Le président Robert Mugabe, qui avait régné sans partage sur le Zimbabwe depuis 1980, a été obligé de démissionner ce mardi, après avoir tenté de se faire succéder par sa femme Grace. Cette sortie par la petite porte du dictateur le plus vieux au monde doit faire réfléchir d’autres despotes qui, partout en Afrique, manipulent les Constitutions et les élections pour se maintenir au pouvoir à vie.
Depuis le «printemps arabe », qui a emporté les présidents Tunisien, Libyen et Egyptien, les temps ont été un peu durs pour les « hommes forts » africains. Blaise Compaoré, qui avait dirigé le Burkina Faso depuis l’assassinat de Thomas Sankara en 1987, a été chassé du pouvoir par une insurrection massive en 2014.
En 2016, c’est Yahya Jammeh qui a miraculeusement perdu les élections en Gambie, après 22 ans de règne. Celui qui jurait de diriger la Gambie pendant « un milliard d’années » a, comme il fallait s’y attendre, refusé de quitter le pouvoir après sa défaite, jusqu’à ce qu’il soit contraint de se refugier en Guinée équatoriale grâce à une menace d’intervention armée des pays de la CEDEAO.
L’année 2017 finit en emportant Robert Mugabe. La question que beaucoup d’Africains se posent maintenant est : qui sera le prochain dictateur à tomber ?
Yoweri Museveni, l’autre Mugabe ?
En effet, le président ougandais Yoweri Museveni de l’Ouganda est pressenti comme le prochain dictateur à tomber. Il y a beaucoup de similitudes entre Mugabe et Museveni. Tous les deux sont des anciens chefs rebelles, et tous, malgré des élections régulières et un semblant de multipartisme dans leurs pays respectifs, ils ont bâti leurs régimes sur des dictatures militaires.
Comme Mugabe, Museveni, au pouvoir depuis 1986, veut y rester toute sa vie. En 2005, il a fait amender la Constitution pour faire supprimer les limites de mandats, ce qui lui a permis de se faire réélire jusqu’à aujourd’hui. Mais la limite d’Age de 75 ans lui interdit de se faire réélire à la fin de son mandat actuel en 2021 parce qu’il aura 76 ans.
Maintenant certains députés de son partis sont en train de tenter de modifier la Constitution pour lever cette limite d’âge, et il n’y a aucun doute que Museveni est derrière leurs manœuvres.
En plus, comme Mugabe, Museveni veut léguer le pouvoir aux membres de sa famille, notamment à son fils.
Et les Ougandais sont peut-être autant fatigués de Museveni que les Zimbabwéens de Mugabe. D’après une enquête citée par le journal kenyan The East African, 74% des Ougandais ne veulent pas que Museveni brigue d’autres mandats.
Il reste à savoir jusqu’où cette majorité est prête à aller pour dire à Museveni : stop !