude recommande, entre autres, de mettre en place des stratégies propres à assurer la cohérence. « Trois principes doivent être adoptés et considérés comme des moyens de remédier aux problèmes de cohérence qui se posent au niveau de l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques : la transparence, la responsabilité et le ciblage.
Idrissa Maïga
source:l’aube