Malgré la bonne note attribuée par les observateurs et l’ensemble de la communauté internationale à notre pays, l’opposition crie à la fraude et s’est lancée dans la logique de contestation du résultat du vote. Elle enchaine, depuis peu des marches de contestation. Comme une réponse du berger à la bergère, des jeunes se réclamant de la société civile sont eux aussi descendus dans la rue, dimanche pour appeler au respect des institutions de la république. Jusqu’où ces manifestations peuvent conduire le Mali ? Le Mali a-t-il vraiment besoin de marches intempestives ces temps-ci ?
Le Mali, en proie à une insécurité quasi générale surtout dans sa partie nord et centre, a pu, grâce au consensus autour de l’ensemble des acteurs politiques, relever le défi de l’organisation des deux tours de l’élection présidentielle (juillet-août 2018). En effet, selon les observateurs nationaux et internationaux, le défi de l’organisation des deux tours de l’élection présidentielle de 2018 a été relevé, certes avec certaines irrégularités, mais qui ne sont pas de nature à entacher la crédibilité desdits scrutins.
Malheureusement, depuis la proclamation des résultats du second tour, des marches sont organisées tous les week-ends par l’opposition pour « dénoncer la fraude électorale et le bourrage des urnes ».
De son côté, les organisations de la Société ont appelé, dimanche dernier, à marcher pour le respect des institutions de la république.
C’est vrai, la marche est un droit constitutionnel reconnu à tout citoyen malien. Mieux, malgré l’état d’urgence en cours dans notre pays, le pouvoir autorise la tenue de ces différentes manifestations qui, à tout point de vue, troublent l’ordre public, car empêchant d’autres citoyens le droit de vaguer normalement à leurs préoccupations.
« Ma liberté s’arrête là où commence celle de l’autre », enseigne une leçon de morale fondamentale.
Au regard de la situation d’ensemble du Mali, ces marches intempestives ne servent pas notre pays, mais écornent son image auprès de ces pays et d’autres partenaires techniques et financiers.
Le consensus des acteurs politiques qui a prévalu à l’organisation de la présidentielle devrait se poursuivre dans l’élan de renforcement de notre jeune démocratie. Pour ce faire, dès la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle, dont l’arrêt est revêtu de l’autorité de la chose jugée, c’est-à-dire « la conséquence juridique d’un jugement entré en force qui n’est plus susceptible de voie de recours », toute contestation de cette décision est illégale et antidémocratique.
Ainsi, avant que les manifestants n’érigent notre démocratie en anarchie, il est temps et grand temps que l’État s’assume en prenant toutes ses responsabilités, en mettant fin à ses marches intempestives. Car à notre humble avis, la lutte contre la corruption, la délinquance financière ou l’incivisme passent obligatoirement par la restauration de l’autorité de l’État qui elle-même résulte de l’application stricte de la loi (sans considération politique, ethnique, ou professionnelle), base du contrat social qui fait de nous tous les citoyens d’un même pays.
Le comble est qu’ils sont nombreux nos compatriotes qui se considèrent comme de simples spectateurs et observent la situation qui ne cesse de se dégrader. Mais ils doivent se rappeler de la scène théâtrale : « guerre des margouillats », dont nul ne peut prédire l’issue.
Aujourd’hui, le Mali n’a pas besoin de ces marches, mais des actes forts de réconciliation. Pour cela, force doit rester à la loi.
Par Sékou CAMARA
Info-matin