Sans conteste, les femmes ont toujours joué un rôle actif dans le processus de paix et de cohésion sociale. Elles ne sont jamais restées en marge des questions brûlantes de la nation. Elles ont contribué au rayonnement du pays. Depuis des décennies, on observe des améliorations par rapport à la condition de la femme au Mali, mais le chemin à parcourir est encore long, et il y a beaucoup d’obstacles  et  assez d’obstacles à  franchir. Les années passent, et les réalités changent avec les contextes qui changent. La loi sur le genre va certainement combler certains vides.

Avec la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger, le Mali est engagé dans un processus de décentralisation poussé qui va permettre la mise en place des collectivités territoriales décentralisées en vue d’accélérer le développement local et régional durable, facteur de paix et de cohésion sociale. En effet, ce processus se caractérisera par une forte participation de tous les citoyens; notamment des femmes qui sont pratiquement absentes de la vie publique et politique.
Le Comité des Nations-Unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, après avoir évalué en 2006 le Rapport du Mali en ce qui concerne la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF),  a mentionné que des efforts devraient être faits davantage pour la protection des droits des femmes et favoriser leur participation au processus de développement du pays. Pour ce faire, il faut des actions concrètes  visant à accroître, de manière significative, le nombre de femmes dans les instances de décisions électives et nominatives. Et la loi sur le genre constitue une étape importante et une avancée remarquable dans ce sens.
Justement, c’est conscient de ces enjeux que le Gouvernement a adopté en 2010 la Politique Nationale Genre dont l’orientation n°4 vise la «mise à contribution des potentialités des femmes et des hommes dans le développement du pays par leur participation égale aux sphères de décisions». Les axes d’intervention identifiés préconisent d’une part la promotion de l’équilibre de représentation des femmes et des hommes dans les instances de prise  de décisions, dans les postes électifs et administratifs au niveau national, ainsi que la représentation du Mali au niveau sous-régional, régional et international et, d’autre part, la promotion de la participation citoyenne des femmes et des hommes dans les décisions reliées au développement local.
Par rapport à la mise en œuvre de la loi, lors des séances d’écoute, plusieurs préoccupations ont été évoquées à travers des interrogations.
D’abord, pour les postes électifs: Comment sera-t-il pallié à l’insuffisance du nombre des femmes candidates dans certaines localités du pays? Comment se fera l’application de la loi lorsque la liste des candidatures ne comporte qu’un ou deux candidats? Comment se fera le positionnement? Quel sort sera réservé aux listes qui ne pourront pas respecter la loi dans ces conditions?
Il a été demandé à la Ministre en charge de la promotion de la femme de faire en sorte que le décret d’application de la loi puisse prendre en compte ces différentes préoccupations et y trouver, dans la mesure du possible, des solutions ou des palliatifs.
S’agissant des postes nominatifs, il a été constaté que la loi ne donne pas d’indication en ce qui concerne sa mise en œuvre. D’où une nécessité de réfléchir sur la question  du non respect de la loi et des sanctions. Une interrogation à cet effet: comment se fera l’évaluation de la mise en œuvre de la loi dans les instances nominatives en vue d’apporter des correctifs aux différentes situations de violations?

Salimata Fofana

Source: LE COMBAT