Kalfa Sanogo, Moustapha Dicko et Dramane Dembelé ont décidé de suspendre leur participation au processus de désignation du candidat de l’Adema à l’élection présidentielle de 2018. La raison de leur colère: la tentative de désignation de l’ancien président Dioncounda Traoré comme candidat du parti. Selon eux, l’ancien président de la République du Mali par intérim n’aurait pas encore fini de payer envers IBK sa dette morale et politique.
« Le grand frère Dioncounda n’est donc pas partant ; il l’a réaffirmé à plus d’un camarade. La stratégie est claire : le désigner coûte que coûte pour constater plus tard qu’il n’a pas accédé à la demande expresse de la majorité des membres des sections ou qu’il s’est désisté, en faveur d’IBK », souligne le communiqué diffusé à Sikasso le 20 mars par les trois candidats à la candidature du parti.
Pour les trois candidats, ce qui se trame à l’Adema est contraire à l’esprit de la 15è conférence nationale du parti tenue le 25 mars 2017. « La mascarade est trop grosse et c’est pourquoi, pour ne pas la cautionner, les camarades Moustapha Dicko, Dramane et moi-même avons décidé de suspendre notre participation au processus actuel de désignation du candidat du parti à l’élection présidentielle de 2018 », poursuit le communiqué.
La 15è conférence du parti avait adopté des recommandations invitant le Comité exécutif (CE) à préparer les prochaines échéances électorales. Entre autres, il devait veiller à préserver jalousement le leadership du parti au niveau local, régional et national. Par la même veine, le C.E. était censé engager dans les meilleurs délais le processus de choix du candidat du parti à l’élection présidentielle de 1018.
Premier hiatus, selon les trois candidats, le C.E se devait de mettre en œuvre ces recommandations plus tôt pour que le candidat du parti soit investi 12 mois avant l’élection présidentielle. «Tout le monde a suivi les manœuvres dilatoires déployées, depuis la conférence nationale par les premiers responsables du parti pour retarder, à défaut d’empêcher l’exécution de ces recommandations », observe le communiqué de Sikasso.
Et la même source dénonce l’engagement de « ces responsables, a l’insu de la majorité des membres »de l’organe de direction, à soutenir la candidature du Président sortant. Cet engagement les a emmenés à user de tous les moyens à cette fin. Mais la majorité des militants du parti ne démordait pas ; et elle a réussi par imposer l’application des textes régissant le parti lors de la réunion du 14 février 2018.
Par ailleurs, les pro-IBK ne désarmaient pas. Ainsi, estiment les signataires du communiqué de Sikasso, la candidature du camarade Dioncouda Traoré a été la trouvaille insidieuse de leurs adversaires pour amener le parti à soutenir la candidature du président Ibrahim Boubacar Keïta ci celui-ci décidait de briguer un second mandat.
Hors, l’ancien président en personne, Dioncounda Traoré, a clairement dit qu’il ne se présentera pas contre le président Ibrahim Boubacar Keïta si celui-ci décidait de briguer un second mandat. « Cette décision du camarade Dioncouda Traoré est tout à fait compréhensible quand on sait toute la dette morale et politique qu’il doit à IBK. Pour ceux qui ne le savent pas, quand en 1995, nous avons frôlé un coup d’Etat et que le président Alpha Oumar Konaré a dû en catastrophe remplacer Dioncouda au ministère de la Défense par le camarade Boubacar Sada Sy, il a fallu l’insistance du Premier ministre IBK pour que le président Alpha accepte Dioncouda dans le gouvernement au poste du ministre Affaires étrangères », révèle le communiqué.
En suspendant leur participation au processus actuel de désignation du candidat à la présidentielle de 2018, les trois candidats disent vouloir prendre à témoin les militants de l’Adema. Ces militants tiennent à avoir un vrai candidat et non un candidat factice. « Au-delà du peuple Adema, c’est l’ensemble des Maliens qui attendent un changement radical de gouvernance », indiquent les signataires qui sont loin de dire leurs derniers mots. Ils promettent de faire savoir la suite de leur décision au peuple.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain