Observateur indépendant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, le Centre Carter a annoncé, le mardi 05 septembre dernier, la suspension de ses activités. Selon le Centre, cette décision est prise suite à des difficultés rencontrées dans le cadre de son observation.
L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du Processus d’Alger rencontre des difficultés depuis quelques mois. Rien ne va plus entre le gouvernement et les ex-rebelles signataires de l’Accord d’Alger de 2015. Depuis la décision du Cadre stratégique pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) composé de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger et de la Coordination des Mouvements de l’Inclusivité (CMI), de suspendre, en décembre dernier, sa « participation au mécanisme de suivi de l’Accord de paix inter malien, jusqu’à la tenue d’une réunion avec la médiation internationale dans un terrain neutre », des difficultés s’imposent dans l’application de l’Accord.
Pour rappel, le CSP-PSD signataire de l’Accord de Principe de Rome du 2 février 2022, réunis du 20 au 21 décembre à Djounhan dans la région de Kidal avait déploré dans un communiqué « l’absence de volonté politique des autorités à appliquer l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger signé en 2015 ».
Suite à cela, des négociations ont été engagées pour permettre aux Mouvements signataires de l’Accord et le gouvernement de trouver un terrain d’entente à leur différend. Mais, les pourparlers n’ont pas donné des résultats.
Dans une correspondance adressée aux deux parties (la Coordination des Mouvements de l’Azawad et le Gouvernement du Mali), le Centre Carter a annoncé son incapacité de poursuivre son observation indépendante de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. En effet, le Centre a relevé des difficultés qu’il rencontre depuis quelque temps et qui gênent l’exercice efficient de sa mission.
Selon l’observateur Indépendant, la situation a été rendue plus difficile par la décision du départ de la MINUSMA et du fait qu’elle a été contrainte d’arrêter toutes ses activités à compter du 1 juillet 2023. « En raison de la suspension du Fonds fiduciaire, l’Observateur indépendant ne bénéficie plus de soutien à compter du 1er août 2023 », déclare le Centre.
Aussi, signifie-t-il, cette même difficulté s’est présentée pour l’accomplissement de la phase VI du projet, privant ainsi l’Observateur indépendant de moyens de fonctionnement depuis le 31 juillet 2023. « Partant d’une telle situation, le Centre Carter se trouve dans l’obligation de suspendre ses activités d’Observateur Indépendant, à compter du 1 octobre 2023. Le Centre Carter reste engagé à soutenir la paix au Mali », a-t-il déclaré.
Notons que l’accord d’Alger, signé en 2015, visait à mettre fin au conflit armé qui sévissait au Mali depuis 2012, suite à la déclaration de guerre, le 17 janvier 2012, du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) à l’État malien au nom de l’indépendance de l’Azawad et l’occupation des régions du Nord par des groupes djihadistes liés à Al Qaïda au Maghreb Islamique. Cet accord prévoyait aussi le désarmement de tous les groupes armés et la réintégration et la réinsertion de ces derniers dans l’armée et dans les services de l’État.
Cependant, la mise en application connaît, depuis quelques mois, des difficultés majeures malgré la participation des mouvements signataires dans le gouvernement de transition. La CMA et Alliés déplorent « l’absence de volonté politique des autorités à appliquer l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger signé en 2015 ».
Reprise des hostilités ?
Les Forces Armées Maliennes ont annoncé sur le réseau social « X » sans aucune précision que « le jour 09 septembre 2023 vers 18h 15 min, un incident aérien s’est produit au Nord de Gao impliquant un aéronef de l’Armée de l’Air malienne ». Cependant, la Cellule de communication de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a annoncé aussi, sur le même réseau social qu’après « une riposte vigoureuse de sa DCA, l’armée nationale Azawadienne affirme avoir abattu ce jour 09 septembre 2023 à Tinaouker un avion des terroristes FAMA/WAGNER suite à des bombardements sur ses positions ».
Ibrahim Djitteye
Source : LE PAYS