Longtemps présents au nord du Mali et bénéficiant parfois de la bienveillance des autorités de Bamako, des éléments du front Polisario semblent avoir joué un rôle crucial aux côtés des groupes armés lors des affrontements meurtriers des 17 et 21 mai ayant opposé ces derniers aux forces armées maliennes. En effet, huit mois après et à la suite des informations recueillies par des services de renseignement, les tireurs d’élite qui ont brisé la chaine de commandement de l’armée malienne en éliminant avec précision les chefs de troupe (le Colonel Fayçal) sont issus pour beaucoup des rangs des combattants Polisario.
Les derniers (une centaine) basés au nord du Mali, non loin de la frontière algérienne, sont dans une zone qui n’a jamais reçu une quelconque patrouille de l’armée malienne. On nous signale que même en temps de paix, les militaires ne font pas de patrouilles jusque dans ces confins.
Qui sont ces combattants Polisario qui écument le nord du Mali ?
L’installation de la première vague de Sahraouis au nord du Mali remonte dans les années 1990. A cette époque, il ne s’agissait que de quelques éléments qui s’interdisaient d’intervenir dans les rébellions touarègues ou d’entreprendre une quelconque action qui pourrait compromettre leur présence dans le septentrion de notre territoire. Après la dissolution en Algérie du Front islamique pour le salut (FIS) un parti politique d’obédience islamiste, certains radicaux de cette organisation vont rentrer dans le maquis pour fonder le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dont l’un des émirs, Abdelmalek Droukdal, alias Moussaab Abdel Ouadoud, un ancien électronicien, a prêté allégeance à Al Qaeda, offrant ainsi à cette organisation terroriste un ticket d’entrée au Maghreb et dans le Sahel en échange d’une assistance logistique.
Après son affiliation à Al Qaeda, ce mouvement terroriste devenu AQMI va recruter des jeunes venant de divers horizons, principalement certains désœuvrés du Polisario qui seront entrainés au maniement des armes à feu.
Ils participeront, aux côtés de leurs nouveaux chefs d’AQMI, au trafic d’armes et de drogue ainsi qu’à des prises d’otages. Ils rejoignirent en 2012 à la faveur de la crise sécuritaire du nord différents mouvements narcoterroristes ( Ansar Eddine, MUJAO, AQMI à travers certaines de ses Katibas). Les rapports de certaines chancelleries occidentales avaient fait mention de la présence de nombreux combattants du Polisario au nord du Mali. Ces rapports fixaient leur nombre entre 300 et 400 combattants.
Après la guerre de libération lancée par l’armée malienne, la force Serval et les militaires africains, ils se sont retranchés dans l’extrême nord de Kidal, mais restaient très mobiles. Ils n’ont pas coupé le pont avec certains de ces groupes narcoterroristes et leur apportaient assistance chaque fois qu’ils se trouvaient en difficulté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, au mois de mai dernier, lorsque l’armée malienne a réussi à repousser les groupes armés de Kidal et à occuper le Gouvernorat, le HCUA, composé de jihadistes recyclés, a fait appel à des renforts.
Outre des jihadistes proches de l’Algérien Bel Mokhtar, beaucoup de combattants Polisario sont intervenus dans les combats. Munis de fusils de très longue portée, notamment des Dragunov de fabrication russe, ils parviennent à briser la chaine de commandement de l’armée. Les chefs de troupe, qui étaient dans leur viseur, sont tués.
L’un des lieutenants du Général Aladji Gamou, à savoir le Colonel Fayçal, a été la cible de l’un de ces tireurs d’élite qui avait dans son collimateur Gamou.
Les combattants du Polisario sont toujours présents au nord et combattent avec des narcoterroristes venus d’ailleurs aux côtés du HCUA qui constitue, actuellement sur le terrain, une véritable force dont les ficelles sont tirées par Iyad Ag Ghaly, Cheick Haoussa et les frères Intallah.
Abdoulaye DIARRA