Si le Premier ministre Boubou Cissé a dit au haut et fort à tous les Maliens qu’il n’était pas « un Messie » dès l’annonce de sa nomination, tout porte à croire aujourd’hui qu’il a aussi manqué de précision en disant aux Maliens qu’il est un chef de gouvernement qui marche à reculons.
Pour preuve, en plus de capituler face aux problèmes du pays, nés avant son arrivée à la Primature, Boubou Cissé a aussi fabriqué ses propres marques en mettant l’essence et le feu sur ce qui restait encore à sauver des meubles de l’Etat malien.
Son faux pas dans la crise de l’école malienne, son manque de vigilance dans l’affaire de l’acquisition très fumeuse des « blindés » de l’armée et son supposé parti pris dans la crise intercommunautaire au centre du Mali font aujourd’hui de lui un moteur fatigué, qui doit être déposé rapidement dans les garages.
« Je ne suis pas un Messie, mais je suis et je serais un serviteur de l’État au service du gouvernement, du peuple et animé d’un profond désir de pouvoir répondre aux attentes et aux aspirations de ce peuple-là. Et cela dans la limite de nos possibilités et surtout dans un langage de vérité ». C’est par ces mots que le nouveau chef du gouvernement, Boubou Cissé, s’était illustré le 22 avril 2019, à la faveur de la passation de service avec son prédécesseur, Soumeylou
Boubèye Maïga.
Au moment des faits, il a fait susciter beaucoup d’espoir auprès des Maliens qui avaient cru en son esprit jeune et en ses pieds assez solides pour aller éteindre tous les feux dormants de par le Mali. Mais, qu’a-t-il fait de ce grand espoir placé en lui ? Sans doute, la solidité de ses jeunes pieds lui a coûté un fort soupçon de parti pris dans la gestion du conflit intercommunautaire au centre du Mali. Aujourd’hui, à tort ou à raison, Boubou Cissé a cessé d’être un chef de gouvernement crédible auprès des acteurs de cette crise. Et cela, dans la résolution d’une crise où aucune ombre de doute ne devrait exister sur son impartialité. En plus de la méfiance pointue entre les acteurs de cette crise entre eux, Boubou Cissé a aussi créé le doute entre l’Etat (le seul arbitre de la crise) et certains acteurs de la crise. En témoigne les barrières lui obstruant la voie lors de sa dernière visite au centre du pays par certains acteurs de la crise.
Que dire l’affaire des blindés de type Typhon Mrap acquis par le Mali et que l’armée malienne n’a pas accepté de réceptionner, car incapables de résister à une attaque à la mine, selon le ministre malien de la défense, Dahirou Dembélé.
Ces blindés de la « discorde » sont au nombre de 15. Ils ne correspondent pas aux caractéristiques des engins commandés par le gouvernement malien avec les Emirats arabes unis. Pourtant, ils ont été négociés sous la conduite de Boubou Cissé. Car, il nous revient que les négociations et les contrats ont été supervisés par le Premier ministre Boubou Cissé en personne et assisté par l’ambassadeur du Mali aux Émirats arabes unis, Boukary Sidibé alias Kolon. Que s’est-il passé ? Comment un Premier ministre que tout le monde croyait être au-dessus de tout soupçon en termes de transparence peut-il se permettre une telle légèreté au fond très douteux ? Le communiqué du ministère en charge de la Défense fait foi de sa non-consultation dans cette affaire. Et pour quelle raison ? Seul Boubou Cissé est capable d’éclairer les Maliens.
Et le cas de la crise scolaire ? Encore sur ce sujet très brûlant de l’actualité malienne, le Premier ministre, Boubou Cissé a encore fauté. En réalité, il ne fait que récolter ce qu’il a lui-même semé.
Pour rappel, c’est sous sa conduite que le gouvernement du Mali a commis l’erreur du siècle lors de l’attribution d’un statut autonome aux enseignants en mentionnant dans l’article 39 de la Loi n°2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant que « toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale ». Et cela, malgré qu’il ait cautionné le statut particulier des enseignants. Par l’imprudence qui caractérise sa gestion, il prive aujourd’hui tous les enfants du Mali de leur droit à l’éducation. Et au lieu de faire profil bas pour décanter la situation qui ne plaide aucunement en sa faveur, il préfère jouer au gros cœur en multipliant menaces et sanctions. C’est dire que le bateau de Boubou Cissé a accosté sur un quai dangereux. Il faut donc changer de capitaine pour repartir vers de nouveaux horizons plus meilleurs. La poudre de perlimpinpin des marabouts de Mopti semble le quitter !
Moussa Koné
Source: la Lettre du Peuple- Mali