En 1958, le général De Gaule a fait une constitution en France qui empêche « que la République, l’État, soit à la discrétion des partis ». En 2022, au Mali, un officier supérieur au pouvoir travaille pour l’élaboration d’une nouvelle constitution à un moment où les populations ont perdu toute confiance en la classe politique qui, à leurs yeux, est à la base des malheurs du pays. Est-ce la raison de tous ces brouhahas autour de la refondation ? Surtout que nombreux sont les Maliens qui sollicitent la candidature du colonel Assimi Goïta pour la présidentielle à venir.
Interrogé sur la question de savoir comment les institutions pourraient être menacées par des gens qui ne les remettent pas en cause pas en s’il n’est pas élu, le général De Gaule a déclaré : « Les Institutions, une constitution, c’est une enveloppe. La question est de savoir ce qu’il y a dedans. Nous avons fait ; j’ai proposé au pays de faire la constitution de 1958 après les drames que vous savez. Et dans l’intention que j’avais d’ailleurs annoncé la façon la plus formelle et la plus publique de mettre un terme au pouvoir des partis. Il s’agissait d’empêcher que la République, l’État, fût, comme il l’était avant, à la discrétion des partis. Et c’est dans cet esprit que la constitution a été faite et c’est dans cet esprit que je l’ai proposé au peuple qui l’a approuvé. Je suis sûr qu’il l’a approuvé dans cet esprit. Alors, si malgré l’enveloppe, malgré les termes, malgré l’esprit de ce qui a été voté en 1958, les partis se réemparent des institutions, de la République, de l’État, rien ne vaut plus évidemment. On a fait des confessionnaux. C’est pour tâcher de repousser le diable. Mais si le diable est dans le confessionnal, alors ça change tout. Or, ce qui est en train d’être essayé, c’est par le détour de l’élection du président de la République au suffrage universel de rendre l’État à la discrétion des partis. La constitution de 58 marche bien depuis 7 ans. Elle marche grâce à un chef d’État qui n’appartient pas aux partis, qui n’est pas délégué par plusieurs partis, même à plus forte raison par tous, qui est là pour le pays, qui a été désigné, sans doute, par les évènements, mais qui, en outre, répond à quelque chose qui est commun à tous les français, par-dessus les partis, et qui est leur intérêt commun, leur intérêt national. C’est comme ça que la constitution marche depuis 58. Si, à la place de ce chef d’État qui est fait pour empêcher que la République ne retombe à la discrétion des partis, on met un chef d’État qui n’est que l’émanation des partis, alors on n’aura rien fait du tout. Et tout ce qu’on aura écrit dans la constitution, ne changera rien à rien. On reviendra à ce qui était avant avec, peut-être, quelques formes légèrement différentes. Mais on en reviendra au gouvernement, si tant qu’on puisse l’appeler comme ça, des partis. Et ce serait, j’en suis sûr comme j’en ai toujours été sûr, une catastrophe nationale ».
Peut-on comparer cette réalité française à celle du Mali de ne nos jours ? En tout cas, les réformes sont aussi en cours au Mali.
Ce qui fait courir une frange des politiques
Les élections se tiendront en 2024. Mais avant, il y a des réformes. L’une de ces réformes majeures, c’est la création de l’organe unique de gestion des élections. Une autre, c’est l’élaboration d’une nouvelle constitution.
En effet, nombreux ont été des partis politiques qui ont réclamé la refondation, surtout de la loi électorale. Depuis la rectification de la phase de la trajectoire de la transition, les autorités ont promis de faire de ces réformes une réalité. La tenue des Assises Nationales de la refondation entre dans ce cadre. Ces assises, bien que souhaitées inclusives par les autorités de la transition, ont été boudées par une partie de la classe politique. Elle ne voulait que la tenue rapide des élections. Au-delà de ces ANR, certains politiques qui ont réclamé la mise en place d’un organe unique de gestion des élections ont rejeté l’initiative parce qu’elle vient de leur adversaire, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Là aussi, ils ont échoué.
Maintenant, c’est l’un des grands chantiers qui est en cours. Il s’agit de l’élaboration d’une nouvelle constitution.
Les politiques discrédités auprès de la population
Au Mali, la population n’a pas confiance en la classe politique. Nombreux sont ceux qui accusent les hommes politiques d’être à la base du chaos que traverse le pays. C’est d’ailleurs pourquoi après la chute du régime IBK, beaucoup ont souhaité que les militaires dirigent la transition. Et à cause de ce manque de confiance aux hommes politiques, beaucoup de Maliens souhaitent la candidature du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, pour la présidentielle à venir. Tous ces aspects peuvent être les raisons pour lesquelles certains politiques ne veulent pas la réussite de la refondation.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS